Argo

Le deuxième bon coup de Ben Affleck

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
20.10.2012
  • Dans Argo, Tony Mendez (Ben Affleck) prépare un stratagème pour le moins biscornu afin de pouvoir sortir six otages d'Iran. (Warner Bros. Canada)

Après l'avalanche de critiques favorables à la suite de la sortie de The Town de Ben Affleck ajoutant à son arc la corde de réalisateur, l'acteur récidive avec Argo, son second projet, encore plus accompli que le premier, qui est en salle depuis vendredi dernier.

En 1979, en plein cœur de la révolution iranienne, six diplomates sont forcés de fuir l'ambassade américaine et trouvent refuge dans la maison de l'ambassadeur canadien. L'agent de la CIA, Tony Mendez (Ben Affleck) a comme travail de sortir les otages d'Asie. Ayant très peu d'options, il décide de créer un projet cinématographique bidon comme couverture au sauvetage.

Le personnage mature d'Affleck, continuellement sur des charbons ardents, détient un registre d'émotions limité à être soit préoccupé, soit tiraillé. Bien que l'acteur à l’aube de la quarantaine soit constamment présent à l'écran, il demeure presque transparent. Cette humilité apporte un souffle supplémentaire à chaque composante formant le nouvel opus dans la filmographie naissante du réalisateur.

Dépeint avec une précision stupéfiante, l'Iran des années fin 1970 semble tout à fait fidèle à ce qu'il a été. Le spectateur a l'occasion de faire la comparaison avec certains clichés pris lors de la vraie crise iranienne des otages. Le réalisateur a eu aussi le même souci pour ce qui est de sa distribution en comparaison aux véritables diplomates et autres personnages-clés de cette tranche de l’histoire moderne. Les évènements précédant le conflit fort médiatisé sont illustrés à l'aide de dessins rudimentaires en début de parcours qui mettent habilement la table pour la suite. La trame sonore à l'iranienne, mais aussi à la sauce américaine, fait gagner encore plus de crédibilité à la deuxième œuvre d’Affleck.

  • Rory Cochrane, Christopher Denham, Kerry Bishé, Scoot McNairy, Clea DuVall et Tate Donovan incarnent les diplomates américains qui cherchent à sauver leur peau dans Argo. (Warner Bros. Canada)

Une distribution particulièrement capable est au service de ce drame d'espionnage à sensations fortes. Peu importe le rôle ou la direction dans laquelle on regarde, que ce soit vers la bande des jeunes diplomates, du côté de la CIA ou de certains membres du gouvernement américain, on ne peut qu’acquiescer devant le talent. On trouve, à la tête de ses services, l'austère et inébranlable Bryan Cranston (Breaking Bad, Total Recall, Drive) qui fait un travail à point. L'acteur canadien Victor Garber (Milk, Alias, The Big C) joue supérieurement l'ambassadeur canadien, même si à peine quelques minutes lui sont consacrées.

Bien que la bande-annonce d'Argo soit un peu trop généreuse, le suspense qu'elle fournit se veut très bien ciselé. On peut en dire autant sur l'humour qui change résolument le ton que peut avoir le long métrage de deux heures. Le duo John Goodman et Alan Arkin est si appréciable qu'un film entier aurait pu leur être dédié. Malheureusement, leur présence n'aurait pas pu être plus importante sans changer la couleur du film, malgré le goût de les voir plus longtemps. L'idée de Ben Affleck de conjuguer absurde et faits réels déclassifiés se révèle une des visions novatrices des dernières années, autant de sa part que de l'industrie du film qui a donné feu vert au projet.

Intelligent, historique, drôle et vif, Argo a quelque chose pour plaire à tous puisqu'il arrive à unifier plusieurs genres cinématographiques.