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Le marché du carbone sera-t-il un jour mature?

Écrit par Charles Callewaert, The Epoch Times
24.01.2012
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  • Le prix de la tonne de carbone (CO2) a chuté à 6,90 euros/tonne le 29 décembre 2011, soit une division des prix par 4 par rapport à 2008. (Michael Urban/AFP/Getty Images)(Staff: MICHAEL URBAN / 2007 AFP)

Les certificats de réduction d’émissions (CER-Certified Emission Reduction) des Nations unies, qui régissent les échanges de quotas d’émissions de gaz à effet de serre entre les pays signataires du protocole de Kyoto, ont perdu 50% de leur valeur depuis juin dernier. Plus grave, le prix de la tonne de carbone (CO2), qui est cotée depuis 2008 sur BlueNext, le système européen d’échange des quotas d’émissions (ETS: European Trading Scheme), a chuté à 6,90 euros/tonne le 29 décembre, soit une division des prix par 4 par rapport à 2008!

Un effondrement paradoxal des prix lié au ralentissement économique

Quel paradoxe! Alors que l’hypothèse des émissions de gaz à effet de serre sur le réchauffement climatique ne semble plus vraiment remise en cause, que l’année 2011 vient de battre des records de température et de consommation d’énergies fossiles, et que des pays comme l’Australie ou la Chine se décident à imiter l’Union européenne en créant leur propre marché du carbone, le principal moyen mis en œuvre en Europe pour limiter ses émissions ne semble plus jouer le rôle qui lui était assigné.

Et pour cause. Avec des prix qui fluctuent en fonction de l’offre et de la demande, le marché européen du carbone fonctionne théoriquement comme la bourse ou celui des matières premières (pétrole, or, argent, ...). Près de 11.000 entreprises européennes y participent en achetant les crédits de CO2 qui leur manquent ou en vendant ceux qu’elles ont en excédant par rapport au quota qui leur est attribué. Or, la crise financière de 2008 et la crise de l’euro de 2011 ont provoqué un ralentissement de l’économie mondiale ainsi qu’une forte chute de l’activité industrielle des pays européens, au point que beaucoup d’entreprises industrielles se retrouvent avec des quotas de CO2 excédentaires.

Une remise en cause des investissements verts

Les estimations de surplus varient de 997 millions de quotas selon Bloomberg New Energy Finance à 700 millions de tonnes1 selon CDC Climat. Les entreprises cherchent donc en majorité à les vendre, ce qui provoque une chute des cours du CO2. De plus, les études de tendance comme celles de CDC Climat ne prédisent pas de remontée des cours à moyen terme, au point que Radio Canada ironisait récemment sur l’Union européenne en doutant de sa capacité à respecter le protocole de Kyoto (réduction de 20% d’ici à 2020 de ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990).

Le phénomène suscite par ricochet des interrogations quant au devenir des investissements programmés par les industriels pour réduire leurs émissions ou pour développer des technologies vertes, comme ceux de Rhodia dans le domaine du captage du CO2. Au point que le numéro de décembre du magazine L’Usine Nouvelle alertait les autorités en titrant que «la chute des prix du carbone gêne les investissements verts de certains industriels». En effet, les investissements dans l’énergie sont en général pris sur le long terme et la stabilité des prix du carbone dans les business plans est essentielle à la prise de décision des industriels

Le marché du carbone est par nature entièrement régulé

Cependant, à la différence du marché des matières premières, dont les prix sont dictés par la seule loi du marché, ou de ses excès comme la spéculation, celui de la tonne de carbone résulte au départ d’une volonté politique: réduire les émissions de gaz à effet de serre, donc de CO2, qui sont directement responsables du changement climatique. En effet, selon les théories économiques classiques, les émissions de CO2 sont considérées comme des déchets sans utilité commerciale et que l’on peut émettre sans contrainte particulière: ils n’ont donc aucune valeur d’échange.

 

C’est bien l’introduction d’un plafond d’émission de CO2 à chaque entreprise qui crée l’échange de quotas de CO2 entre elles et permet d’en fixer un prix. Les prix «de marché» du carbone sont donc intimement liés aux quotas d’émission et à leur mode d’attribution, lesquels sont fixés par l’Union européenne pour une période donnée. Le marché du carbone est donc par nature un marché entièrement régulé par la volonté politique et ne peut pas être un marché comme les autres. En ce sens, on comprend mieux pourquoi les Etats-Unis s’y sont toujours officiellement opposés, car il préfigure une économie de marché qui leur est totalement étrangère.

Vers une relance imminente du marché européen du carbone

Avec l’extension depuis le 1er janvier 2012 des quotas d’émissions de CO2 à toutes les compagnies opérant depuis les 27 pays membres de l’Union européenne, y compris les compagnies étrangères (américaines notamment), il devient urgent pour l’Europe de crédibiliser le marché européen du carbone, en faisant remonter fortement les prix. Plusieurs initiatives ont été proposées par les députés européens, parmi lesquelles une réduction de 80% des quotas d’ici à 2050 (soit 2,25% par an), la suppression pure et simple de 1,4 milliard de quotas dès à présent, ou bien la fixation d’un prix de réserve minimum lors de la mise aux enchères des quotas de 3e période (à partir de 2013).

 

Sachant que le Danemark a pris la présidence de l’Union européenne au 1er janvier 2012, et que ce pays pionnier des énergies renouvelables a institué une taxe carbone dès 1993, il paraît acquis que le marché du carbone retrouvera rapidement une nouvelle vigueur.

1 quota de CO2 = 1 tonne de CO2

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