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Le journalisme rouge bat toujours son plein

Écrit par Matthew Little, La Grande Époque
29.09.2011
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  • L'agence officielle chinoise Xinhua, annonce sur Times Square à New York.(Staff: STAN HONDA / 2011 AFP)

Le journalisme est un concept profondément différent dans un pays où la liberté d'expression est sévèrement réprimée et où la propagande est le rôle principal de la presse et des diffuseurs locaux.

En Chine, le pays qui emprisonne le plus de journalistes, les médias principaux – y compris l'agence Xinhua – ont été mis sur pied pour servir le Parti communiste chinois (PCC) de toutes les manières possibles.

Ding Ke, un ancien journaliste du Guangming Daily – un quotidien officiel – a fait la lumière sur certaines de ces manières en 2005 lorsqu'il a partagé à Époque Times son expérience en tant que correspondant étranger basé à Washington.

«D'un côté, je rapportais des nouvelles et, de l'autre, je faisais la collecte de renseignements pour le ministère de la Sécurité de l'État [une des agences de renseignements chinoises]», a-t-il affirmé.

«Nous avions la tâche de prendre contact avec différents groupes de gens afin de dénicher des informations, particulièrement auprès des 30 millions de Chinois à l'étranger.»

M. Ding a expliqué qu'après avoir obtenu son diplôme de l'Institut des langues de Pékin dans les années 1980, il a été assigné à l'Agence centrale des enquêtes (plus tard renommée le Département de Sécurité nationale) pour suivre un mois de formation. Il a ensuite été placé au Guangming Daily pour se «préparer à la collecte de renseignements à l'avenir».

«À cette époque, on nous avait demandé d'apprendre comment collecter des renseignements utiles auprès des différentes personnes avec qui nous entrions en contact.»

M. Ding a raconté que pour la collecte de renseignements, il était important de se lier d'amitié avec toutes sortes de personnes et d'établir des relations à long terme. Lorsque les conditions propices seraient rassemblées, il serait facile d'obtenir un flot d'informations.

D'autres espions travaillaient comme diplomates, comme analystes économiques ou au sein d'organisations culturelles, a-t-il révélé.

À une époque, Xinhua était pratiquement synonyme au PCC dans certaines parties du monde et les postes supérieurs au sein de Xinhua étaient occupés par des cadres du Parti.

Xu Jiantun était le directeur de l'agence Xinhua à Hong Kong de 1983 à 1990 et il était en même temps le secrétaire du Comité de travail du PCC à Hong Kong et Macao.

Il a quitté la Chine après le massacre de la place Tiananmen et a révélé en 2010 comment Xinhua représentait les intérêts du Parti à Hong Kong durant les années 1980, alors que la ville était toujours sous contrôle britannique. M. Xu a passé le tiers de son temps en Chine et le tiers à inviter des personnalités importantes de Hong Kong à manger, parfois au rythme de cinq à six repas par jour.

Le successeur de Xu Jiantun, Zhou Nan, était vice-ministre des Affaires étrangères.

M. Xu a raconté que durant les années 1980, les journalistes de Xinhua à Hong Kong n'avaient pas le droit de se promener seuls dans les rues et étaient isolés du monde extérieur pour les empêcher d'être corrompus par la «grande cuve de teinture du capitalisme».

L'Université des Communications de la Chine (UCC) a récemment publié un rapport sur son site web expliquant comment le régime chinois prépare les étudiants à des carrières à l'étranger dans les principaux médias chinois.

Dans l'article, intitulé Pour que la voix de la Chine soit forte dans le monde : rapport sur comment l'UCC a formé les cerveaux, l'université a livré les détails d'un important rituel pratiqué juste avant le déploiement à l'étranger des diplômés.

L'article décrit que les étudiants sont emmenés à Yan'an, le berceau du Parti communiste chinois, afin qu'ils prêtent allégeance au Parti.

«À trois heures précises dans l'après-midi du 14 juillet 2011, des représentants étudiants de l'Université Tsinghua et de l'Université des Communications de la Chine se sont tenus sur le sommet de Qingliang dans la ville de Yan'an. Baignés dans la bruine, ils ont brandi leurs poings et juré : «De transporter et promouvoir les bonnes traditions du Parti en matière de journalisme, de porter le drapeau et de considérer toute la situation […] de faire de notre mieux pour satisfaire le Parti et satisfaire notre peuple en tant que journaliste.»

L'article a indiqué que les étudiants s'apprêtaient à aller faire des stages dans les bureaux outre-mer de l'agence Xinhua, la chaîne CCTV, le quotidien China Daily et le China News Service.

Version originale : A Closer Look at Red Journalism

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.