WASHINGTON – Elle n’est pas aussi tonitruante que la campagne présidentielle du parti républicain, ni aussi visible pour le moment, mais la campagne présidentielle 2012 du président Obama  est en marche pour la réélection du candidat en novembre prochain.

Alors que le parti républicain triait encore le blé de l’ivraie pour designer son candidat à la primaire jusqu’au caucus de l’Iowa, l’OFA (Obama For America), l’équipe de campagne d’Obama activait discrètement ses réseaux, rassemblait les militants dans huit bureaux de campagne et passait des milliers d’appels téléphoniques. Venus en nombre le soir au caucus de l’Iowa, les partisans d’Obama se sont rassemblés dans plus de 200 salles dans tout l’État afin de suivre en direct le discours du président revenant de Hawaï où il était en vacances avec sa famille.

Dans le camp démocrate, Obama s’est exprimé, comme ce serait le cas pour une campagne, depuis le Capital Hilton Hotel et non depuis la Maison Blanche, pour reconnaître qu’il n’avait pas pu tenir ses promesses électorales, rapporte CBS.

«Nous ne savions pas à l’époque à quel point la crise économique allait être sévère», a admis le président, qui a demandé le soutien des électeurs pour un nouveau mandat de quatre ans afin de terminer les projets qu’il a entrepris.

Se concentrer sur l’électorat de base

Si l’Iowa est un swing state – un État pivot – critique pour l’équipe de campagne d’Obama, cette dernière ne néglige pas pour autant les autres États. Le New Hampshire reçoit également une attention particulière. L’OFA y a ouvert sept bureaux et pendant que les médias sociaux jouent un grand rôle, les organisateurs expliquent avoir préféré l’engagement direct, plus classique. Ils vont ainsi tenir plus de 500 évènements locaux et plus de 300 rencontres en face à face auprès des communautés afin de tester leur coordination et de recueillir les attentes de leurs supporters.

Michael Slaby, un agent technique de l’équipe de l’OFA, s’est exprimé sur CNN: «Nous devons saisir les opportunités qui s’offrent à nous pour tester notre organisation et nous assurer que nous sommes à plein régime, que nous faisons bien ce que nous sommes supposés faire, que nos équipes sont compétentes et bien engagées et qu’elles disposent des outils nécessaires localement pour impliquer leurs communautés respectives par différents moyens efficaces».

Indice de satisfaction en hausse

Galvanisée par une économie plus forte – les ventes de voitures augmentent – et des chiffres du chômage en baisse – 200.000 chômeurs ont trouvé un travail en décembre dernier selon le Département du Travail des États-Unis, la popularité d'Obama monte.   

Cinq sondages réalisés entre le mois de décembre et le 8 janvier estimaient la côte de popularité d'Obama entre 42 et 47% selon le site Real Clear Politics, soit en hausse par rapport à 2011. Jay Carney, attaché de presse de la Maison Blanche, explique que si Obama se prépare pour sa campagne présidentielle, son niveau d'implication active «est relativement faible» car il est concentré sur son action actuelle en tant que président des États-Unis.  

«Il est très concentré sur sa priorité n°1: la croissance économique et la création d'emplois», déclare Jay Carney lors d'un point de presse le 9 janvier dernier.

Comme pour confirmer cette déclaration, le président, accompagné de Joe Biden, son Vice-président, a tenu un forum pour l'emploi à la Maison Blanche le 11 janvier avec pour objectif d'encourager les entreprises américaines à relocaliser les emplois et à investir dans une production croissante aux États-Unis.

Si Barack Obama ne s'est pas encore engagé dans une campagne active, il n’y a aucun doute qu'il est revenu des congés de Noël avec une volonté renouvelée et qu'il garde un œil sur cette année électorale.  


La riposte d'Obama

Malgré une désapprobation du Congrès avoisinant les 80% selon le dernier sondage de CBS, Obama a riposté le 4 janvier en contournant le Sénat pour nommer par décret Richard Cordray comme directeur du nouveau Bureau de protection financière des consommateurs.

Dans un geste sans précèdent  destiné à montrer qu'il a le soutien de l'armée, M. Obama en déplacement dans la région du Potomac le 5 janvier, a annoncé une nouvelle stratégie de défense nationale et une coupure du budget de la défense de 487 milliards de dollars au niveau du Pentagone.

Le 8 janvier, un changement dans les procédures d'immigration a été annoncé permettant aux conjoints et aux enfants de citoyens américains de rester aux États-Unis lorsqu'ils entreprennent une demande de résidence, plutôt que de devoir quitter le pays et faire la demande depuis l'extérieur du pays, une procédure pouvant prendre jusqu'à dix ans. Largement salué par les agents d'immigration, ce changement est censé consolider le vote hispanique d’Obama qui avait été affaibli par une campagne agressive d'expulsion des immigrants illégaux.

Selon l’agence de presse Bloomberg, lors des élections de 2008, Obama avait recueilli 67% des votes des électeurs hispaniques contre 31% pour le candidat républicain John McCain. Pour le Dr Michael Cornfield, directeur de l’École Supérieure de Gestion Politique à l'université George Washington, l'impact réel de ces initiatives dans les enjeux de la campagne reste à confirmer. Dans un courriel, il précise que «prises dans leur ensemble cependant, ces initiatives montrent qu’Obama va s’appuyer sur son bilan, une décision réaliste dans la mesure où en tant que président en exercice, son bilan va être le sujet principal de la campagne de 2012».