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Retour sur l'année 2011 dans le Moyen-Orient

Écrit par IRIN News
10.01.2012
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  • Des Libyens célèbrent le passage d'un contingent de rebelles.(攝影: / 大紀元)

DUBAÏ – Lorsque, en 2011, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue dans l’ensemble du monde arabe pour protester contre la dictature, elles ont déclenché une série d’évènements qui, en plus de donner lieu à l’apparition de besoins humanitaires dans des pays qui, autrement, étaient relativement stables, ont également exacerbé les défis humanitaires et du développement déjà existants.

«Le printemps arabe a peut-être fait naître de nouveaux espoirs quant à la liberté, la démocratie et l’amélioration des conditions de vie, mais cela ne s’est pas fait sans conséquence», a dit Abdul Haq Amiri, directeur du bureau régional d’OCHA (Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU) pour le Moyen-Orient.

Voici les dix principales conséquences humanitaires d’une année cruciale pour la région, et en particulier pour l'Égypte, la Libye, la Syrie et le Yémen.

Pertes humaines

L’année 2011 a commencé avec un soulèvement contre l’ancien président égyptien Hosni Moubarak qui a duré 18 jours et fait plus de 800 morts et 6000 blessés. À la fin de l’année, les heurts sporadiques entre les manifestants, les forces de sécurité et les «voyous» avaient fait au moins 81 morts et plusieurs centaines de blessés supplémentaires.

En Syrie, on estime à plus de 5000 le nombre de victimes de la répression menée contre les manifestants qui exigeaient le départ du président Bachar Al-Assad, mais ce chiffre change constamment.

Au Yémen, au moins 2700 manifestants, partisans tribaux, soldats qui ont fait défection et militaires et policiers alliés au gouvernement ont été tués dans ce qui, au départ, n’était qu’un mouvement de protestation pacifique contre le président Ali Abdullah Saleh et a peu à peu évolué en une véritable opposition armée. Selon l’organisation non gouvernementale (ONG) Dar al-Salam, quelque 24 000 autres personnes ont été blessées depuis le début des manifestations, qui ont commencé pendant la première semaine de février.

En Libye, des anciens rebelles estiment à près de 50 000 le nombre de victimes de la guerre.

Déplacements de population

Des milliers de personnes ont fui la Syrie pour se réfugier en Turquie, au Liban ou en Jordanie à cause des combats entre les forces gouvernementales et les manifestants soutenus par les soldats qui ont fait défection. Au Liban, la situation économique de nombreuses familles d’accueil était tendue, et des Syriens ont été attaqués le long de la frontière et sur le sol libanais, les rendant ainsi vulnérables non seulement dans leur pays natal, mais également là où ils étaient venus chercher refuge.

En Égypte, des affrontements «religieux» ainsi qu’une série d’attaques dirigées contre des Églises chrétiennes coptes ont poussé quelque 100 000 chrétiens à fuir le pays dans les mois qui ont suivi la révolution, selon une ONG locale.

En Libye, de nombreuses personnes ont été incapables de retourner chez elles à cause de dommages importants et de la situation politique délicate.

Les autorités irakiennes se sont quant à elles préparées à un possible afflux de rapatriés depuis les pays affectés par l’instabilité.

Flux migratoires

Le printemps arabe a non seulement affecté la vie des millions de migrants qui se trouvaient déjà au Moyen-Orient et en Afrique du Nord lorsque les soulèvements ont éclaté dans l’ensemble de la région, mais il a également donné lieu à de nouveaux flux migratoires.

En Libye, les migrants subsahariens ont été accusés de combattre aux côtés de l’ancien dirigeant Mouammar Kadhafi et pris pour cible par les forces rebelles. Des centaines de milliers de migrants ont fui la Libye pendant la guerre pour retourner, dans de nombreux cas, dans des communautés qui n’ont pas la capacité de les soutenir.

En Égypte, les migrants de retour de la Libye ont été confrontés à une dure réalité. Le nationalisme exacerbé a par ailleurs entraîné des actes de violence et de discrimination envers les étrangers, et notamment envers les migrants et les réfugiés.

En dépit d’une multitude de problèmes, un nombre sans précédent de réfugiés et de migrants somaliens et éthiopiens a continué d’affluer au Yémen. Ils ont été accusés à maintes reprises de prendre part au conflit entre le président Saleh et les manifestants qui tentaient de le forcer à démissionner.

Pendant ce temps, des dizaines de milliers de Yéménites ont pénétré illégalement en Arabie saoudite voisine pour y chercher du travail. Les autorités saoudiennes ont dit qu’elles avaient détenu 239 000 immigrants illégaux en 2011, soit 37 % de plus que l’année précédente.

Accès aux soins de santé

La répression souvent violente menée contre les manifestants de la place Tahrir, en Égypte, a entraîné une pénurie de médicaments vitaux dans les pharmacies et une diminution importante du nombre de donneurs de sang. Dans le contexte de vide sécuritaire qui a suivi le départ du président Moubarak, les hôpitaux sont devenus des endroits dangereux.

Dans certaines régions du Yémen, le taux de vaccination a diminué de 20 à 40 % à cause des défis politiques et économiques auxquels le pays était confronté. Les hôpitaux ont eu de la difficulté à répondre à une demande croissante de la part des manifestants. Les établissements de santé ont fonctionné au ralenti et l’accès aux soins est demeuré limité en raison de l’insécurité. Certains travailleurs de la santé ont même fui les hôpitaux ou les cliniques où ils étaient employés. La présence militaire à l’intérieur et aux alentours des hôpitaux yéménites a par ailleurs poussé certains blessés à se rendre dans des cliniques privées.

