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États fragiles – les plus démunis, mais aussi les plus difficiles à gérer

Écrit par IRIN News
12.07.2011
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  • le parc national Massai Mara au Kenya(Staff: ROBERTO SCHMIDT / 2008 AFP)

LONDRES – «Lorsqu’on qualifie un État de fragile, il faut considérer cela comme une métaphore», explique Dan Smith, secrétaire général d’International Alert. «Cela signifie “casse facilement, à manipuler avec précaution”. Consacrer beaucoup d’argent au problème risque de faire autant de mal que de bien.»

Comme tant d’autres membres de la communauté humanitaire, académique et politique, Dan Smith continue de tenter de tirer au clair les conséquences de la révision de la politique humanitaire britannique : en vertu de cette révision, l’aide humanitaire internationale doit être recadrée, mais ne fait l’objet d’aucune compression budgétaire, conformément à l’engagement pris par le gouvernement. D’ici à 2014, 30 % de l’aide sera destinée aux pays instables et aux pays frappés par la guerre.

Cette politique jouit d’un soutien général au sein des différents partis. Le 28 juin, lors d’une réunion publique de la Chambre des Communes, les représentants politiques ont approuvé cette décision, chacun pour diverses raisons.

Selon Mark Pritchard, député conservateur, les pays touchés par les conflits sont un terreau fertile pour le terrorisme et bon nombre de leurs ressortissants deviennent réfugiés, autant d’arguments pratiques en faveur d’un recentrage de l’aide sur ces pays. «Ce qui se passe là-bas nous touche ici. Nous avons vu ce qui se passe lorsqu’un État fragile s’effondre.» En outre, l’instabilité n’est pas bonne pour les affaires, a fait remarquer M. Pritchard, citant le Kenya, où le tourisme a chuté de 23 % cette dernière année. «Nous devons nous intéresser avant tout à la résolution post-conflit parce que le secteur privé hésite à s’engager dans ces pays.»

Jack McConnell, député travailliste et président du groupe de travail formé par son parti sur les conflits et le développement, a observé que les pays fragiles et les pays frappés par les conflits rassemblaient un tiers des personnes vivant en deçà du seuil de pauvreté et la moitié des enfants morts avant l’âge de cinq ans. «Nous devrions en faire davantage», a-t-il dit. «C’est important pour la sécurité mondiale, mais c’est aussi crucial pour la justice mondiale.»

Légitimité

Se contenter d’accorder des fonds à ces gouvernements n’implique pas nécessairement que ceux-ci se montreront à la hauteur, a néanmoins averti M. McConnell. «Je pense que dans la plupart des cas, l’hypothèse selon laquelle une aide budgétaire permet, avec un peu d’encouragement, la création de mécanismes de gestion des finances publiques […] s’est avérée fausse», a-t-il dit. «Certes, il est plus intéressant pour les politiciens d’allouer des fonds aux grands programmes de santé ou aux grands programmes éducatifs […] et cela peut leur permettre de faire la une des journaux […] ; toutefois, je pense que les principaux bailleurs de fonds doivent commencer à réclamer comme condition préalable à l’octroi d’une aide budgétaire que les fonds soient consacrés à la création de véritables systèmes de gestion des finances publiques, de véritables systèmes fiscaux, de systèmes de finance et de fonction publique transparents, etc.»

Pour Joanna Wheeler, de l’Institute of Development Studies, l’on s’intéresse trop à la construction de l’État et aux institutions, et pas assez au renforcement du type d’engagement citoyen qui permet de créer une légitimité. Si les institutions publiques ne sont pas capables de distribuer l’aide efficacement, a-t-elle dit, «on risque en réalité de ne rien faire de plus que soutenir la corruption. Et c’est précisément pour cela que nous devons envisager la capacité des citoyens à demander des comptes à ces États, parce que ce sera l’antidote à la corruption dans ces pays.»

Un avis que partage M. Smith. «Nous nous sommes intéressés aux pays qui avaient su se tirer d’une situation d’instabilité profonde […] leur point commun, c’est qu’ils ont tous réussi à se doter d’institutions légitimes, et que ces institutions légitimes ont essentiellement été créées avec la participation des citoyens.»

M. Smith a également évoqué le manque de confiance des populations envers leurs gouvernements, citant en exemple l’histoire de ces villageois mozambicains qui avaient refusé de se fier aux alertes officielles aux crues car les fourmis dont le comportement annonçait habituellement les crues n’avaient pas commencé à se déplacer. «En fin de compte, entre faire confiance au gouvernement et faire confiance aux fourmis, ils ont choisi les fourmis. Tout ce que nous demandons, et tout ce que nous nous efforçons d’assurer, c’est qu’ils aient des gouvernements auxquels ils fassent plus confiance qu’aux insectes.»

«Il arrivera, dans les pays en développement, que des politiciens fassent des erreurs, pas uniquement pour des raisons de corruption, mais tout simplement parce que parfois, ils se trompent… Alors, je pense que nous devons trouver un moyen de communiquer la complexité de la question, et être conscients que les gens ne vont pas réussir à chaque fois. Mais cela ne devrait pas nous empêcher de tenter de les aider», a ajouté M. McConnell.

Source : IRIN News

 

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