Écrit par James Burke et Matthew Robertson, La Grande Époque

Le militantisme de l'acteur hollywoodien Christian Bale (The Fighter, The Dark Night, Rescue Dawn) a été très mal accueilli à Pékin, alors qu'on rapporte qu'un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois l'a accusé de «fabriquer de l'information».

Le 16 décembre, Bale et une équipe de journalistes du réseau CNN ont été malmenés par des gardes de sécurité alors qu'ils tentaient de rendre visite au militant des droits de l'homme, Chen Guangcheng, dans son village dans l’est de la Chine. Chen a été placé en résidence surveillée, où il aurait été battu et torturé, après avoir purgé une peine de quatre ans de prison pour avoir dénoncé les avortements et les stérilisations forcés des femmes, comme sanctionné par le Parti communiste.

Le ministère des Affaires étrangères chinois a commenté la visite de l'acteur. Liu Weimin, le porte-parole, a déclaré : «Il n'a pas été invité pour fabriquer de l'information ou pour tourner un film dans un certain village» et «Je crois que si vous désirez fabriquer de l'information en Chine, vous n'allez pas être bienvenu ici.»

Avec cette controverse, Christian Bale pourrait avoir de la difficulté à faire la promotion de son plus récent film tourné en Chine, une mégaproduction de 100 millions de dollars à saveur antijaponaise ayant pour titre Flowers of War. Le long métrage a été réalisé par Zhang Yimou, un cinéaste qui s'est illustré ces dernières années par la mise de son talent au service des campagnes de relations publiques du Parti communiste.

Selon un commentateur d'Entertainment Weekly, la «controverse de relations publiques et la réponse belliqueuse de la Chine pourraient avoir sévèrement nui aux chances du film de remporter l'Oscar» du meilleur film étranger.

Bale a expliqué pourquoi il avait tenté de rendre visite à Chen : «J'ai commencé à lire des textes à son sujet et j'ai été inspiré par l'homme […] Je voulais simplement lui serrer la main et le remercier.»

Chen Guangcheng, avocat autodidacte et sélectionné pour le prix Nobel de la paix en 2010, a passé quatre ans et trois mois en prison après avoir révélé l'utilisation systématique des avortements et des stérilisations forcés dans le cadre de la politique chinoise de l'enfant unique. Alors qu'il était incarcéré, l'homme de 40 ans a été torturé.

Le motif officiel de sa détention était «destruction de la propriété publique et rassemblement pour obstruer la circulation».

Au cours des 15 derniers mois, Chen, son épouse et leur enfant ont vécu en isolement quasi total. Pour empêcher Chen d'entrer en contact avec le monde extérieur, les autorités ont installé des gardes permanents et des appareils pour bloquer les ondes autour de sa maison. Les sympathisants qui tentent de lui rendre visite se butent également à la violence. En juillet, Chen et son épouse ont été passés à tabac pendant quatre heures après que les autorités les ont trouvés en possession d'une carte d'appel.

À un point de contrôle près du village de Chen, Christian Bale et l'équipe de CNN sont sortis de leur camionnette et ont été approchés par quatre gardes de sécurité en civil qui leur ont refusé le passage. Les gardes s'en sont aussi pris à l'équipement de tournage.

«C'est incroyable qu'une superpuissance comme la Chine ait aussi peur [de Chen] et ça démontre une faiblesse intrinsèque dans le tissu de la société», a commenté par la suite Bale à CNN.

«Je trouve que ce genre de traitement ne représente pas la population chinoise; ça représente la structure du pouvoir et son attitude envers ses propres citoyens, et c'est dégoûtant», a-t-il déploré. Ce comportement du régime chinois est, selon lui, «ignoble».

«Je ne suis pas brave d'avoir fait ça», a indiqué l'acteur alors qu'on le ramenait à Pékin. «Je voulais appuyer ce qu'ils font.»

Il a ajouté : «C'est le genre de chose qui n'est pas naturel pour moi, mais c'était juste une situation où je me suis dit que je ne pouvais fermer les yeux.»

Version originale : Chinese Foreign Ministry Rebukes Christian Bale