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Exclusif: Pourquoi Bo Xilai est-il tombé et Xi Jinping a-t-il disparu, 1ère partie

Au cœur de la tourmente à l’intérieur du régime chinois

Écrit par Lin Feng, Epoch Times
21.10.2012
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  • La tentative de défection de Wang Lijun, l’ancien chef de police de Chongqing, (premier domino), a actionné une chaîne d’évènements exposant et enflammant les conflits internes au sein du Parti communiste, qui ont actuellement atteint leur paroxysme. Le puissant Bo Xilai (deuxième domino) fait face maintenant à des accusations criminelles, et Zhou Yongkang (troisième domino), l’homme que Bo devait remplacer comme puissant tsar de la sécurité intérieure, a été dépouillé de pouvoir réel. (Bo et Wang—Feng Li/Getty Images; Zhou—Liu Jin/AFP/Getty Images; graphiques par Vadim Berestetsky/Epoch Times)

Analyse

Une lutte de treize ans de pouvoir au sommet du Parti communiste chinois (PCC) a atteint son paroxysme et les dirigeants du PCC sont maintenant arrivés  au moment décisif.

Le sentiment d’attente est présent partout. Lorsque l’affaire de Wang Lijun - Bo Xilai s’est déroulée sous leurs yeux, dévoilant une révélation après l’autre, les Chinois ont commencé à se réveiller et ils cherchent maintenant à connaître la vérité cachée derrière les événements.

Study Times, la  publication de l’Ecole du parti du PCC – lieu où sont formés les dirigeants du parti, a écrit dans un article du 2 juillet que la Chine fait face à «des changements importants jamais vus au cours des trois derniers millénaires».

Actuellement, tous les yeux sont tournés sur le procès de Bo Xilai pour constater la manière dont il sera puni. La situation est complexe. Epoch Times a rédigé l’article suivant en s’appuyant sur des sources bien informées des discussions au plus haut niveau du Parti.

Bo Xilai était le chef provincial du Parti de la ville de Chongqing, centre-ouest de la Chine, et dirigeant de l’aile gauche du Parti. Wang Lijun était le maire adjoint, le chef de police et le bras droit de Bo. Lorsque Wang a informé Bo de la culpabilité de son épouse, Gu Kailai, dans le meurtre de l’homme d’affaire britannique Neil Heywood, Bo a rétrogradé Wang et a effectué une rafle auprès des proches du chef de police, en tuant quelques-uns parmi eux.

Craignant pour sa vie, Wang a fui au consulat américain à Chengdu le 6 février dernier. Sa tentative de défection a exposé aux Chinois les luttes internes  au sommet de la direction du PCC.

La punition pour Bo a rapidement suivi. Le 15 mars, il a été destitué de tous ses postes au sein du Parti, puis il a été soumis à un interrogatoire du parti, appelé «Shuanggui». Le 28 septembre, après des mois de suspense et de preuves contradictoires, un média de l’État a déclaré que Bo serait révoqué du Parti et jugé par un tribunal pénal pour «graves violations disciplinaires» liées à la corruption et à des comportements sexuels inappropriés.

Les accusations annoncées publiquement sont «un stratagème» du leadership divisé qui n’est toujours pas prêt à régler les problèmes. Les hauts dirigeants du Parti savent ce que Wang a révélé à Chengdu: Bo et le responsable de la sécurité intérieure, Zhou Yongkang, planifiaient un complot pour s’emparer du pouvoir de Xi Jinping, le présumé prochain chef du Parti. Les dirigeants du Parti savent également que Bo est une personne clé derrière une atrocité conséquente: le prélèvement forcé d’organes sur des pratiquants de Falun Gong vivants.

Le sort de Bo est le point crucial de cette lutte de longue date entre: d’un côté Hu Jintao, le chef du Parti actuel, Wen Jiabao, le Premier ministre, Xi Jinping et leurs partisans, et de l’autre côté la faction formée par l’ancien chef du PCC, Jiang Zemin. Cette bataille implique désormais tous les hauts fonctionnaires du PCC et les hommes d’État à la retraite.

