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Grèce: vers une sortie de la zone euro?

Écrit par Charles Callewaert, La Grande Epoque
20.07.2011
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  • La crise grecque, bien plus qu'une histoire de monnaie, une histoire de (Staff: Chris Hondros / 2010 Getty Images)

Après plusieurs jours d’intenses négociations, les 17 chefs d’État et de gouvernement de la zone euro se sont enfin entendus sur la date du 21 juillet prochain pour un sommet consacré à la Grèce. Cette décision fait également suite à la dégradation cette semaine des notes de la Grèce et de l’Irlande par les agences de notation, puis à l’envolée des taux des obligations espagnoles et italiennes, qui sont autant de signes d’un risque imminent de contagion. Au delà du cas grec, c’est donc la stabilité de la zone euro dans son ensemble qui est menacée.

Le communiqué du président du Conseil européen, Herman Von Rumpuy, précise que l’agenda de cette réunion sera «la stabilité financière de l’ensemble de la zone euro et le futur financement du programme grec», qui est évalué à 110 milliards d’euros. Mais Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, a aussitôt réagi en annonçant que «ce n’est pas une rencontre en soi qui aidera la Grèce, c’est un nouveau programme». Cette mise au point témoigne de la tension entre les deux fronts de la zone euro sur les décisions à prendre, et des difficultés que les ministres des Finances rencontreront d’ici à jeudi pour parvenir à un accord.

Avec 350 milliards d’euros de dette, représentant plus de 150% de son PIB, les finances de la Grèce sont dans une situation dramatique. Par ailleurs, le second plan de rigueur, qui a été voté le 30 juin dernier sous la menace d’un blocage des aides du FMI, risque d’aggraver la récession de l’économie du pays qui était de 4,5% en 2010, et d’accroître son déficit budgétaire, lequel est évalué à 12%. La situation en Grèce est telle que le ministre des Finances Evangélos Vénizélos a tenté de rassurer ses concitoyens en évoquant la possibilité d’un classement du pays dans la catégorie «défaut partiel» et en les appelant à la «discipline, au calme et à la dignité».

Les pays d’Europe du nord et du sud s’opposent

Les discussions au sein de la zone euro opposent deux groupes de pays. D’un côté, les pays du sud, Grèce, Espagne, Portugal, Italie, qui ont en commun une dette colossale et un déficit commercial croissant vis à vis de l’Allemagne, sont soutenus par la France qui prône un rééchelonnement de la dette grecque avec l’aide volontaire des banques privées. Ces dernières sont encouragées à accepter d’échanger leurs obligations arrivant à échéance contre d’autres obligations à plus longue échéance, ce qui est synonyme de défaut partiel pour les agences de notation. Cette position, qui fait à nouveau le pari de la solidarité au sein de l’Eurozone, risque cependant de passer pour un nouveau ballon d’oxygène à un pays impuissant à redresser son économie, c’est-à-dire à retarder une échéance inéluctable.

De l’autre, les pays d’Europe du nord, Pays-Bas, Autriche, Finlande, sont soutenus par l’Allemagne. Portés par leurs succès commerciaux suite aux rigueurs budgétaires qu’ils se sont imposées au début des années 2000, et convaincus d’avoir en face d’eux des cigales incapables de gérer leurs budgets, ceux-ci sont partisans d’une ligne plus ferme et n’hésitent plus à avancer l’idée d’une sortie de la zone euro pour éviter une faillite de la Grèce et une contagion à l’ensemble de l’Eurozone.

L’économiste allemand Hans-Werner Sinn, président de l’institut de conjoncture IFO, très actif dans la défense de cette idée, prône en effet que revenir pour un temps à la monnaie grecque en décidant d’une dévaluation immédiate de 20% à 30%, est le moyen le plus rapide pour la Grèce de retrouver la compétitivité commerciale, même si cela suppose une restructuration de la dette grecque, donc des pertes énormes pour les créanciers. Il souligne aussi que cette mesure aurait un effet social bien meilleur qu’une baisse des salaires et des prix de 30%, comme cela risque de se produire si la Grèce reste dans la zone euro, en rappelant que l’Allemagne, qui ne pouvait pas dévaluer sa monnaie dans les années 1930, a connu pareille situation et que celle-ci fut la cause principale de la montée du nazisme.

La crise grecque est symptomatique des défauts et limites de la construction européenne, brouillonne et sans réelle ambition politique ni économique. Le paroxysme atteint ces dernières semaines sur les marchés financiers comme dans les rues d’Athènes témoigne de l’urgence d’une vision rassurante, claire et centrée sur le long terme. Ou bien l’Europe se décide enfin à unifier ses politiques économiques, budgétaires, fiscales et sociales, ou bien elle n’aura d’autre solution que se couper les doigts les uns après les autres afin d’éviter la gangrène.

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