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Kenya: la sécheresse vue du sol

Écrit par IRIN News
07.09.2011
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  • Le lac de barrage-réservoir de Ngomeni(攝影: / 大紀元)

HOLA-MWINGI – Dans les régions du Kenya touchées par la sécheresse, se procurer de l’eau est une tâche ardue et parfois dangereuse.

«À certains endroits, six personnes se grimpent l’une sur l’autre [formant une échelle humaine] pour pouvoir tirer de l’eau d’un puits», a indiqué à IRIN Henry Obino, commissaire de la région du fleuve Tana.

«Les puits font désormais 30 à 35 pieds de profondeur [9 à 10,5 m].»

L’absence de précipitations a entraîné une baisse du niveau de la nappe phréatique et n’a pas permis le renouvellement des sources d’eau. Les personnes vivant à proximité du fleuve Tana, le plus long fleuve kenyan, ont donc été contraintes de creuser des puits plus profonds en dépit des risques d’effondrement que cela suppose.

Le 7 août, l’effondrement d’un puits dans la zone de Konekaliti a fait un mort, a dit M. Obino.

Dans la région semi-aride avoisinant Mwingi, la sécheresse exacerbe la pénurie d’eau et alimente la peur d’une éclosion de maladies.

Dans la région de Ngomeni, à environ 50 kilomètres de la ville de Mwingi, se trouve un réservoir pluvial formé par un lac de barrage artificiel dont dépendent habituellement les quelques centaines de foyers situés dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres. Il s’assèche pour la première fois depuis des années et se réduit, à l’heure actuelle, à un bassin peu profond aux eaux vertes et troubles.

L’eau coule en petite quantité des robinets et des abreuvoirs – alimentés par des pompes et un système de surverse – qui sont habituellement utilisés pour remplir les jerricans et faire boire le bétail afin d’éviter tout contact direct avec le réservoir.

«On laisse désormais les gens se servir directement dans le réservoir», a expliqué Mutua Komu, qui collecte une taxe auprès des utilisateurs au profit d’un comité local de gestion de l’eau.

«Alors qu’on empêche les animaux de descendre dans le réservoir, imaginez lorsque 100 personnes s’y rendent pour en rapporter de l’eau… La pollution est inimaginable», a dit M. Komu.

«Nous dépendons de cette eau pour tout à Ngomeni : pour les écoles, l’hôpital et la ville. Les [propriétaires de] puits privés réclament beaucoup d’argent», a-t-il indiqué.

Kikwele Mutua, un homme approchant de la soixantaine, a dit à IRIN qu’il rapportait entre 50 et 60 bidons de 20 litres, à raison de 12 voyages quotidiens jusqu’au barrage, pour alimenter l’école secondaire de Ngomeni.

«Mes deux enfants vont à l’école, et ça m’aide à payer leur frais de scolarité.»

Il n’est pas rare de voir des familles creuser le sable des lits de cours d’eau asséchés le long de la route Mwingi-Garissa, ou d’observer de longues files d’attente aux points de distribution d’eau potable gouvernementaux de la ville de Mwingi.

Près de 8000 personnes se rendent quotidiennement à ces points de distribution d’eau potable, selon le fournisseur d’eau et de services sanitaires Kiambere-Mwingi Water and Sanitation Company, et versent une commission de 2 KSH (0,02 dollar) par jerrican de 20 litres. Les vendeurs d’eau réclament la somme de 10 KSH (0,10 dollar) par jerrican.

La pénurie d’eau et les risques d’accès qui en découlent se produisent ailleurs dans le pays.

Dans la région de Bamba, dans la zone côtière de Kilifi par exemple, les habitants s’aventurent plus loin pour accéder à des points d’eau de plus en plus dangereux.

Salama wa Kazungu a dit à IRIN qu’elle marchait en moyenne quatre heures aller-retour en portant dans son dos son plus jeune fils, un bébé de huit mois, pour aller remplir un jerrican de 20 litres.

«Il arrive qu’il ne pleuve pas pendant un an ici», a-t-elle dit.

Rivalité entre humains et animaux

L’assèchement des sources d’eau dans certaines parties du parc national de Tsavo a conduit à une rivalité entre les humains et les animaux pour l’accès aux ressources disponibles dans certaines zones de Bamba.

«Vous savez comment sont les éléphants, ils boivent et se baignent dans l’eau», a dit à IRIN Stephen Muanga, officier de la région de Bamba. «L’eau est un problème, car s’il ne pleut pas, il n’y a pas d’eau.»

Même lorsque l’eau est disponible à proximité, comme c’est le cas dans la région côtière du delta du fleuve Tana, son acheminement jusqu’aux endroits où elle est nécessaire pose problème.

D’après le commissaire régional Elias Gitonga Kithaura, des défis subsistent malgré la construction d’environ deux kilomètres de canaux pour aider le fleuve Tana à reprendre son cours, qui avait changé au niveau du ruisseau Matomba début août 2008.

«La semaine dernière, il n’y avait aucun problème, mais maintenant les gens de la région de Tarassa se plaignent que l’eau stagne», a dit M. Kithaura, ajoutant que cela vient d’une baisse du niveau du cours d’eau.

Tarassa compte une importante population sédentaire, ainsi que des écoles et un hôpital.

On craint également que les méandres du fleuve pénètrent dans la zone de Garini, le long de la route conduisant à Lamu.

«Bloquer le cours d’eau est une opération coûteuse», a dit M. Kithaura. «L’eau n’est pas un problème ici; le problème, c’est de la prendre là où on veut.»

Source : IRIN News

 

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