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Al-Assad faiblit, mais l'opposition syrienne n'est pas tangible

Écrit par Aron Lamm, La Grande Époque
15.08.2011
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  • Des soldats syriens revenant de Hama pour réprimer la population(Stringer: - / 2011 AFP)

Le Conseil de sécurité des Nations Unies s'est rencontré à nouveau la semaine dernière pour discuter de la situation qui se détériore en Syrie, après avoir émis une déclaration la semaine précédente condamnant le régime de Bashar Al-Assad pour ses attaques contre la population.

Dans une déclaration après la rencontre, le représentant syrien à l'ONU, Bashar Ja'afari, a affirmé que les autres représentants «trompent» le public concernant la «soi-disant situation en Syrie».

Ja'afari a aussi comparé les manifestants en Syrie avec les émeutiers au Royaume-Uni, une comparaison jugée «grotesque» par le représentant britannique Philip Parham.

Les responsables syriens ont tenté de dépeindre positivement la récente rencontre entre le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmed Davotoglu, et le président syrien et ont minimisé la déclaration «d'inquiétude grandissante» au sujet de la Syrie émise par le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al Arabi.

La déclaration de Ja'afari démontre l'isolation grandissante du régime Al-Assad et ses options qui deviennent de plus en plus limitées.

Bien que les membres du Conseil de sécurité ne s'entendent pas sur l'approche à adopter, alors que la Chine et la Russie s'opposent à l'adoption d'une position plus musclée, la communauté internationale se voit aussi confrontée à l'absence d'une opposition identifiable avec qui discuter.

«L'opposition syrienne est une boîte noire», estime Joshua Landis, directeur du Center for Middle East Studies et professeur agrégé de l'Université de l'Oklahoma.

Il dit que personne ne sait vraiment à quoi ressemble l'opposition syrienne, en raison de la sévère répression des 40 dernières années. M. Landis souligne la nature fragmentée de la nation syrienne –  composée de différentes religions, dénominations et ethnies – comme un facteur clé expliquant pourquoi la famille Al-Assad, appartenant à la minorité alaouite, peut gouverner le pays depuis des décennies.

Hozan Ibrahim, porte-parole du groupe d'opposition Comités de coordination locaux de Syrie, basé en Allemagne, admet que l'opposition est en effet mal organisée. Cependant, Ibrahim fait valoir qu'il s'agit en quelque sort d'une approche délibérée.

L'opposition souhaite voir un véritable soulèvement populaire et ne pas donner au régime une figure de proue qui pourrait devenir la cible des attaques du régime. Malgré leur réticence et leur manque d'organisation, Ibrahim explique qu'il y a trois choses sur lesquelles tous les éléments de l'opposition s'entendent : l'unité nationale, pas d'intervention militaire étrangère ainsi que les manifestations pacifiques.

«Les gens ont vu en Égypte et en Tunisie qu'il y a des moyens pacifiques et c'est pourquoi ils n'ont pas pris les armes», affirme-t-il en entrevue téléphonique.

L'absence d'une opposition clairement définie génère des inquiétudes au sein de la communauté internationale alors qu'un vide de pouvoir pourrait s'établir advenant la chute du régime Al-Assad. Ceci pourrait mener à des violences confessionnelles et peut-être même à une guerre civile pouvant déstabiliser toute la région.

L'Irak de l'après-Saddam Hussein est un scénario que tous veulent éviter. Ibrahim est d'avis que ces craintes ont été amplifiées par le régime, alors qu'il s'agit d'une des dernières cartes qu'il peut jouer pour tenter de garder ses citoyens en laisse. Il affirme que, depuis le début du soulèvement, il n'y a pas eu de violence confessionnelle, malgré certaines tentatives du régime d'inciter la haine ethnique et religieuse.

Toutefois, M. Landis est moins optimiste. Outre la longue histoire de division et de violence confessionnelle en Syrie, il affirme que le dossier d'autres pays aussi diversifiés dans la région n'augure pas bien pour la stabilité future. Seulement sous la dictature de dirigeants comme Saddam Hussein ou la famille Al-Assad la violence confessionnelle a-t-elle été mitigée.

«Peut-être les Syriens sont-ils magiques? Il est difficile d'imaginer [qu'il n'y aura pas de violence], mais des choses plus étranges encore se sont déjà produites», affirme M. Landis.

Il croit aussi que des potentiels chefs de l'opposition demeurent dans les coulisses. Cela est probablement davantage par nécessité que par choix, mais ils essaient de faire de leur mieux selon la situation.

«Ils ont essayé de vanter le fait de ne pas avoir de chef, et ceci est bien entendu mieux que s'ils étaient à se disputer le leadership.»

Alors pendant que la communauté internationale attend l'opposition qui, en revanche, attend la population, les Syriens périssent aux mains des forces de l'ordre chaque jour.

Ce qui est nouveau, c’est que le régime mène actuellement des opérations parallèles avec des milices dans plusieurs villes différentes, avec certaines activités rapportées dans les banlieues de Damas, selon des rapports qu'Ibrahim reçoit de Syrie.

Il déplore le fait que les médias grand public sont devenus blasés quand vient le temps de rapporter les tueries par le régime.

«Il est devenu “normal” que les gens se fassent tuer en Syrie, mais le meurtre n'est pas “normal”», souligne-t-il.

Version originale : No Horse to Back in Syria

 

 

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