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Décrochage scolaire: fatalité ou tremplin?

Écrit par Frédérique Privat, Epoch Times
19.10.2012
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  • u00abRentrée des classes 2012 dans un nouveau lycée de Begles». (Pierre Andrieu/AFP/GettyImages)

Le 19 septembre dernier marquait la journée nationale du refus de l’échec scolaire. Initiée en 2008 par l’AFEV (Association de la fondation étudiante en ville), cette journée a pour but d’alerter l’opinion publique sur un phénomène qui progresse en France et qui, pour être endigué, nécessite des pistes de réflexion de la part de tous les partenaires de l’éducation.

Ils sont environ 150.000 jeunes, âgés de 15 à 19 ans, qui quittent, chaque année, le système scolaire prématurément et sans aucun diplôme.

Une décision parfois résultante d’un malaise existant depuis l’école élémentaire qui implique souvent de se mettre en porte-à-faux vis-à-vis de la famille et de la société, et qui nécessite l’obtention d’un diplôme pour une bonne insertion professionnelle.

Afin d’appréhender les causes de ce malaise qui peut conduire à une telle conséquence, une étude AFEV/Trajectoire – Reflex a ainsi été menée sur 186 jeunes «décrocheurs» en processus de réinsertion pendant la période d’avril à juin 2012.

Le moment de la rupture avec l’école semble être récurrent chez la plupart des interrogés : il semblerait que tout se joue entre les classes de 3e et de 2e, la 3 étant la classe d’âge des 16 ans, âge de fin d’obligation de la scolarité, et la 2e correspondant à une transition vers un nouveau pallier avec l’entrée au lycée et la mise en place effective d’une orientation, parfois imposée à l’élève.

Il faut pourtant noter qu’une part importante d’entre eux, 45% des personnes questionnées, manquaient déjà les cours bien avant l’âge de 16 ans, et étaient donc en situation de «pré-décrochage» depuis le collège.

Cette rupture a été vécue très différemment: si 36% d’entre eux se sont sentis angoissés lors de la prise de cette décision, 29% ont tout de même ressenti du soulagement, signe que cette rupture constituait la fin d’une souffrance bien longue.

Le sentiment d’angoisse serait dû à la prise de conscience que la sortie du système scolaire représente une certaine forme de marginalisation dans la société.

Dans tous les cas, il révèle une situation de détresse qui n’est plus gérable par l’élève et se concrétise par cette rupture avec l’école. Autre fait qui caractérise cette rupture, c’est le manque de communication entre l’élève et les membres de la communauté scolaire, souvent parce que le rejet de l’école passe aussi par le rejet de ses acteurs, d’où le repli de l’élève vers sa famille ou ses amis.  

Cependant, les causes de ce mal-être scolaire datent souvent de plusieurs années, voire du début de la scolarité.

L’étude révèle ainsi que sur les 186 jeunes interrogés, 92% d’entre eux ont décroché par manque d’intérêt et de motivation pour l’école: donner du sens à l’école, ils n’y sont pas arrivés. Les mauvais résultats scolaires ainsi que les problèmes de compréhension demeurent indissociables de ce manque de motivation pour l’école, qui entraîne  un manque de confiance et d’estime de soi. Pour 27% d’entre eux, ce sont des problèmes de comportement qui les auront amené à décrocher et quitter le système scolaire.

Le décrochage scolaire semble être intimement lié à un manque: manque d’orientation, manque de communication avec quelqu’un qui leur donnerait confiance (pour 51% d’entre eux), manque de suivi personnalisé par rapport à leurs difficultés (32%), et dans une moindre mesure, manque d’aide à la maison pour le travail scolaire (16%).

Voilà, seulement que se passe-t-il après le décrochage? Les jeunes gens interrogés se trouvaient tous, justement, dans un processus de raccrochage survenu pour la plupart  (56%) après une prise de conscience de l’importance d’obtenir une formation diplômante pour s’insérer dans le monde professionnel. Les autres ont été motivés lors de l’élaboration d’un projet professionnel avec les organismes d’aides.

Le «raccrochage» a été, dans leur cas, relativement rapide puisque la moitié d’entre eux ont été pris en charge moins de six mois après la rupture avec l’école.

Ces organismes sont essentiellement la Mission locale d’insertion, mais aussi les micro-lycées, ces établissements d’enseignement spécialement créés afin de lutter contre le décrochage scolaire. Au nombre de 4 en France, dont 3 dans l’académie de Créteil et 1 dans celle de Nice, ils permettent aux élèves «décrocheurs» de reprendre des études générales après une période plus ou moins longue d’interruption de scolarité. Financés par l’État et la région, ces établissements disposent d’un nombre réduit de personnel administratif et pédagogique, ceci afin de renforcer la motivation de ces jeunes à travers une plus grande implication dans les tâches administratives.

Parallèlement, les E2C, écoles de la deuxième chance, accueillent des jeunes de 18 à 25 ans dépourvus de qualification et d’emploi et ayant quitté le système scolaire depuis au moins un an. Administrées sous forme d’associations, les E2C sont essentiellement financées par l’État et les collectivités, et comptent actuellement une centaine de sites pour environ 13.000 jeunes répartis partout en France. L’objectif est le même pour tous les entrants: construire un projet professionnel et décrocher un emploi. Les E2C ne délivrent pas de diplômes mais permettent d’asseoir des compétences tout en fournissant à l’élève un encadrement personnalisé qui lui redonnera confiance en lui.

Avec 58% de sorties positives, les E2C se positionnent comme de véritables tremplins vers l’emploi pour les jeunes non qualifiés.

Le décrochage scolaire, s’il semble correspondre à une décision extrémiste, n’est plus une fatalité, mais une pause qui peut être salutaire dans la recherche d’un projet professionnel.

 

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