L’internet peut-il garantir les valeurs fondamentales?

Écrit par Ivo Paulovic, Epoch Times
17.10.2012

Fleur Pellerin, ministre française déléguée chargée des PME, de l’Innovation et de l’Économie numérique, annonçait lors d’une interview le 25 septembre sur I télé, un changement de stratégie dans le déploiement de l’internet sur le territoire français. Chaque foyer devra être équipé en très haut débit, avec pour objectif de fournir un accès à l’ensemble des Français d’ici à 2020. Alors que 69% des Français ont accès à l’internet, ce moyen de communication considéré aujourd’hui comme un vecteur de richesse est aussi la possibilité pour chaque foyer d’accéder au même niveau d’information.

Dans le programme présidentiel de François Hollande était annoncé la mise en place d’une «couverture intégrale du territoire en haut débit dans les 10 ans» et «d’une généralisation de l’option ‘Numérique’ à l’ensemble des filières du Baccalauréat». Son prédécesseur Nicolas Sarkozy voyait l’avenir de l’internet à travers le développement de la fibre optique. Son plan prévoyait de raccorder tous les foyers à l’horizon 2025 au réseau FFTH (fibre optique à domicile), proposant des débits 100 fois supérieurs à l’ADSL nouvelle génération. Fleur Pellerin expliquait le 25 septembre les raisons du changement de cap sur cette technologie, déployée sur seulement 1% du territoire, à l’avantage du haut débit déjà accessible par 50% des foyers...

Elle annonçait que la répartition des coûts entre les collectivités locales, les fournisseurs et l’État serait équilibrée et que la mise en place du haut débit sera moins coûteuse; projet en réalité intermédiaire à la FFTH, la fibre optique étant à long terme la seule capable de soutenir la croissance exponentielle du débit sur le réseau local.

Aujourd’hui 69% de la population française est connectée à internet. En comparaison à ses voisins européens tels que les Pays-Bas connectés à 94% ou la Suède à 90%, elle se place en tête des pays à grands territoires, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, et 7 points au-dessus de la moyenne européenne. La décision de vouloir garantir un accès généralisé à l’internet est une volonté du gouvernement actuel et du gouvernement précédent pour donner un libre accès à l’information à tous ces citoyens. La France doit en effet aussi incarner les valeurs qu’elle défend par ailleurs dans le monde. Ainsi le libre accès à l’information est une concrétisation matérielle des principes nés dans le pays au moment de la Révolution française, des droits de l’homme et des fondements républicains. Si l’on suit le fil historique, cet accès à l’information n’est pas sans rappeler un célèbre discours d’un membre de l’Assemblée nationale, qui le 10 novembre 1848 au moment du vote du budget et devant la diminution de celui laissé à la littérature et aux arts, blâmait l’intérêt laissé aux biens matériels au détriment des biens spirituels, déclarant: «On pourvoit à l’éclairage des villes, on allume tous les soirs, et on fait très bien, des réverbères dans les carrefours, dans les places publiques; quand donc comprendra-t-on que la nuit peut se faire aussi dans le monde moral, et qu’il faut allumer des flambeaux pour les esprits!» (extrait du discours du député Victor Hugo devant l’Assemblée Nationale le 10 novembre 1848).

Valeurs fondamentales du peuple français, tant le libre accès à l’information donne aussi un libre accès à la connaissance, fondement du socle culturel de la nation. Pourtant, il reste à voir si le contenu de l’internet actuel permet au citoyen de profiter de cette formidable chance ou si au contraire un internet ultra libéralisé aboutit à un réseau congestionné par des contenus commerciaux, fallacieux ou immoraux.

L’avenir de l’internet en France

Internet est aujourd’hui une formidable banque de données mondiale. Selon le site Netcraft, il y aurait dans le monde plus de 580 millions de sites internet distincts dont plus de 175 millions actifs. Les pages web sont quant à elles beaucoup plus nombreuses, le premier moteur de recherche au monde Google, répertoriant mille milliards de pages web différentes. Cependant maintenant que toutes les informations sont accessibles par tous, peut on parler d’équité dans l’accès à l’information ? D’après l’étude du site Go-Gulf.com, les utilisateurs d’Internet passent 22% de leur temps sur les réseaux sociaux, 21% sur des moteurs de recherche, 20% à lire des contenus, 19% à communiquer, 13% sur des sites multimédias et 5% à faire du shopping en ligne. Le site internet Plagtracker.com rassemblant plusieurs études croisées, affirme que 44% du contenu internet sont des informations redondantes. Les responsables de ces plagiats pointés du doigt sont les réseaux sociaux, où il est facile de partager des contenus textes, photos et vidéos. Le premier réseau social sur internet, Facebook, comptait, en 2011, 800 millions d’utilisateurs dans le monde, dont 50% se connectant tous les jours. Avec la percée des nouvelles technologies numériques nomades, l’accès à Internet est maintenant garanti à tout instant sur les smartphones et les tablettes numériques, où Facebook rassemble 350 millions d’utilisateurs, utilisateurs 2 fois plus actifs que la moyenne.

Bien que l’ensemble des contenus internet soit disponible à tout moment et à tout endroit, l’accès à l’information se trouve limité de plus en plus par les contenus endémiques au moment où les utilisateurs savent de moins en moins vivre sans ces outils et applications numériques pour communiquer. De la publicité contextualisée, des contenus indésirables et des images décadentes apparaissent sans prévenir dans notre espace de navigation, sans compter les virus et les programmes malveillants pouvant récupérer les données personnelles. Selon des statistiques répertoriées sur le site web Vincentabry.com, 34% des utilisateurs se retrouvent malgré eux devant des sites aux contenus pornographiques sans l’avoir recherché.

L’internet permet donc d’avoir accès à presque toute l’information existante au monde, mais toutes ces informations, quelque soit leur nature, sont au mieux accessibles de manière égale. Il est en effet plus facile de rencontrer des contenus commerciaux et des jeux vidéo que des contenus éducatifs et pédagogiques, plus facile de tomber sur des produits de consommation que sur ceux parlant d’art et de littérature. Il semble certes possible de garantir matériellement l’accès à l’internet pour tous sur le territoire national, mais plus difficile de garantir à ses utilisateurs un contenu de qualité et un accès à des informations réveillant l’intelligence.