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La Sélune et le pays de la Baie du Mont-Saint-Michel, un haut lieu de la biodiversité

Écrit par Héloïse Roc, The Epoch Times
07.01.2012
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  • Le Mont-Saint-Michel. Il y a 7.500 ans lors de la fin de la dernière glaciation, la mer a envahi cet espace. Le Couesnon Damon a été construit pour que le Mont-Saint- Michel devienne de nouveau une île.(攝影: MYCHELE DANIAU / AFP ImageForum)

La renaissance de la vallée de La Sélune devrait se confirmer dans les jours à venir. Le 9 janvier 2012 une étude économique devrait être rendue par l’État, accompagnant la transition d’un autre modèle d’aménagement du fleuve côtier La Sélune, fleuve normand se jetant dans la Baie du Mont-Saint-Michel.

La Sélune accueillera de nouveau les saumons, truites, aloses, lamproies...

La suppression des barrages de Vezins et de la Roche-qui-Boit, annoncée par Chantal Jouanno, ancienne Secrétaire d'État chargée de l'Écologie, le 13 novembre 2009, permettra enfin à la vallée de La Sélune de retrouver sa forme d’origine. Le fleuve rejoindra sans obstacle la Baie du Mont-Saint-Michel et la mer, et accueillera de nouveau ces populations de saumons, truites, aloses, lamproies... Cette mesure concrète est en faveur de la biodiversité et viendra conforter la réputation de ce territoire exceptionnel de paysage bocager au relief vallonné.

Il s'agit donc d'un engagement du gouvernement qui va dans le sens de l'histoire, la restauration des milieux aquatiques étant la première caractéristique des engagements écologiques de la France lors du Grenelle de l’environnement. La continuité des eaux se définit par la circulation des espèces et le transport correct des sédiments. Les barrages forment aujourd’hui un obstacle insurmontable à la migration sur un des derniers cours d’eau à forte biodiversité pour ces espèces. La Sélune deviendra ainsi le tout premier fleuve à retrouver la libre circulation de ses poissons migrateurs sur la totalité de son parcours.

La France s’est engagée au bon état à 66 % de ses eaux douces de surface à l’échéance de 2015. De plus en application du projet européen n°1100/2007 du 18 septembre 2007, elle s’est engagée dans la reconstitution des stocks d’anguilles en Europe, outre les plans de saumons et d’esturgeons.

La difficulté dans le changement, entrevoir un avenir meilleur

Selon le WWF, les barrages de Vezins et de la Roche-qui-Boit sont jugés dangereux pour les populations et la baie, et ils présentent de grandes difficultés d’entretien. En terme de productivité, ils ne présentent aucun intérêt, puisque leur production n’est que d’une vingtaine de GWh par an, soit un millième environ de la production du barrage de Flamanville.

En cas de rupture, le danger viendrait des sédiments contaminés par des métaux lourds et d’autres substances nocives générées par le réchauffement de l'eau dans les retenues lors d'épisodes de fortes chaleurs. Ces retenues forment aujourd’hui des pièges à nitrates et phosphates conduisant à des proliférations périodiques de microalgues toxiques et donc à l'interdiction d’usage de l'eau pour la baignade et les loisirs nautiques.

Le bilan écologique des barrages n’est pas favorable

Selon de nouvelles recherches, le bilan écologique des barrages est souvent moins favorable qu’on ne le croit. Un colloque organisé à Paris par l’UNESCO a permis d’examiner les études disponibles sur la question des émissions de méthane par les barrages. Selon une étude réalisée par Frédéric Guérin et ses collègues du Laboratoire d’Aérologie de Toulouse publiée le 14 novembre sur trois barrages tropicaux, la quantité de méthane retenue dans les lacs est considérable. Le bénéfice écologique n’existe plus, il serait même inversé. Une autre étude sur le barrage de Balbina au Brésil montre que le gaz émis a le même potentiel d’effet de serre que 6 % de tous les combustibles fossiles consommés par São Paulo, une ville qui compte plus de 11 millions d’habitants.

Danny Cullenward, expert en politique énergétique à l’université Stanford, a effectué des calculs préliminaires à partir de chiffres donnés par Fearnside. Selon ses estimations, les barrages libéreraient entre 95 et 122 millions de tonnes de méthane par an. Les participants au colloque estiment qu’ils en savent suffisamment pour agir sans plus attendre. Ainsi, les projets de barrages pharaoniques envisagés dans les zones tropicales, comme la centrale hydraulique d’une valeur de 5 milliards de dollars sur le fleuve Congo, inquiètent les chercheurs. Selon ces nouvelles données, certains scientifiques et associations de défense de l’environnement souhaitent une révision des mesures prises lors du protocole de Kyoto, celle qui permet entre autres de financer des projets d’énergie propre dans les pays en voie de développement.

Le démantèlement, un exemple pour le monde

Redonner la vie au fleuve et lui restituer son cours naturel sera une mine d’or pour l’avenir. La vie alentour reprendra le dessus et prospérera. Cependant de nombreuses précautions devront être prises. Il faudra protéger la baie du Mont-Saint-Michel d'une pollution par les sédiments. En effet, les pollutions se sont accumulées depuis 1993, année de la dernière vidange, mal conçue et incomplète, qui a engendré une forte pollution de la baie.

