Dans le cadre de sa stratégie visant à faire de la Russie «la puissance principale de l’Arctique» d’ici 2020, le Kremlin a fait savoir récemment qu’il comptait saisir l’ONU dès l’an prochain, afin d’élargir les frontières de la Russie dans l’Arctique. Cette région riche en hydrocarbures fait l’objet de toutes les convoitises. La Russie entend donc prouver scientifiquement d’ici 2012 que la dorsale de Lomonossov, ainsi que celle de Mendeleïev, constituent des extensions de son plateau continental. Seulement, le Canada et le Groenland se disputent également la chaîne de montagnes sous-marines.

Selon les géologues de l’Institut de surveillance géologique des États-Unis, l’Arctique est susceptible de contenir 13 % du pétrole et 30 % du gaz naturel non découverts dans le monde. Mais ces mêmes experts estiment que sous l’effet du réchauffement climatique, le minerai et les hydrocarbures présents dans cette région pourraient devenir exploitables dans un avenir proche. Les cinq États riverains de l’Arctique, à savoir les États-Unis, la Russie, le Canada, la Norvège et le Danemark, sont donc engagés dans une course aux revendications territoriales dans cette zone.

L’arbitrage sur ces questions incombe à la Commission des limites du plateau continental de l’ONU. Selon la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, adoptée le 10 décembre 1982, un pays disposant d’une façade maritime peut étendre ses droits pour l’exploitation des ressources naturelles, minérales, énergétiques et biologiques de 200 miles à 350 miles, si et seulement si ce pays est en mesure de prouver que cette extension constitue une «prolongation naturelle» de son plateau continental. Or, par la déclaration d’Ilulissat du 29 mai 2008, les pays riverains de l’Arctique se sont engagés dans le cadre de leur coopération au sein du Conseil de l’Arctique à respecter les principes du droit international pour la définition et la négociation des limites des plateaux continentaux.

Dans cet objectif, le navire scientifique Akademik Fedorov partira dans quelques jours pour une nouvelle expédition afin de fixer au niveau juridique la frontière extérieure du plateau continental de la Russie. La dorsale Lomonossov s’étendant du Groenland à la Sibérie et la dorsale Mendeleïev, de la Sibérie au centre de l’Océan arctique, la Russie aurait alors le droit de développer les gisements de pétrole et de gaz dans le triangle reliant Tchoukotka, Mourmansk et le Pôle Nord. Depuis août 2007, Moscou affiche clairement ses revendications territoriales. Dépôts d’un drapeau russe au fond de l’océan Arctique, déclarations fracassantes quant au risque de guerre pour l’accès aux ressources et la reprise des manœuvres militaires russes dans la région, les revendications territoriales de ces pays riverains se sont exacerbées. En 2007, le Danemark avait également lancé une expédition scientifique pour vérifier si la dorsale de Lomonossov était une extension du plateau continental du Groenland. Au même moment, les États-Unis ont dépêché un brise-glace dans la région pour cartographier leur plateau continental sous-marin.

Il y a deux semaines, le premier ministre russe, Vladimir Poutine, déclarait que la Russie demeurait «ouverte au dialogue» avec ses voisins, mais qu’elle défendrait «vigoureusement et avec persistance» ses intérêts dans la région. En effet, le gouvernement russe compte transformer l’Arctique en base de ressource pour la Russie du XXIe siècle. En 2008, le président Dimitri Medvedev affirmait déjà que sa «première et plus importante tâche était d’assurer la défense de nos intérêts nationaux dans la région».

Selon la Convention de l’ONU sur le droit de la mer, un pays, une fois qu’il a ratifié cette convention, a dix ans pour déposer ses revendications sur les fonds marins, au-delà de sa zone des 200 miles marins.

Sources : Libération, Voix de la Russie, Radio-Canada

Source :  Affaires-stratégiques.info