Une profonde passion inspirée par une mission divine

Écrit par Pamela Tsai, The Epoch Times
14.01.2012

  • Yuan Qu a remporté la médaille d’or de la Compétition internationale de chants chinois (catégorie homme) de New Tang Dynasty TV. (Dai Bing/The Epoch Times)(攝影: DAIBING / EPOCHTIMES)

NEW YORK – Yuan Qu, ténor de la compagnie de renom mondial Shen Yun Performing Arts, possède une voix remarquable à laquelle Carlo Bergonzi, l’un des ténors italiens d’opéra les plus admirés aujourd’hui, a rendu hommage. «Tu atteindras les sommets», a déclaré Bergonzi à Yuan Qu.

Bergonzi sélectionne l’élite des meilleurs chanteurs qui viennent du monde entier en Italie pour assister à ses prestigieux cours de perfectionnement enseignés à Milan. Qu Yuan est le seul étudiant asiatique ayant assisté aux leçons de Bergonzi.

Son talent lui a également permis de suivre des leçons de chant avec Luciano Pavarotti. Parmi les autres grands chanteurs d’opéra avec lesquels Yuan Qu a étudié en Europe, on compte María Soler et Eduardo Giménez du Conservatoire des Hautes Etudes de Musique du Liceo à Barcelone et Isabel Penago à Madrid.

Natif du Tibet, ayant grandi dans l’Himalaya, Yuan Qu est né pour atteindre les sommets. Il est doté d'une voix profonde caractérisée par un timbre magnifique, une dictée limpide, un legato harmonieux et un grand talent pour le style latin.

Ayant reçu des titres honorifiques aux prestigieux concours de chant à Barcelone et Florence, et ayant remporté la médaille d’or à ce dernier, Yuan Qu a chanté dans les plus grands  opéras d'Europe et a donné des représentations dans de nombreux festivals de musique de haut niveau.

En 2008, il est allé jusqu'aux auditions finales pour la recherche de talents de l'émission de télévision britannique The X Factor, devançant 7.000 autres concurrents, avec son interprétation de la chanson d'opéra italien O Sole Mio.

En 2009, il a remporté la médaille d'or tant convoitée de la compétition internationale de chant chinois de la chaîne télévisée NTD TV (catégorie hommes).

Qu Yuan parle et chante en tibétain (Khamdo), en chinois (mandarin), en italien (il l'a appris quand il a étudié avec Carlo Bergonzi), en espagnol (il a vécu huit ans en Espagne), et en anglais (il vivait dans le comté de Cheshire avec son épouse Paula Wilson avant de rejoindre Shen Yun à New York). Il chante aussi en français et en allemand.

Malgré son talent, il a fallu à Yuan Qu plus de deux décennies pour se faire une place légitime. En fait, son vécu est tout aussi dramatique que les opéras italiens qu'il aime chanter.

Le nom tibétain de Qu Yuan, Tashi Dorje, signifie «vajra de bon augure» ou «gardien de Bouddha». Mais né pendant la Révolution culturelle et ayant vécu sous la domination chinoise communiste pendant 31 ans, sa vie fut tout sauf de bon augure.

Du Tibet à Pékin

En 1975, à l’âge de neuf ans, Yuan Qu, ainsi que plus de 500 autres enfants tibétains, ont été sélectionnés par des responsables chinois communistes au Tibet et envoyés à Pékin pour y recevoir une «ré-éducation» complète.

Pendant la Révolution culturelle (1966-1977), les communistes chinois ont interdit toutes les activités religieuses au Tibet. Les temples et les monastères ont été rasés. Les écritures bouddhistes tibétaines et des objets ont été brûlés et de nombreux moines et nonnes ont été emprisonnés et torturés.

Une tactique communiste chinoise pour détruire la culture tibétaine consistait en la «ré-éducation» imposée aux Tibétains dès l’âge de huit ans. Pékin voulait priver les enfants de leur identité tibétaine et les transformer en gardes rouges du communisme chinois.

Sachant que les parents de Yuan Qu ne laisseraient pas leur fils unique être emmené à Pékin pour être endoctriné, les communistes chinois ont rassuré ses parents: «Nous emmenons votre fils à Lhassa pour voir les lamas et les bouddhas vivants et pour y recevoir une bonne éducation. Après avoir terminé ses études, nous vous le renverrons».

