Au cours de la dernière décennie, le Malawi est devenu l’un des cinq plus gros pays producteurs de tabac, à la fois grâce à la faiblesse du taux d’importation du tabac non manufacturé, au faible coût de la main d’œuvre et au manque de régulation. Aujourd’hui, plus de 90 % du tabac malawien est acheté par deux des plus grands fabricants de cigarettes mondiaux, Philip Morris (Marlboro) et British American Tobacco (Lucky Strike). Le pays vit cependant une situation économique très délicate, impliquant bien souvent le travail des enfants avec des conséquences désastreuses pour leur santé.

On estime que près de 80 000 enfants qui travaillent à la récolte des feuilles de tabac souffriraient de maladies graves. Chaque jour, leur corps absorberait 54 milligrammes de nicotine dissoute, soit l’équivalent de 50 cigarettes, ce qui leur causerait des maux de tête, des crampes abdominales, des douleurs musculaires, des difficultés respiratoires, des vomissements, et parfois même une augmentation de la pression sanguine et des troubles du rythme cardiaque.

Le Malawi détient le triste record du plus grand nombre d’enfants travailleurs d’Afrique, qui au-delà de leurs problèmes de santé, doivent aussi faire face à l’exploitation financière dont ils sont victimes; beaucoup d’entre eux travaillent douze heures par jour, pour un salaire journalier maximum de 0,25 dollars. Pourtant, cet État fait partie de l’Organisation mondiale du travail, dont une convention sur le travail des enfants interdit l’emploi des moins de quatorze ans. Mais le gouvernement malawien ne semble pas prêt de réagir, puisque grâce à ces enfants, les exportations de tabac ne cessent de croître, et représentent aujourd’hui selon la Food and Agriculture Organisation (FAO) 70 % du total des exportations du pays.

Jusqu’aux années 1980, la plupart des productions de tabac étaient basées aux États-Unis, mais aujourd’hui, 85 % de la production mondiale de tabac vient des pays du Sud.

Source : The Guardian