La guerre aux stupéfiants est un «échec»

Écrit par Jack Phillips, La Grande Epoque
08.07.2011

  • Un jeune homme fume un joint géant. (AFP/Getty Images/Ronaldo Schemidt)(Stringer: AFP / 2011 AFP)

  Une commission internationale juge que la guerre contre les stupéfiants est un échec complet et affirme que les pays qui mènent des politiques axées sur la répression devraient légaliser la marijuana et d'autres drogues afin d'affaiblir le crime organisé.

Dans un rapport publié le 2 juin, la Global Commission on Drug Policy plaide qu'une nouvelle approche doit être adoptée afin de réduire le nombre de consommateurs de drogues illicites plutôt que de les mettre en prison.

En particulier, les cartels de drogue et les groupes criminels devraient être ciblés par les agences d'application de la loi afin d'étouffer le trafic à la source plutôt que de se concentrer sur les auteurs d'infractions liées aux drogues, indique le rapport.

«La guerre internationale contre la drogue a échoué, avec des conséquences dévastatrices pour les individus et les sociétés à travers le monde», mentionne le rapport de 24 pages.

«Cinquante ans après la ratification de la Convention unique sur les stupéfiants de l'ONU et 40 ans après le début de la guerre aux stupéfiants lancée par le président américain Nixon, il y a un besoin urgent de réformer fondamentalement les politiques nationales et internationales de contrôle des stupéfiants», ajoute le rapport.

La commission se décrit comme étant «le groupe le plus distingué de hauts dirigeants à faire appel à de tels changements». Ses membres incluent l'ancien président mexicain Ernesto Zedillo, l'ancien président brésilien Fernando Cardoso, l'ancien président colombien Cesar Gaviria, l'actuel Premier ministre grec George Papandreou et plusieurs autres.

Les milliards de dollars utilisés pour combattre les auteurs d'infractions liées aux drogues, les trafiquants et les producteurs «ont clairement échoué» à réduire l'approvisionnement et la consommation, indique le rapport. L'idée selon laquelle plus de maintien de l'ordre réduit la consommation de drogue est caduque, conclut le rapport.

Encore pire, les cartels ont largement pris contrôle de l'approvisionnement de certaines substances illicites et menacent désormais la démocratie elle-même en raison de la corruption et de la violence qu'ils génèrent.

Le rapport affirme également que les pays devraient assouplir les restrictions sur la marijuana et « mettre fin à la criminalisation, à la marginalisation et à la stigmatisation des gens qui consomment des drogues mais ne font de mal à personne».

Les gouvernements devraient plutôt considérer la légalisation, offrir des mesures de mitigation comme l'accès aux seringues stérilisées et se débarrasser des politiques de «tolérance zéro» pour les jeunes.

En réponse au rapport, l'organe américain responsable des politiques sur les stupéfiants – l'Office of National Drug Control Policy (ONDCP) – s'est défendu de faire face à un échec complet.

«Essentiellement, les efforts équilibrés de contrôle des stupéfiants font une grande différence», a indiqué l'ONDCP par voie de communiqué.

L'ONDCP a présenté plusieurs points qui visent à contredire les conclusions du rapport: la consommation de drogues illicites a été réduite de moitié depuis les années 1970, la consommation de cocaïne chez les jeunes adultes a été coupée de près de la moitié et la capacité potentielle de production de cocaïne de la Colombie a chuté de 61% de 2001 à 2009.

Au bout du compte, affirme l'ONCDP, «augmenter l'accessibilité aux stupéfiants, comme le suggère le rapport, augmentera la difficulté de garder nos communautés en santé et en sécurité».

Le rapport de la commission a été publié à un moment où le Mexique et l'Amérique centrale sont aux prises avec la violence extrême des cartels. Durant les quatre dernières années, plus de 40.000 personnes ont péri au Mexique dans la guerre que se mènent les cartels.