Afghanistan: le pire endroit pour être mère

Écrit par IRIN News
20.07.2011

  • Une femme et son enfant attendent pour rencontrer un médecin(Staff: Paula Bronstein / 2011 Getty Images)

KABOUL – Les autorités s’efforcent d’améliorer les conditions de santé des femmes en Afghanistan, où les indicateurs relatifs à la mortalité maternelle et à l’espérance de vie des femmes sont les plus mauvais du monde, selon un rapport publié dernièrement.

Selon le Rapport 2011 sur la situation des mères dans le monde, publié le 24 juin par l’organisation non gouvernementale (ONG) Save the Children, une cinquantaine de femmes meurent en couches chaque jour en Afghanistan. Une femme sur trois est victime de violences physiques ou sexuelles, et l’espérance de vie moyenne des femmes est de 44 ans.

Toujours d’après le rapport, plus de 85 % des femmes afghanes sont illettrées, et 70 % des filles en âge d’être scolarisées ne le sont pas pour diverses raisons : notamment parce qu’elles vivent dans des régions où règne l’insécurité, parce que leurs parents sont conservateurs ou parce qu’elles craignent pour leur vie.

Au vu de l’ensemble des indicateurs, «l’Afghanistan est le pays le moins propice» à la maternité, conclut le rapport, qui porte sur 164 pays. Les enfants d’Afghanistan, tout comme ceux d’Afrique subsaharienne, sont également les plus exposés du monde au risque de décès. Un enfant sur cinq meurt avant l’âge de cinq ans, selon le rapport, ce qui signifie que «toutes les mères d’Afghanistan sont susceptibles de perdre un de leurs enfants.»

«En dépit des améliorations et des progrès réalisés, nous demeurons extrêmement préoccupés par la mortalité maternelle en Afghanistan», a déclaré à IRIN Kargar Norughli, porte-parole du ministère de la Santé. La «lutte contre la mortalité et la morbidité maternelles» compte donc parmi «les principales priorités» du ministère.

La formation de personnel qualifié pour l’accouchement fait partie des stratégies adoptées à cet effet. «Le pays avance rapidement dans la bonne direction, mais [il] faudra du temps pour créer une base de ressources humaines optimale afin de satisfaire la demande en assistantes qualifiées pour assurer que chaque grossesse et chaque accouchement fassent l’objet de soins adaptés, opportuns et équitables», a déclaré Tahir Ghaznavi du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA).

Quelque 750 sages-femmes professionnelles sont diplômées chaque année après 24 mois de formation et ce nombre devrait être porté à 800 en 2012. «Si l’on tient compte du nombre de sages-femmes qui seront diplômées en 2011, 2012 et 2013, quelque 2300 sages-femmes devraient décrocher leur diplôme pour rejoindre les sages-femmes actuelles», a dit M. Ghaznavi à IRIN.

Des cliniques trop éloignées

D’après M. Norughli, du ministère de la Santé, le problème réside en partie en ce que 85 % de la population vit à trois ou quatre heures de route du centre de santé le plus proche ; 35 % vivent trop loin des centres de santé, ou n’ont pas accès aux centres de santé du tout.

En outre, les communautés sont souvent peu sensibilisées à l’importance des soins maternels, en particulier dans les régions rurales ; les centres médicaux font également défaut dans les régions reculées du pays, et les routes et les moyens de transport sont en mauvais état.

L’Afghanistan est un pays montagneux et enclavé où, dans certaines régions, il faut une journée entière pour se rendre d’un district à l’autre à pied, à cheval ou à dos d’âne.

Selon Save the Children, seuls 14 % des accouchements ont lieu en présence d'une assistante professionnelle. La plupart des femmes accouchent chez elles sans aucune aide (leurs maris sont réticents à les emmener chez une assistante professionnelle) ou meurent en chemin, avant d'arriver au centre de santé.

«La tradition ancestrale qui consiste à accoucher en présence d’une personne âgée, sans instruction, ni formation professionnelle est encore respectée par une bonne partie de la population, dans certaines régions reculées d’Afghanistan», peut-on lire dans le rapport.

Source : IRIN News