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Frapper à la porte de l’Union européenne

Écrit par Aron Lamm, The Epoch Times
19.01.2012
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  • Un travailleur porte le drapeau de l’Union européenne, en marchant devant le drapeau de la nation serbe. (Stringer: ANDREJ ISAKOVIC / 2006 AFP)

Les obstacles officiels et officieux des Balkans pour joindre le club de l'UE

Évènement passé presque inaperçu au dernier sommet de l’Union européenne, masqué par la crise de la zone euro, la Croatie et l’Union européenne ont signé un traité d’adhésion, invitant le 28e membre à se joindre en juillet 2013 à une Europe dont la robe de mariée sera coupée à la mode de la crise de la zone euro. Parallèlement, par contre, la candidature de la Serbie a été repoussée et ne sera pas décidée avant février 2012. Cette différence de traitement entre les deux États des Balkans soulève la question des critères officiels et officieux d’adhésion au «club» de l’UE. Elle fait aussi constater que l’histoire, la culture et la position géographique d’un État ne s’accordent pas toujours avec la réalité politique de l’Union européenne.

Expansion ralentie

À cause de la tempête de la crise en zone euro et des manifestations publiques divisant ses rangs, de nombreux pays sont soudainement devenus plus réticents à l’idée d’un élargissement de l’Union. «Il y a un ralentissement de l’expansion, bien qu’il soit difficile de l’évaluer», déclare depuis les États-Unis Desmond Dinan, professeur de politiques publiques à l’Université George Mason, en Virginie. Irlandais d’origine, Dinan est un expert de l’UE et ancien conseiller de la Commission européenne à Bruxelles.

L’idée que l’Union européenne se doit d’accepter tous les pays candidats date de la guerre froide, rappelle Dinan. À l’époque, la CEE (Communauté économique européenne, prédécesseur de l’UE) en avait fait la promesse solennelle à tous les pays d’Europe situés derrière le rideau de fer. Aujourd’hui, la réalité est moins romantique : sans parler de la crise économique, le groupe européen est devenu grand et indiscipliné, avec de très grands écarts entre pays riches et pauvres. Beaucoup pensent que l’élargissement de 2007, qui a permis l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie, était prématuré. D’où une réticence accrue à inclure tout pays économiquement faible ou potentiellement instable politiquement. Dernièrement, l’opinion publique européenne, et en particulier britannique (de plus en plus euro-sceptique), s’est beaucoup interrogée sur les conséquences d’une telle expansion, remarque Dinan.

Gordana Delić, directrice du Balkan Trust for Democracy, va encore plus loin dans sa description de l'ambiance au sein de l'UE. «L'unification, qui était auparavant positive et perçue comme augmentant la puissance de l'UE dans le monde, est actuellement considérée comme un fardeau», dit-elle. «Accepter la Croatie dans l'Union est vécu comme un devoir incommode, mais nécessaire.»

Les perspectives

Parmi les neuf pays actuellement considérés comme des candidats ou candidats potentiels à l'adhésion à l'UE, sept se trouvent dans la partie occidentale des Balkans. La Croatie est en voie d'adhésion, la Macédoine et le Monténégro sont des «pays candidats». Quant à la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, l'Albanie et le Kosovo, ils sont des «candidats potentiels», avec la Serbie considérée comme le seul «vrai» candidat potentiel. Delić, Serbo-Croate, trouve l'attitude de l'UE envers les Balkans décevante et considère que l'UE devrait se donner les moyens d’empêcher le renforcement de l’influence dans les Balkans de la Russie et de la Chine. Bien que les États des Balkans aient réussi à faire accepter la Slovénie en 2007, et récemment la Croatie, la réputation d’instabilité de la région reste tenace, déclare Dinan. Géographiquement, ces deux pays ont été considérés comme «presque européens» du fait de leur proximité avec l'Autriche.

Mais la Serbie et le Monténégro, au cœur des Balkans, ne bénéficient pas de cet avantage. Ces difficultés ne devraient pourtant pas empêcher la partie occidentale des Balkans à continuer dans ses efforts pour joindre l’UE. «Que pouvons-nous faire d’autre?», demande Delić. «Nous sommes entourés par l'UE et devons respecter les normes de l'UE dans tout ce que nous faisons.» Un pas plus loin dans le rapprochement des Balkans, les dossiers de la Macédoine et du Monténégro, pour lesquels les problèmes se posent principalement sur des critères politiques et économiques.

Le dilemme serbe

La raison principale de la non-avancée de la candidature de la Serbie est son implication présumée ou son manque de coopération dans les conflits actuels au nord du Kosovo. La Serbie considère toujours le Kosovo comme une partie de son territoire et même parmi les Serbes les plus ouverts à l'UE, c'est un sujet extrêmement sensible. Pourtant, il est difficile de savoir si la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo est un critère officiel ou officieux pour leur entrée dans l’Union. Certains États membres pensent que cette reconnaissance est indispensable, alors que d'autres comme la Grèce, l'Espagne et la Slovaquie ne reconnaissent pas eux-mêmes le Kosovo.

La question n'a été abordée qu'oralement au dernier sommet européen, constate Delić, soulignant la complexité de la situation. Malgré ces freins, Dinan pense que la Serbie, bien qu'elle ne soit pas encore candidate officielle, a de bonnes chances de devenir un jour membre. Outre le fait que la plupart des Serbes souhaitent leur entrée, la plupart des pays membres y sont favorables. Il y a une analogie intéressante entre le rôle de la Serbie dans les Balkans et de l'Allemagne d'après-guerre, remarque Dinan. Après la Seconde Guerre mondiale, la clé de la paix en Europe a été le règlement de la question allemande. L'intégration en Europe était considérée comme un élément essentiel dans le processus de la réhabilitation de l'Allemagne. L’Allemagne a été d'accord et a pris ses responsabilités après la guerre. Aujourd'hui, la clé de la paix dans la région des Balkans est probablement l'intégration de la Serbie et de ses voisins dans l'UE.

Cependant, Dinan souligne que la Serbie possède une mentalité nationaliste et que son point de vue n'est pas totalement en adéquation avec une intégration européenne. «Les Serbes n'ont pas encore bien compris», dit-il. «Ils ne comprennent toujours pas que l'UE est plus qu'un organisme qui réglemente et conditionne. Il y a une question éthique dans l'intégration à l'UE qui oblige les pays candidats à regarder différemment leur passé, à accepter leurs responsabilités pour pouvoir aller de l'avant.»

Toutefois, Delić dit que beaucoup de Serbes trouvent cela injuste, considérant qu'ils ont déjà pris leurs responsabilités par rapport au conflit. «Je pense que la Serbie a fait énormément», dit-elle. «Le président Tadic a présenté ses excuses aux pays concernés. Un grand nombre de projets de réconciliation ont été lancés, soutenus par la Serbie. Il existe une réelle attention à la réunification du peuple serbe. Ce n'est pas forcé, c'est naturel. Nous avons extradé tous les criminels de guerre. Comment peut-on dire que nous n'avons pas fait assez?»

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