Dans la culture traditionnelle tibétaine, l'enfant unique, surtout un fils, n'est pas censé quitter ses parents et partir loin. L'enfant doit rester à la maison pour s'occuper de ses parents. C'est un devoir filial.

Ses parents, pieux bouddhistes tibétains, ont donné leur consentement. Malgré la crainte d'être séparés de leur fils, ils voulaient que Yuan Qu ait une meilleure chance de voir cet endroit saint – une destination pour un pèlerinage sacré.

«Aucune lettre ou télécommunication n'étaient autorisées avec mes parents pendant ces années où j'étais à Pékin».

C’était très rude pour un enfant de neuf ans d'être complètement retiré de ses parents et de sa culture d'origine, transporté par train et bus à travers des dizaines de milliers de kilomètres, loin de ses racines tibétaines tant aimées, a-t-il dit.

Le jeune Yuan Qu fut envoyé à l'école à Pékin et vécut dans une famille d'accueil choisie par les communistes chinois. «Nous n'étions pas autorisés à parler tibétain. Ils nous ont imposé d'oublier la culture tibétaine. Ils ont dit que notre religion tibétaine et notre culture étaient superstitieuses et inutiles». «Comme beaucoup de Tibétains, j'adore chanter et danser. Je voulais étudier le chant et la danse, mais les communistes chinois ont répondu ‘non’».

Au lieu de cela, les communistes chinois décidèrent d’une formation médicale pour Yuan Qu.

Un jour, Yuan Qu s'est trouvé à entendre une cassette de Pavarotti, chose rare à Pékin pendant la Révolution culturelle. Étiquetée comme «mauvaise influence de l'Occident capitaliste», la cassette faisait partie de la collection privée d'un enseignant qui a été persécuté lors du Mouvement anti-droite de Mao.

La voix de Pavarotti chantant O Sole Mio traversa le petit garçon tibétain âgé de neuf ans comme un coup de foudre et alluma la flamme de la passion réprimée de Qu Yuan pour la musique.

«Elle m'a immédiatement transportée. Elle est devenue la plus grande influence sur moi», a déclaré Yuan Qu.

Qu se souvient du moment où la musique a atteint ses oreilles. Il s'est dit: «C'est la façon dont la musique devrait être, c'est ainsi que je veux chanter pour le restant de ma vie».

Pendant ses années d'école de médecine, il a demandé à maintes reprises aux autorités communistes chinoises d'échanger ses études avec la musique. Les cadres du Parti, irrités par les demandes du jeune homme, le punirent pour avoir défié le destin choisi par le Parti. Qu Yuan a été envoyé dans une autre école médicale pour trois ans de plus, et une fois diplômé, il fut envoyé dans la campagne reculée du Tibet pour exercer.

Pénétrer dans un nouveau monde

O Sole Mio n'a jamais cessé de résonner dans l'esprit de Qu Yuan. Afin d'éviter le châtiment communiste chinois, il demanda à ses patients de l'aider au lieu de faire des appels directs aux autorités chinoises.

«Je veux chanter – connaissez-vous quelqu'un qui veuille me prendre comme chanteur?», demandait-il à ses patients dans sa clinique privée. Sa capacité à traiter les patients lui permit de gagner non seulement un grand respect, mais aussi de l'empathie. Avec l'aide de certains patients bien placés, Yuan Qu a finalement été en mesure de quitter son poste de médecin pour suivre sa passion pour la musique.

Admis par le Conservatoire de Musique de Chine, il a étudié l'opéra pendant cinq ans puis a étudié pour un master en chant à l'Institut de Recherche de Chant de Pékin. Après l'obtention de son diplôme, il est devenu soliste à temps plein pour l'Orchestre national de Chine, Institut chinois de musique folklorique géré par le régime.

Cependant, sa carrière de chanteur en Chine communiste ne comblait pas son amour pour la musique.

Durant les six années avec l'Orchestre national de Chine, Yuan Qu a été frustré. Il voulait chanter l'opéra, mais le Parti n'approuvait pas cette forme d'art.

«Vous êtes Tibétain, vous devriez chanter des chansons folkloriques du Tibet. Arrêtez de faire le pitre avec le Bel Canto italien et l'opéra!», lui disaient les communistes chinois, dans le contrôle complet de tous les organismes artistiques et culturels en Chine.

Selon Yuan Qu, les arts du spectacle en Chine ne sont que des outils de propagande du régime communiste. Les artistes qui ne se conforment pas aux exigences des communistes chinois n'ont pas d'avenir et aucun moyen de vivre en Chine.