Eviter la responsabilité

La décision de Jiang Zemin de persécuter la pratique spirituelle du Falun Gong, aussi appelé Falun Dafa, est la question fondamentale qui a conduit à la lutte actuelle au sein du Parti.

Au début en mai 1992, le Falun Gong était publiquement enseigné dans le nord-est de la Chine. La pratique consiste en des mouvements lents, des exercices de méditation, ainsi qu’une manière de vivre selon les enseignements basés sur les principes de vérité, compassion et tolérance. Cette pratique est devenue très populaire. En 1999, les autorités étatiques estimaient qu’entre 70 et 100 millions de personnes pratiquaient le Falun Gong – plus que le nombre de membres du PCC.

En juillet 1999, lorsque Jiang a lancé la campagne pour éradiquer le Falun Gong, il espérait qu’elle se terminerait en trois mois. Au moment où il est parti à la  retraite en 2002, le Falun Gong ne montrait aucun signe de disparition.

Cela posait un problème. La campagne de Jiang avait mis le PCC en guerre contre environ un Chinois sur douze. Des millions de personnes ont été envoyées dans des camps de travaux forcés où elles ont été torturées et soumises au lavage de cerveau. Des milliers sont mortes des suites du mauvais traitement et encore des milliers ont été tuées à cause des prélèvements forcés d’organes, effectués alors qu’ils étaient encore en vie.

Si Jiang ou les personnes fidèles à Jiang n’étaient plus au pouvoir, alors les crimes commis au cours de cette persécution seraient exposés et les membres de la faction de Jiang seraient tenus responsables. Les luttes dans les coulisses, autour du 16ème congrès du Parti en 2002, du 17ème congrès du Parti en 2007 et du 18ème congrès du Parti à venir, ont toutes eu comme point d’ancrage  la tentative de la faction de Jiang pour s’accrocher au pouvoir afin d’éviter de rendre des comptes.

En 2003, Hu Jintao est devenu le Secrétaire général du PCC, mais pendant longtemps il ne détenait  aucun réel pouvoir. Jiang Zemin, en tant que président de la commission militaire centrale, prenait encore les décisions.

De plus, avec Zeng Qinghong, un collaborateur de longue date de Jiang  comme vice-président du PCC, Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao avaient du mal à étendre leur pouvoir au-delà des murs de Zhongnanhai, l’enceinte du Parti.

Après la retraite définitive de Jiang en 2004, quand  Hu est devenu le président de la commission militaire centrale, il n’avait que le pouvoir de promouvoir les généraux de haut rang.

Concernant le Falun Gong, Hu et Jiang avaient des avis différents.

Pour maintenir  la persécution du Falun Gong, le PCC a dépensé d’énormes sommes et a conduit le système juridique chinois au point de rupture.

Liu Jing, l’ancien sous-chef  du bureau de la police, a dit que lors d’une réunion en 2001, Jiang voulait  ajouter un bureau 610 à chaque niveau du système policier. Le bureau 610 est un organe extra constitutionnel du parti établi par Jiang pour effectuer la persécution du Falun Gong. Il dispose d’une autorité au-dessus de tous les niveaux du parti et de l’État.

Hu avait dit alors: «Ajouter des bureaux 610 va demander de nombreuses personnes et coûter beaucoup d’argent».

Jiang était furieux et a lancé une remarque à Hu qui révélait sa peur de cette  pratique spirituelle paisible: «Le Falun Gong est sur le point d’usurper ton pouvoir et tu parles du personnel et du budget?» Hu est resté calme.

Après une tentative d’assassinat de Hu en 2006, la balance a commencé à pencher en sa faveur.

En mai 2006, Hu Jintao s’est rendu en Mer Jaune pour inspecter la marine. Au cours de l’inspection, les mitrailleuses de deux navires de guerre ont ouvert le feu sur le destroyer lance-missiles sur lequel il se trouvait, et ont tué cinq marins.

Le destroyer est reparti à grande vitesse. Pour éviter de nouvelles tentatives d’assassinat, Hu n’est pas retourné à Pékin mais s’est envolé vers la province du Yunnan, au sud-ouest de la Chine. Il n’est retourné à Pékin que la semaine suivante.

