La crise de la dette des gouvernements provinciaux chinois

Écrit par Jane Lin et Alex Wu, The Epoch Times
27.01.2012

  • Gratte-ciels dans le quartier financier de Shanghai, le 9 décembre 2010. Le professeur d’économie à Hong Kong a déclaré dans un discours à huis clos le 22 octobre 2011 que tous les niveaux du gouvernement de Shanghai avaient fait faillite. (攝影: / 大紀元)

Lorsque Larry Lang Hsien Ping, professeur d’économie à Hong Kong a prononcé un discours à huis clos à Shenyang en Chine (fait récemment rapporté par The Epoch Times), il a prédit que la Chine allait bientôt connaître un «tsunami économique», principalement dû à la dette explosive des gouvernements provinciaux. La performance des obligations émises récemment par les gouvernements locaux en Chine permet d’illustrer la thèse de Lang selon laquelle «chaque province de la Chine est dans la même situation que la Grèce», c’est à dire en faillite, sans aucun moyen de revenir à la solvabilité.

 

D’après l’analyste, l’ampleur de la dette accumulée par les gouvernements locaux en Chine ne peut pas être estimée avec précision à partir des chiffres officiels, qui sont peu fiables. Selon les données publiées par le Bureau national de vérification de la Chine à la fin juin, la dette du gouvernement local avait déjà atteint 10,7 milliards de yuans (1,68 milliard de dollars américains) à la fin de l’année 2010.

Lang affirme que la dette réelle est d'environ 36 milliards de yuans (4,5 milliards de dollars américains). Son chiffre inclut les 19,5 milliards de yuans estimés par l’agence Moody’s en juillet et 16 milliards de yuans empruntés par des entreprises d'État. Chiffres à comparer au  produit intérieur brut chinois, de de 40 milliards de yuans (5 milliards d’Euros).

Obligations des gouvernements locaux

Dans un effort pour résoudre la crise de la dette des gouvernements locaux, le Conseil d'Etat chinois, a approuvé fin octobre 2011, pour la première fois en 17 ans, un programme pilote pour permettre à quatre gouvernements locaux de vendre directement des obligations. Shanghai a été le premier à émettre 7,1 milliards de yuans (800 millions d’Euros) en obligations le 15 novembre, suivie par la province du Guangdong, la province du Zhejiang, et la ville de Shenzhen. De façon surprenante, les intérêts des quatre nouvelles obligations publiques sont exceptionnellement faibles, même en dessous du taux actuel des obligations émises par le gouvernement central.

Ces obligations ont été accueillies par une forte demande. Toutefois, certains analystes se sont inquiétés de la «déformation» des taux d’intérêt des obligations, déconnecté de ce que prédiraient les mécanismes de marché.

Dans un article publié par le Yangcheng Evening News, l’économiste Ma Hongman estime que la baisse des intérêts obligataires est due à la garantie apportée par le gouvernement central  sur ces obligations.

«Les banques qui ont souscrit ces obligations préfèrent perdre un peu pour aider les gouvernements locaux à réduire leur coût d'emprunt actuel, dans l'espoir d'attirer d'importants dépôts à l'avenir, ce qui se traduira par des profits importants», publie le Journal économique de Hong Kong.

Mais, «ce type de mesure administrative peut aider à stimuler la vente des obligations au départ, mais sur le long terme, cela  ne résoudra pas la crise de la dette des gouvernements locaux», note le Caijing Magazine, basé à Pékin.

Rupture des contrats

Avant le début de cette crise, en Chine, les gouvernements locaux collectaient principalement les fonds de constructions immobilières en vendant des contrats d’investissement en zone urbaine.

Le 22 octobre, Larry Lang a donné une conférence de quatre heures à Shenyang durant laquelle il a expliqué que, d’après l’enquête menée par son équipe de recherche, 33% des 483 contrats d’investissement immobilier vendus par les gouvernements locaux ont été conclus avec des entreprises au flux de trésorerie négatif.

M. Lang a pris en exemple Minghang, un des «beaux» quartiers de Shanghai. Le district de Minghang a un taux d'endettement de 46%. Une dette de 15 milliards de yuans (1,9 milliards d’Euros), avec un milliard de yuans (125 millions d’Euros) de paiements d'intérêts annuels. Le taux d'endettement d'un autre quartier, Hongkou, s’élève à 190%, avec un flux financier négatif atteignant les 200%.

Cerise sur le gâteau, le district de Hongqiao, un centre d'affaires situé dans les hauts lieux de Shanghai et l’un des principaux centres financiers internationaux, a rompu le contrat d’un prêt de 20 milliards de yuan (2,5 milliards d’Euros) conclu avec une entreprise appartenant à l’Etat.

«En fait, le gouvernement de Shanghai a fait faillite à tous les niveaux», conclut M. Lang.

Un de ses anciens élèves est actuellement secrétaire du Parti de la commune de Zhengzhou dans la province du Henan. M. Lang affirme que celui-ci n’est pas en mesure de rémunérer son personnel à la fin de l'année, mais ne peut rien faire à ce sujet, si ce n’est de continuer à mentir à ses employés et d’attendre son transfert à un nouveau poste l'année prochaine.

Arrêt des négociations

La crise de l’endettement public chinois a débuté le 26 avril 2011. Ce jour là, la province du Yunnan a été la première à résilier un contrat de construction urbaine par manque de solvabilité ; les provinces du Sichuan, du Guangdong, Liaoning, Jilin, Heilongjiang, Jiangsu, Zhejiang, et d'autres ont suivi le mouvement. Ce phénomène, explique Lang, a condamné presque tout contrat de construction urbaine en Chine depuis le 8 Juillet.

Comme la nature et le niveau des créances restent opaques, les nouveaux contrats des gouvernements provinciaux prendront vraisemblablement le même cours.

Liu Ligang, à la tête du département d’économie chinoise de la banque ANZ (Australie et Nouvelle-Zélande), a expliqué dans un article paru dans l'édition chinoise du Financial Times qu’un nouveau leader de gouvernement local est souvent réticent à l’idée de régler les dettes laissées par ses prédécesseurs. Toutefois ces derniers, dans l’espoir de résoudre les problèmes, lèvent des fonds pour de «grands» projets, augmentant ainsi la dette de la collectivité.

A moins qu’une bonne régulation financière ne se mette en place, les dépenses excessives des  gouvernements locaux entraineront une augmentation des dettes qui provoqueront leurs faillites, prévient M. Liu.

Yixing Zhou, un éditorialiste de cnhubei.com (portail Web de news quotidiennes de la ville de Hubei), écrit que si cette tendance à l’emprunt excessif se poursuit sur le même rythme, les nouveaux contrats signés par les gouvernements provinciaux ne feront que «les endetter pour rembourser d’anciennes dettes». Soit un cercle vicieux d’augmentation progressive de la dette.

En conclusion pour Larry Lang, il est devenu impossible, pour le régime chinois, d’éponger les dettes de ses gouvernements locaux. «Permettre aux gouvernements locaux de vendre des obligations revient à boire du poison pour étancher sa soif.» A la vôtre…

Disponible en Anglais sur: http://www.theepochtimes.com/n2/china-news/china-s-local-government-debt-crisis-155529.html