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L’avenir sourit au «Smart Grid»

Écrit par Charles Callewaert, La Grande Epoque
30.08.2011
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La révolution qui se prépare dans l’électricité est globale: énergétique, industrielle et économique.

En cette période de risque de récession économique dans les pays occidentaux, où l’extrême volatilité des marchés financiers témoigne d’une perte de repères sans précédent depuis la crise de 1929, le secteur du Smart Grid apparaît comme une bouée pleine de promesses, tant elle semble correspondre aux besoins futurs de l’économie et à sa nécessaire transformation.

Les Smart Grids se sont fait connaître du grand public au travers des 250.000 compteurs électriques «Linky» qu’ERDF (la filiale d’EDF chargée de la gestion du réseau de distribution d’électricité) teste actuellement sur plusieurs régions. Ces nouveaux compteurs dits «intelligents» sont dotés de logiciels assurant le relevé des consommations, le changement de puissance et la mise en service à distance, ainsi que le suivi des consommations en temps réel et une mise en concurrence facilitée. Cette nouvelle génération de compteurs sera également capable d’alerter l’abonné en cas de dépassement des puissances souscrites, voire d’optimiser la gestion du contrat électrique en prenant la main sur le fonctionnement horaire des équipements domestiques comme le lave-linge, le lave-vaisselle, ou le rechargement de la batterie d’un véhicule électrique.

Une autre façon de consommer l’électricité

Parallèlement, côté fournisseur d’électricité, on en attend une baisse des coûts de gestion et des offres mieux adaptées aux profils de consommations de chaque abonné. À ceci s’ajoutera une meilleure réactivité du gestionnaire de réseau face aux pics de consommation, aux interconnexions transfrontalières et à la complexification des réseaux électriques. À ce sujet en effet, la croissance des énergies renouvelables, en particulier des productions éoliennes et photovoltaïques locales, entraîne une dissémination croissante des lieux de production, à laquelle s’ajoute le caractère aléatoire de la production, ce qui fragilise le réseau électrique s’il n’est pas lui-même pourvu de dispositifs de gestion plus intelligents, c’est-à-dire des Smart Grids.

Ainsi, au travers de ces nouveaux compteurs communiquant que perçoivent les abonnés, c’est en réalité toute l’architecture et le mode de gestion des réseaux de distribution d’électricité qui se trouvent révolutionnés, depuis la centrale jusqu’à l’équipement électrique. Et la CRE (Commission de Régulation de l’Electricité), qui a très tôt pris conscience de l’importance du sujet, fait de gros efforts pour informer le public et les professionnels*.

La politique énergétique des trois 20% d’ici à 2020

Les Smart Grids sont souvent présentés comme une conséquence des feuilles de route énergétiques de l’Europe pour 2020 et 2050. En effet pour faire face au changement climatique et à la raréfaction des énergies fossiles, l’Europe ambitionne d’ici à 2020 de réduire de 20% sa consommation d’énergie et ses émissions de gaz à effet de serre, et à assurer 20% de ses besoins par les énergies renouvelables. Par ailleurs, d’ici à 2050, elle s’est fixée pour objectif de décarboniser complètement son économie. Pour y arriver, il lui faudra changer son mode de production, mais surtout se doter des moyens lui permettant de maîtriser les consommations, d’où l’intérêt des compteurs intelligents. Mais les Smart Grids sont rapidement devenus prioritaires pour une autre raison, à savoir l’instabilité actuelle des réseaux électriques. Il suffit en effet de se rappeler les black-out survenus en Californie au début des années 2000, mais aussi cette soirée du 5 novembre 2006 en Europe où, à cause de la défaillance d’une ligne à haute tension en mer Baltique, les réseaux électriques européens ont tous subi des défaillances en l’espace de quelques secondes, et où l’Europe a failli se retrouver entièrement en situation de black-out électrique. Or sans électricité, la vie économique s’arrête entièrement, et la moindre défaillance d’un réseau peut se chiffrer en milliards d’euros de dommages immatériels.

Le marché européen du réseau électrique de la technologie de Smart Grid devrait connaître une importante croissance au cours de cinq années à venir, selon GTM Research. Dans son dernier rapport intitulé The Smart Grid in Europe 2012: Technologies, Market Forecasts and Utility Profiles, le cabinet de conseil prévoit que le marché européen du smart grid atteindra les 3,1 milliards d’euros en 2012, cette somme croissant de 120% par la suite pour atteindre 6,8 milliards d’euros en 2016. «L’engagement du consommateur est la variable clé du succès commercial du smart grid en Europe», souligne Geert-Jan van der Zanden, auteur du rapport.

La révolution qui se prépare dans l’électricité est globale. Elle est bien sûr énergétique, mais surtout industrielle et économique, car le montant des investissements à réaliser sur les réseaux est énorme: le seul remplacement des 35 millions de compteurs électriques des foyers français se monte à 4 milliards d’euros, et devrait mobiliser 5.000 techniciens d’ERDF pendant cinq à sept ans. Mais ce n’est que la partie visible et nationale d’un iceberg bien plus important à l’échelle de la planète, de l’ordre de 200 milliards d’euros par an pendant les dix ans à venir. Un marché qui concerne les fabricants de matériels électriques haute, moyenne et basse tension, mais aussi les fabricants de matériels de télécommunications, les fournisseurs de logiciels, les sociétés de services, et où la compétition sera mondiale. Les acteurs traditionnels de ces secteurs l’ont bien compris et commencent à multiplier les acquisitions de start-up spécialisées dans les Smart Grids. Avec des champions comme Schneider Electric, Legrand, Siemens, ABB, ou Atos-Origin, la France et l’Europe peuvent y jouer un rôle important.

Charles Callewaert

*www.smartgrids-cre.fr

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