Par la suite, Hu Jintao a commencé à consolider son contrôle sur l’armée en débutant par Pékin, ensuite la Commission militaire centrale et enfin Chongqing.

Lutte autour de Xi

Dans les enjeux élevés qui se jouaient entre Jiang et Hu, la prochaine étape clé consistait à déterminer la composition du Comité permanent du Politburo – les  neuf hommes qui dirigent le PCC – ainsi que le successeur de Hu. Les deux ont été annoncés lors du 17ème congrès du Parti en 2007.

Zeng Qinghong, le pilier de Bo, a été obligé de prendre sa retraite du Comité permanent. Hu Jintao favorisait Li Keqiang, alors à la tête du PCC de la province du Liaoning, ainsi que Xi Jinping, alors à la tête du PCC de la province du Zhejiang. Hu a admis les deux au Comité permanent et a désigné Li Keqiang comme son successeur.

Jiang et Zeng ont continué à faire obstruction à Hu Jintao et ne voulaient pas  permettre à Li Keqiang d’accéder au pouvoir. Jiang n’avait personne au Comité permanent qu’il pouvait nommer à la place de Li, il a donc proposé Xi Jinping à contrecœur.

Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao n’ont eu aucun problème à accepter Xi Jinping, car ils partageaient une vision commune. Tous les trois se considèrent comme les élèves de Hu Yaobang, le Secrétaire général du parti qui a contribué au lancement des réformes économiques en Chine communiste et qui était  favorable à une réforme politique.

La nomination de Xi par Jiang était cependant un stratagème. Jiang cherchait à gagner du temps.

L’espoir réel de Jiang se plaçait sur Bo Xilai. Bo avait développé le «modèle de Chongqing», un programme politique qui prétendait améliorer la loi et l’ordre en luttant contre les gangs et faire revivre l’image du PCC, en encourageant les manifestations maoïstes de dévotion envers le Parti.

La faction de Jiang avait prévu de nommer Bo comme successeur au chef de la sécurité intérieure, Zhou Yonkang, au sein du comité permanent du Politburo et son  successeur à la tête du Comité des affaires politiques et législatives (CAPL). Le CAPL contrôle le système judiciaire, le parquet, le ministère de la Sécurité publique, le ministère de la Justice, la police armée du peuple et d’autres départements et agences concernés.

Jiang et Zhou avaient augmenté le budget ainsi que la portée du CAPL, ce qui en a faisait le deuxième centre de pouvoir au sein du Parti. Avec Bo en charge du CAPL, ils pourraient le moment venu, utiliser les 1.5 millions d’agents de la police armée pour déposséder Xi et prendre le pouvoir. La persécution du Falun Gong pouvait alors être maintenue.

Les bases de ce plan avaient été tracées, mais Wang Lijun a fui à Chengdu.

Viser Jiang et Zhou

En préparation au 18ème Congrès du parti, Hu Jintao a testé la viabilité de Jiang. Il a arrangé, avec l’aide d’un fonctionnaire du Parti, une fuite d’information, au sujet de la mort de Jiang, à un média de Hong Kong. Il souhaitait voir la réaction des  membres de la faction de Jiang et des Chinois et a ainsi obligé Jiang à se montrer en public, ce qui a permis Hu Jintao d’évaluer l’état de santé de Jiang.

Les Chinois ont fait exploser des pétards pour célébrer la nouvelle de la mort de Jiang, tandis que la réponse de la faction de Jiang a été faible.

Lorsque le scandale de Wang a éclaté, Hu était prêt à saisir cette occasion pour déséquilibrer Bo Xilai. En faisant chuter Bo, Hu Jintao visait Jiang.

Entretemps, Hu et Wen ont commencé à poser des restrictions au pouvoir de  Zhou Yongkang et ont tenté d’utiliser Chen Guangcheng, l’avocat des droits et militant aveugle, pour affaiblir davantage Zhou.