De la même façon, les activistes syriens ont dit qu’ils hésitaient à emmener les manifestants blessés à l’hôpital par crainte qu’ils y soient arrêtés par les forces de sécurité.

En Libye, les personnes gravement blessées ont eu de la difficulté à obtenir des soins dans les hôpitaux, et le gouvernement a fait de son mieux pour assurer aux blessés de guerre des soins médicaux à l’étranger.

Accès à l’éducation

Les troubles dans la région ont réduit la probabilité que de nombreux pays atteignent les objectifs de l’Éducation pour tous d’ici 2015.

En Égypte, les manifestations et les affrontements répétés entre les manifestants et les policiers militaires qui ont eu lieu dans l’ensemble du pays ont entraîné la fermeture de plusieurs écoles et institutions éducatives. Des parents se sont plaints que leurs enfants avaient été attaqués par des voyous en se rendant à l’école. Certains groupes de défense des droits ont par ailleurs indiqué que des criminels utilisaient des armes pour extorquer de l’argent aux écoliers.

Au Yémen, des centaines de milliers d’enfants ont dû rester à la maison parce que leur école accueillait des personnes déplacées ou était utilisée comme caserne par l’armée.

Dans la ville syrienne de Homs, une école a été la cible d’une attaque.

On peut cependant se réjouir que les enfants des Syriens déplacés au Liban aient pu s’inscrire dans des écoles publiques du nord du Liban.

Accès aux services essentiels

Le Yémen a été confronté à des interruptions importantes de l’approvisionnement en eau et en électricité. À la fin de l’année, le prix de l’eau acheminée par camion atteignait huit dollars le mètre cube dans certaines régions, soit deux ou trois fois plus qu’en mars 2011. L’électricité a été coupée pendant plus de 20 heures par jour dans la plupart des grandes villes du pays, et notamment dans la capitale, Sanaa, à cause des attaques répétées contre le réseau national.

Certaines régions de la Libye ont manqué d’eau et d’électricité pendant des mois à cause de graves dommages causés aux infrastructures. Des activistes syriens ont dit que l’eau et l’électricité avaient été coupées pendant plusieurs jours consécutifs dans certaines villes du pays avant et pendant les opérations militaires.

Économie

Dans l’ensemble de la région, le printemps arabe a donné lieu à une augmentation des prix du carburant et des denrées alimentaires, une diminution de la disponibilité de certains produits sur le marché, des pertes d’emploi, des faillites d’entreprises et la méfiance des investisseurs. Les économies de l’Égypte, de la Syrie et du Yémen ont été particulièrement affectées. La production pétrolière de la Libye a diminué de manière significative et le pays a eu de la difficulté à accéder à des fonds qui avaient été gelés à cause des sanctions imposées au colonel Kadhafi.

Sécurité alimentaire

Confrontés à un contexte économique particulièrement morose, les ménages ont dû faire des choix difficiles. Les travailleurs humanitaires ont révélé des données «choquantes» sur la malnutrition au Yémen, où un tiers de la population n’avait déjà pas suffisamment à manger avant la crise.

Le prix des produits alimentaires de base a augmenté de 43 % en moyenne au cours de l’année 2011 alors que les familles yéménites dépensaient déjà entre 30 et 35 % de leur revenu quotidien pour acheter du pain.

Le Studies and Economic Media Center (SEMC), un groupe de réflexion local, a indiqué que le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire était passé de sept à neuf millions en 2011 à cause des troubles.

En Syrie, le gouvernement a versé un soutien financier en espèces à des milliers de familles vulnérables afin d’enrayer l’insécurité alimentaire.

Le gouvernement égyptien a dû supprimer les subventions sur le pain dont dépendaient de nombreux Égyptiens démunis. Des signes de malnutrition croissante ont par ailleurs été constatés en Haute-Égypte.

Prolifération des armes

En 2011, on a assisté à une prolifération des armes dans la région, en particulier en Libye, où environ 120 000 combattants devaient être démobilisés, mais aussi, de manière plus surprenante, dans des endroits comme l’Égypte, où des citoyens se sont procuré des armes de petit calibre pour défendre leur famille. La défection d’un nombre croissant de soldats a donné lieu à un printemps arabe particulièrement violent au Yémen et en Syrie. Le coordonnateur humanitaire des Nations Unies en Syrie a d’ailleurs évoqué, en septembre, le risque de guerre civile.

Au Yémen, le relâchement du contrôle gouvernemental a permis à des membres de tribus de pénétrer dans des camps militaires pour y piller des armes de petit, moyen et gros calibres.

Acheminement de l’aide

L’insécurité et l’extension du conflit dans plusieurs régions du Yémen ont entravé l’accès des acteurs humanitaires et rendu l'acheminement de l'aide encore plus complexe.

La Syrie a été pratiquement hors de portée des travailleurs humanitaires et certaines régions de la Libye sont demeurées inaccessibles pendant des mois à cause des combats qui ont eu lieu pendant la guerre.

Selon un responsable des Nations Unies, les troubles dans la région ont poussé certains pays du golfe à couper certaines de leurs dépenses extérieures et à utiliser les fonds pour des dépenses internes afin d’apaiser la population locale et d’éviter des soulèvements dans leur propre pays. L’Autorité palestinienne a ainsi déploré la diminution des sommes accordées par les bailleurs de fonds.

Source : IRIN News

 

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