La Grèce en défaut de paiement sur sa dette?

Écrit par Lauren Smith, la Grande Époque
14.09.2011

  • La commission du parlement grec a estimé que la dette était u00abhors de contrôle», selon les médias grecs. (Stringer: LOUISA GOULIAMAKI / 2011 AFP)

Les difficultés s’accumulent et les marchés restent pessimistes.

1,20 C’est le plafond de la parité du franc suisse face à l’euro défini par la Banque National Suisse le 6 septembre 2011 pour faire face à une perte de compétitivité de l’économie suisse à cause de la monnaie helvétique trop forte. Dès l’introduction de l’euro en 1999 jusqu’à la crise en 2008-2009, le franc suisse évoluait entre 1,45 et 1,65. Dans le contexte d’intensification de la crise de la dette souveraine, et plus particulièrement depuis début de l’année 2011, son appréciation s’est accentuée, le franc suisse étant considéré comme la valeur refuge au même titre que l’or.

Le deuxième plan d’aide européen à la Grèce d’un montant de 159 millions d’euros, entériné par l’Union européen le 21 juillet 2011, tarde à être ratifié par les Parlements respectifs de chaque Etat membre de la zone euro. Plusieurs pays européens doutent sur la capacité de la Grèce à tenir ses engagements de réformes et exigent des accords bilatéraux avec des garanties en cas de défaut de la Grèce.

L’engagement du secteur privé dans l’opération d’échanges de titres grecs devrait réduire les besoins de financement d’Athènes, mais  les marges de manœuvre des Grecs étant de plus en plus limités vue la situation économique et budgétaire du pays, on ne peut plus écarter un éventuelle défaut de la Grèce.

L’inspection des comptes publics grecs par les représentants de la Troïka Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire International a été interrompue début septembre, mais devrait reprendre sa mission «dans 10 jours», selon un porte-parole du ministère grec des finances. L’enjeu est de taille, car il s’agit d’un versement à mi-septembre de la sixième tranche (8 milliards d’euros) du premier prêt de 110 milliards d’euros accordé en mai 2010. «La mission a fait des avancées, mais a quitté temporairement Athènes afin de permettre aux autorités de finir le travail technique, parmi lesquels celui lié au budget 2012 et aux réformes structurelles visant à stimuler la croissance», selon un communiqué de l’Union européenne et du Fonds monétaire international.  

La crise tourne à la tragédie

La Grèce est dans sa troisième année de récession et les mauvaises nouvelles économiques et budgétaire s’accumulent: le PIB au 2 trimestre 2011 est ressorti à -7,3% sur un an et devrait poursuivre son recul à au moins -5% pour 2011, selon les prévisions du gouvernement grec, ce qui conduirait à un déficit de 8,8% du PIB fin 2011, contre une précédente estimation de 7,6%. Le taux de chômage a atteint 16% fin juin 2011 contre 11,6% en juin 2010. Le plan d’austérité provoque l’intensification de la récession et la colère sociale suite aux coupes sur les salaires et les nouvelles impositions de taxes.

Il y a eu du retard dans la mise en place des réformes prévues, dont certaines n’ont pas été concrétisées, les coupes budgétaires massives n’ont toujours pas eu lieu, la cession des actifs des sociétés publiques était insuffisante, et la dérive du déficit public par rapport aux objectifs s’amplifie. Plusieurs médias grecs ont révélé que, selon une commission parlementaire d’audit fiscal récemment créée, la dynamique de la dette grecque était «hors de contrôle». D’ailleurs, suite à ces révélations, Evángelos Venizélos, le ministre des finances grec, a admis que «la Grèce ne tiendra pas ses objectifs de réduction du déficit public en 2011 en raison de l'aggravation de la récession dans le pays».

La solidarité européenne mise à mal par la crise

Les inquiétudes sur la situation de la Grèce se sont intensifiées quand la Finlande a posé une condition préalable à sa participation au plan d'aide à la Grèce en exigeant le collatéral attaché aux prêts consentis. Helsinki et Athènes ont signé un accord bilatéral fin août. «La Grèce ferait un dépôt en liquide en Finlande et celui-ci serait investi. Avec les intérêts, la somme serait comparable à la partie finlandaise des prêts que la Grèce recevra du Fonds européen de stabilité financière, a déclaré Jutta Urpilainen, la ministre des finances finlandaise. D’autres pays ont emboîté le pas à la Finlande: les Pays-Bas, la Slovaquie et l’Autriche ont exigé des garanties en cas de défaut de la Grèce.

La contribution du  secteur privé  

Dans le programme d’échange volontaire des titres d’Etat grecs par les créanciers du secteur privé (le PSI - Private Sector Involvement) inclus dans le plan de sauvetage du pays adopté par l’Union européenne le 21 juillet, les détenteurs des titres devront accepter une perte de 21% sur leurs titres et les renouveler pour des échéances plus longues. L’opération d’échange a expiré pour les banques, assurances et autres institutions financières de l’euro zone le 9 septembre, mais aucun résultat chiffré sur la participation n’a été avancé. L’opération va se poursuivre dans les pays hors de la zone euro jusqu’au début octobre.

Les taux d’emprunt de la Grèce ont atteint un record vendredi dernier: 55, 61% pour une obligation à deux ans. Le prix du contrat CDS (Credit default swap) de couverture contre le défaut de paiement sur la dette grecque à 5 ans est ressorti à 3 238 points de base, le prix qui signal que les investisseurs perçoivent un risque à 92% que la Grèce soit en défaut sur sa dette. Les marchés financiers ont-ils raison ?