Deux ans après les émeutes dans la région autonome du Xinjiang en Chine, l'atmosphère est toujours tendue.

Le Xinjiang est le foyer de la minorité ethnique ouïgoure. Le 5 Juillet 2009, les forces de sécurité chinoise ont réprimé des manifestations ouïgoures dans la capitale d'Urumqi. Les Ouïghours réclamaient justice pour les ouvriers d'usine tués lors d’un combat avec les Chinois Han, en juin. La situation s’était rapidement transformée en émeute ethnique à grande échelle.

Une vague de répression a suivi, avec l'arrestation de nombreux Ouïgours.

Sarah Cook, maître de recherche spécialisée dans les questions asiatiques, à Freedom House, a expliqué: «Certains ont été condamnés à des peines de prison très sévères et même exécutés, et il y a encore beaucoup d’autres personnes dont nous ignorons ce qu'elles sont devenues».

Après les manifestations, Internet a été fermé pendant presque un an dans le Xinjiang, ce qui a rendu difficile l’obtention d’informations provenant de la région.

Amnesty International a signalé le cas d'un journaliste ouïghour, Hairat Niyaz, qui purge une peine de prison de 15 ans pour avoir parlé aux médias étrangers au sujet des manifestations de 2009.

Toutefois, certains rapports ont refait surface pendant la période précédant l'anniversaire.

«Il y a eu également des rapports concernant des véhicules blindés dans la rue et une présence policière renforcée avant la date anniversaire.... Il y a un réel sentiment d’une surveillance pour savoir qui parle à qui, et qui fait quoi», a ajouté Sarah Cook.

Les Ouïgours vivants à l'étranger ont également été réprimés. Le site Web du World Uyghur Congress  a été soumis à des cyber-attaques depuis la semaine dernière et est toujours hors ligne.

Alim Seytoff, du World Uyghur Congress a déclaré : «Les pirates informatiques chinois ont essentiellement piraté le site web du World Uyghur Congress et l’ont rendu dysfonctionnel. Alors nous avons dû déplacer une partie du contenu, en particulier les annonces de manifestations, du site web du World Uyghur Congress vers le site Uyghur American Association».

Le World Uyghur Congress pense que le régime chinois est derrière ces attaques informatiques.

 Alim Seytoff a précisé: «Même si certains pirates informatiques ont pu travailler individuellement, ils le font avec les encouragements du gouvernement. Si c'est le gouvernement chinois, alors ce n’est pas surprenant, puisqu’il a piraté de nombreuses entreprises comme Google et même le Pentagone».

Le bureau allemand de l'organisation a également dit à NTD au téléphone qu'ils avaient reçu des appels téléphoniques anonymes continuels pendant la période de l'anniversaire, bloquant la plupart de leurs communications.

Depuis les manifestations de 2009, les autorités chinoises disent qu'elles se sont préoccupées de relancer l'économie dans le Xinjiang en créant des emplois, surtout pour les Ouïgours. Pourtant, Freedom House estime qu'elles sont réticentes à aborder la véritable question : la répression de la liberté culturelle et religieuse de la minorité ouïgoure.

Sarah Cook, maître de recherche spécialisée dans les questions asiatiques, à Freedom House a précisé: «On a le sentiment qu'ils ne sont pas vraiment prêts à faire face à la racine de la cause, qui à certains égards, est en fait une réaction violente et un ressentiment contre certaines des politiques culturelles et religieuses répressives que les autorités chinoises ont mis en place. Tout cela est encore en place et peut même avoir empiré : je veux dire des situations où, même pendant le ramadan, les restaurants ont été contraints de rester ouverts, ce qui viole vraiment certaines des croyances fondamentales de la foi musulmane et qui attisent beaucoup de ressentiment».

La région du Xinjiang, connue pour avoir une population importante de Ouïgours comme le Turkestan oriental, représente un sixième de la masse territoriale de la Chine et a une richesse en matière première importante comme l'huile, le gaz et des gisements de charbon.

Pour avoir accès à cette information en vidéo: http://fr.ntdtv.com/ntdtv_fra/actualite/2011-07-22/880518680451.html