D’après le WWF, cette restauration sera un signal puissant pour l’Europe et le monde. Elle sera un exemple pour la reconstitution écologique des fleuves côtiers et pour la préservation des activités halieutiques et conchylicoles dans les zones estuariennes en aval, qui sont, elles aussi, menacées par des pollutions lors de vidanges du même type.

Cette restauration rétablira l’équilibre écologique. Elle obligera à reconsidérer profondément l'aménagement du territoire de la vallée et le développement de nouvelles activités basées sur l'agriculture et le tourisme durables avec de fortes potentialités de retombées économiques locales, en captant une partie de la clientèle du Mont et de sa baie.

Cette restauration permettra de retrouver une rivière vivante et accueillante. La remise en état de la vallée avec et pour les populations locales, c'est tout un bassin qui sera attrayant dans le cadre d'une promotion permanente, un chemin allant vers la baie. Le pays de la Baie va ainsi pouvoir s’affirmer, devenir un territoire d’excellence et la renaissance du fleuve participera pleinement à cet objectif.

Pour traiter la pollution des matières en suspension, dans l’enlèvement des barrages, un investissement de 4 millions d'euros a d’ores et déjà été provisionné pour une remise aux normes d'ici à mi-2013.

Le rétablissement de la libre circulation piscicole contribuera à faire de La Sélune non seulement l’un des meilleurs fleuves de France pour la production de saumons, mais aussi un haut lieu de biodiversité.

La Sélune, premier fleuve de France pour la pêche au saumon en devenir

Selon les documents diffusés par la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM), les cabinets d'étude notent que les poissons ne peuvent franchir les barrages, malgré que ce fleuve ait une capacité piscicole exceptionnelle. Le fleuve est considéré comme «l'un des premiers fleuves de France en capture de saumons alors que seul 20 % du bassin versant est accessible». La Sélune pourrait devenir «le premier fleuve de France pour la pêche du saumon en cas de suppression des barrages» selon les conclusions de l'atelier d’étude Environnement et Paysage. En plus, l'ouverture de 700 km2 du bassin versant du fleuve «triplerait le potentiel de reproduction» des espèces migratrices.

À l’opposé, les défenseurs des barrages assurent que les saumons ne remonteront jamais La Sélune, surtout à cause des eaux polluées libérées par la disparition des barrages. Les cabinets de recherches assurent que «des saumons sont actuellement observés au pied des barrages» et que «le démantèlement d'ouvrages sur d'autres rivières a conduit à une remontée des poissons vers l'amont». La DDTM montrent que «des analyses comparatives et visites sur sites ont eu lieu en France et en Europe pour tirer les enseignements d'expériences similaires ou proches». Les experts considèrent que ce retour des poissons migrateurs serait un atout supplémentaire, «un attrait touristique et économique».

La Baie du Mont-Saint-Michel: un site exceptionnel, un modèle de sédimentation unique

Le Mont-Saint-Michel est inscrit au patrimoine mondial par l'UNESCO depuis 1979. Il accueille plus de 3 millions de touristes par an. Ce Mont est un îlot granitique encerclé par des marais salés (appelés herbus ou prés-salés) sur lesquels paissent des moutons.

La Baie du Mont-Saint-Michel est traditionnellement divisée en grande baie (à l'ouest du Mont) et petite baie plus resserrée (à l'est du Mont). La baie est drainée par deux fleuves: La Sée, au nord-est, qui passe près d'Avranches, et La Sélune, au sud-est. Le fleuve Couesnon, d'orientation sud-nord, se jette dans la baie juste au sud du Mont, qu'il enserre de ses chenaux.

Il y a 30.000 ans, le Mont était émergé, situé loin à l'intérieur des terres

La Baie du Mont-Saint-Michel n'a pas toujours montré sa configuration actuelle. Il y a environ 30.000 ans, l'ensemble de la zone était émergée et le Mont était situé loin à l'intérieur des terres. Ce n’est qu’il y a 7.500 ans, lors de la fin de la dernière glaciation, que la mer a envahi cet espace. La ligne de côte se trouvait alors sensiblement plus au sud, transformant le Mont Dol en zone insulaire. Les fluctuations du niveau marin ont amené le dépôt de fines particules de vase, qu'on appelle la tangue. Ces dépôts sédimentaires atteignent à l'époque actuelle jusqu'à 15 mètres d'épaisseur. Pour les 400 km2 que représente la Baie du Mont-Saint-Michel, les sédiments forment une masse d'environ 10 milliards de m3, avec un apport annuel de 1,5 millions de m3 ! Or, la tangue constitue un excellent matériau à usage agricole, il est même utilisé pour amender les sols originaux(*).

 

Actuellement les prés-salés progressent chaque année au rythme de 25 hectares par an, en raison du colmatage de la baie par les sédiments. Victor Hugo s'en émouvait déjà en 1884: «Il faut que le Mont-Saint-Michel reste une île. Il faut conserver à tout prix cette double œuvre de la Nature et de l'Art.»

(*) Source Wikimanche

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.