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Assouplissement de la politique de l'enfant unique?

Écrit par Estelle Morgan et Gisela Sommer, La Grande Époque
03.08.2011
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  • Un homme accompagne deux enfants à Shanghai. (攝影: / 大紀元)

La province de Guangdong met la pression sur le régime central chinois pour que ce dernier assouplisse la politique de l'enfant unique afin de contrer les problèmes d'un rapide vieillissement de sa population et d'un déséquilibre des sexes qui résulte de trente années de contrôle forcé des naissances

L’amendement au texte de loi que la province propose permettrait aux couples d'avoir un deuxième enfant si l'un des conjoints est lui même enfant unique.

Le Guangdong est la province la plus peuplée de Chine. Pour Zhang Feng, directeur de la commission de la population et du planning familial, avec un taux de natalité moyen par femme de la province si bas – 1,7 pour les dix dernières années – la nouvelle politique n'impactera que très peu la croissance démographique globale. Zhang a déclaré au quotidien Southern Metropolis le 11 juillet à l'occasion de la Journée mondiale de la population, que sa province espère ainsi devenir une étude pilote pour une nouvelle politique.

Vieillissement de la population et déclin de la population active

Le dernier recensement de la population chinoise, en novembre 2010, a révélé de sérieux problèmes résultant de la politique de l'enfant unique, parmi lesquels la chute de la fertilité, un fort déséquilibre entre sexes et un vieillissement rapide d'une grande partie de la population.

Les plus de 60 ans et plus, qui représentaient 2,9% de la population en 2000, comptent pour 13,2% en 2010. Pour Nicholas Eberstadt, économiste politique et démographe, cela signifie que la Chine va vivre une explosion démographique des seniors au cours des vingt prochaines années. Dans le même temps la population active chinoise va décroître.

 «Le pic de la population active chinoise sera atteint en 2016 – autrement dit dans cinq ans – puis baissera d'1% par an d'ici à 2030.»

Avec la perspective d'une population active en déclin, Eberstadt conclut : «Maintenir la natalité [basse] des dernières années pourrait être une proposition de plus en plus contraire à l'intuition».

Le déséquilibre des sexes

Depuis 1980, le ratio homme-femme (RHF) a rapidement changé avec la mise en place de la politique de l'enfant unique.

Le recensement indiquait que le RHF était de 108,5 hommes pour 100 femmes en 1982, de 114,1 en 1990, de 119,3 en 2000 et depuis 2009 il stagne à un pic anormalement déséquilibré de 120 naissances de garçons pour 100 filles.  

Ce déséquilibre est la conséquence des avortements sélectifs. Dans la mesure où les familles ne sont autorisées à avoir qu'un enfant, beaucoup de femmes choisissent d'avorter les fœtus qu'elles portent, si c'est une fille, dans l'espoir d'avoir un garçon à la prochaine grossesse.

Pour Li Jianxin, professeur de sociologie à l'université de Pékin, en 2020 le nombre d'homme de 22 à 34 ans en âge de se marier surpassera de 26 millions le nombre de filles en âge de se marier. Li déclarait le 7 mars dans le quotidien Southern Metropolis, que même si le RHF revenait à un niveau normal maintenant, le phénomène de «pression du mariage» provoqué par le surplus de la population masculine en âge de se marier continuerait à empirer même après 2030.

La majorité de ses «hommes en trop» appartiennent souvent à des groupes sociaux défavorisés, peu instruits et économiquement faibles et marginalisés.

À mesure que cette frange masculine marginalisée croît, le risque d'une instabilité sociale fait de même. C'est particulièrement vrai lorsqu'il y a des incidents imprévus, comme des conflits civils, des conflits entre les autorités et le peuple ou dans les situations de chômage - ces «hommes en trop» deviennent facilement la principale source de «graves troubles sociaux», souligne M. Li.

Des voix contre la politique de l'enfant unique

Au cours des deux conférences – le Congrès National du Peuple et la Conférence Politique consultative chinoise – en mars 2011 de nombreux participants ont  proposé un assouplissement des règles du planning familial et une transition progressive vers une politique d'un deuxième enfant.

Selon l'édition du 29 mars 2010 du  magazine Caijing, certains ministères  mettraient en place une nouvelle politique «améliorée» du planning familial qui connaitraît une application dans les cinq provinces du Heilongjiang, Jilin, Liaoning, Jiangsu et Zhejiang. Par la suite, six autres provinces et grandes villes pourraient l'expérimenter, comme Pékin, Shanghai et Tianjin.

Un programme expérimental permettant aux familles d'avoir un deuxième enfant a déjà lieu dans le comté de Yicheng (province de Shanxi) depuis 1985

Vingt-cinq ans après le lancement du programme, le comté a vu sa population croître de 20,7%, taux inférieur à la moyenne nationale et son RHF est de 106, soit une proportion assez équilibrée.

La politique chinoise de l'enfant unique est critiquée comme étant cruelle et inhumaine. Outre les questions relatives au vieillissement de la population, au déclin de la population active et au déséquilibre des sexes, il y a également la question de la violence, les traumatismes et les souffrances infligées à des millions de femmes chinoises. Femmes sans Frontières affirme que le programme chinois du contrôle des naissances est appliqué par des mesures coercitives, dont l'avortement et la stérilisation forcée et cela parfois dans les circonstances les plus brutales. La politique donne aussi lieu à une foule d'autres atteintes aux droits humains, tel que le «génocide de genre»  et le suicide des femmes.  

«C'est un système de répression qui a traumatisé les femmes chinoises pendant trente ans... Nulle part dans le monde, une politique gouvernementale ne punit systématiquement, ni n'abuse  ou ne viole des femmes de cette façon extrême», constate Chris Smith, membre du Congrès lors d'un évènement qu'il a organisé le 24 septembre 2010 pour commémorer le 30e anniversaire du lancement de la politique de l'enfant unique en Chine.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.