Vers le 27 avril, Chen Guangcheng, dont la famille était assignée, par le CAPL, à résidence dans la ville de Linyi, province du Shandong, est tout à coup entré dans l’ambassade des États-Unis à Pékin, qui se trouvait à des centaines de kilomètres du lieu de résidence.

Dans une vidéo, Chen a déclaré que le CAPL sous la direction de Zhou est un organe sans foi ni loi. Il a ensuite énuméré les abus dont il avait souffert pendant plusieurs années. Chen a posé la question suivante à Wen Jiabao: «Est-ce que les fonctionnaires locaux enfreignent la loi par leur propre initiative ou sont-ils dirigés par les fonctionnaires du gouvernement central?» Chen a ajouté  en adressant sa remarque à l’intention de Wen Jiabao: «Je pense que vous devriez bientôt donner une réponse claire aux personnes».

La vidéo de Chen a mis beaucoup de pression sur le PCC par rapport aux éléments évoqués contre Zhou.

L’évasion de Chen de Linyi n’était due ni à la chance ni au hasard. Les fonctionnaires du Parti l’avaient  arrangée en secret.

Quand  toutes les parties en présence ont commencé à se focaliser sur Zhou, Hu Jintao a rencontré des résistances.

Repousser

Zhou a utilisé le Global Times et d’autres organes d’information contrôlés par lui pour accuser Hu d’avoir provoqué «une ingérence américaine dans les affaires internes de la Chine».

Après six jours de négociations, les États-Unis et la Chine sont parvenus à un accord relatif à la sortie de Chen de l’ambassade américaine. Mais Zhou a saboté cet accord et a contraint Chen à choisir l’exil à l’étranger. Au même moment, Zeng Qinghong a également encouragé les anciens dirigeants du PCC à exercer une pression sur Hu et Wen, pour qu’ils cessent d’affaiblir Zhou Yongkang.

Au premier plan, parmi les anciens du Parti auxquels Zeng  a fait appel se trouvaient les frères Ye: Ye Xuanping et Ye Xuanning, tous deux fils du maréchal Ye Jianying, l’un des fondateurs du PCC, et chacun assez influent.

Ye Xuanning est considéré comme le chef spirituel des «princes» – les enfants de la génération des fondateurs du Parti. Ye Xuanning a contrôlé le système d’espionnage militaire de la Chine pendant longtemps et a beaucoup d’influence parmi les militaires.

La préoccupation majeure de la famille Ye était de voir le PCC s’effondrer si Zhou chutait. Hu Jintao a décidé d’abandonner l’idée d’arrêter Zhou Yongkang et a cherché à aborder le problème d’une autre façon.

Au début du mois de mai, 200 hauts fonctionnaires du PCC ont assisté à une réunion à l’hôtel Jingxi, que Reuters a décrit comme ayant pour objectif de «consolider l’unité et d’avancer la préparation du  18ème congrès du Parti».

Selon une source informée de la réunion, Hu Jintao avait fixé les objectifs suivants: Zhou doit prendre complètement sa retraite. Après avoir passé la main, il perdra aussi le pouvoir de nommer son successeur au CAPL. Zhou sera autorisé à couper tous les liens avec l’affaire Bo et sera autorisé à rester en fonction jusqu’après le 18ème Congrès du Parti.

Les participants sont parvenus au consensus que Zhou allait préserver son image public, créant une apparence d’harmonie et de stabilité afin d’assurer une transition du pouvoir en douceur.

En même temps, un accord a été conclu avec la participation des «durs» dirigés par le ministre de la Propagande, Li Changchun, et Zhou Yongkang, pour accepter les propositions de Wen Jiabao au sujet de la réforme politique. Bien que les réformes acceptées doivent être très limitées, elles devraient comprendre ce qui a été décrit comme «les élections libres à haut niveau». La province du Guangdong prendra l’initiative avec un programme pilote.

Ces accords semblent tracer la voie à suivre pour le Parti divisé. Ils devraient tous être bientôt changés.

Version anglaise: Exclusive: Why Bo Xilai Fell and Xi Jinping Disappeared, Part 1

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.