Yuan Qu s’est rebellé. «Je veux chanter le bel canto et l'opéra, même si cela signifie que je dois mourir de faim».

Frustré et réprimé, Yuan Qu a continué à chercher des possibilités de satisfaire son amour pour chanter le bel canto. Avec l'aide d'un ami du Tibet basé au Royaume-Uni, Akong Tulku Rinpoché, qui avait fui vers l'Inde suite à la répression de 1959 par les communistes chinois, Yuan Qu a quitté la Chine en 1997 pour participer au 34e Concours international de chant de Francisco Viñas en Espagne.

Sa voix en or et son grand talent d'élocution ont stupéfait le jury. Après le concours et à la recommandation du jury, il a été immédiatement admis au Conservatori Superior Liceu et a étudié par la suite avec certains des plus célèbres ténors d'Europe.

À partir de 2003, il est devenu un habitué des concerts de l'Arena di Verona en Italie, l’un des antiques amphithéâtres romains les plus renommés du monde à Bra Piazaa, conçu pour des spectacles d'opéra de grande envergure.

La salle peut accueillir plus de 15.000 spectateurs et Yuan Qu s’y sentait comme chez lui. Chanter dans ce lieu, c'est comme chanter sur les immenses plateaux ouverts tibétains bordant l'Himalaya, disait-il.

Profondément lié à son Tibet natal, Yuan Qu savoure tout ce qui lui rappelle son pays natal.

La compassion dans l’âme

La femme de Yuan Qu, Paula Wilson, décrit Yuan Qu comme une personne compatissante: «Il a pris soin de ma grand-mère aussi longtemps qu'il a pu avant de partir en tournée avec Shen Yun et c'était une bénédiction pour notre famille. Les occidentaux n'auraient jamais l'idée de faire une telle chose, ma mère n'oubliera jamais ce grand acte de bonté», a-t-elle dit.

«Ma grand-mère l'adorait et cela a fait une différence à la fin de sa vie. Elle est décédée paisiblement dans son sommeil à l'âge de 101 ans alors qu'il était en tournée pour la première fois avec Shen Yun en 2008. Nous avons passé un enregistrement de sa voix à ses funérailles».

C'est en Occident que Yuan Qu peut librement satisfaire son amour pour la musique et ses proches. Dans son Tibet natal, il n’a pas pu voir sa mère avant son décès. Le régime communiste chinois l’a interdit de voyager en Chine pour voir sa mère malade et assister à ses funérailles. Selon lui, c’est parce que le régime était préoccupé par le maintien de l'harmonie et la stabilité en Chine durant l'année des Jeux Olympiques de Pékin.

Cela a été une agonie émotionnelle pour Yuan Qu de ne pas pouvoir assister aux funérailles. Dans la culture tibétaine, les enfants doivent être au chevet de leurs parents au moment du décès afin d'allumer la lampe à huile tibétaine qui honore le parent défunt.

Yuan Qu aspire à réaliser son espoir pour Shen Zhou – la Terre du Divin, un nom traditionnel pour la Chine. Il trouve l'espoir dans Shen Yun et sa mission de faire revivre une civilisation d'inspiration divine de 5.000 ans. Il espère restaurer la beauté intemporelle des vertus et de la moralité qui ont été impitoyablement détruites par les communistes chinois.

Yuan Qu croit que Shen Yun est le meilleur endroit pour lui et pour sa voix. «Dans cette compagnie, personne ne se préoccupe de se mettre en avant ou de valider sa célébrité personnelle et son profit. Tout le monde est de tout cœur consacré à donner le meilleur de lui même pour le public».

Yuan Qu a déclaré que le «meilleur» que le public puisse vivre se trouve au-delà de ce que les mots peuvent décrire. «Peu importe où et quand, il y a des gens en larmes avec Shen Yun». «C’est une explosion de joie dans sa forme la plus pure. C'est la sensation de chaleur de l'illumination, l'éveil de son vrai soi intime qui était endormi dans la solitude du froid depuis trop longtemps».

«Faire partie de Shen Yun est une grande bénédiction pour moi», a-t-il dit.

Yuan Qu est optimiste et il pense que dans un avenir pas très lointain, il sera en tournée avec Shen Yun en Chine et chantera dans son Tibet natal, accomplissant ainsi son profond amour pour son peuple et sa culture.