Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Le mariage infantile est une grave violation des droits humains

Écrit par Kristen Meriwether, Epoch Times
25.10.2012
| A-/A+
  • Ghulam, 11 ans, et Faiz, 40 ans, posent avant leur mariage en Afghanistan. (Stephanie Sinclair/VII)

NEW YORK – Ghulam, 11 ans, est assise par terre chez elle, en Afghanistan. Elle fixe, sans joie, l’homme de 40 ans assis à côté d’elle. Alors qu’il pourrait être son père, cet homme va devenir son mari.

«Lorsqu’elle entre dans cette union, elle perd son enfance pour toujours et entame une vie sans avenir, sans perspective ni promesse», a déclaré dernièrement à l'ONU Dr Babatunde Osotimehin, directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).

«Elle ne recevra probablement jamais d’instruction, devenant mère avant que son jeune corps ne soit prêt à supporter une grossesse ou tout simplement à donner naissance.»

Ghulam est l’une des 37 000 adolescentes de moins de 18 ans qui sont mariées de force tous les jours, souvent à des hommes beaucoup plus âgés qu’elles. Parfois les pères échangent leurs filles contre de l’argent ou des biens ou pour suivre des traditions culturelles anciennes.

«Alors que le mariage est censé être célébré dans la joie de l’union de deux personnes, pour des millions de jeunes filles, c’est le contraire», déclare M. Osotimehin.

Le mariage infantile, qui peut affecter des fillettes aussi jeunes que cinq ans, a des conséquences désastreuses. En plus de ses effets sur leur santé et leur développement, ce mariage compromet leur droit à l’éducation. Dr Shirin Sharmin Chaudhury, ministre d’État des Affaires féminines et des Enfants du Bangladesh, a exprimé l’urgence du problème.

  • L'archevêque Desmond Tutu, fondateur de Girls Not Brides, s'exprime sur le mariage infantile lors d'un forum organisé à l'ONU. (Amal Chen/Époque Times)

«Pour des filles de moins de 15 ans, le risque de décès pendant la grossesse et l’accouchement est cinq fois plus élevé que pour une femme dans la vingtaine», explique-t-elle. Dans les dix prochaines années, 14,2 millions de filles de moins de 18 ans seront mariées chaque année, essentiellement en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne. Avec ces chiffres qui augmentent, le FNUAP espère mettre fin à la pratique d’ici 2030, grâce à l’éducation, à la sensibilisation et à l’évolution des lois.

L’autonomie des femmes

L’ONU a célébré, le 11 octobre, la première Journée internationale de la Fille, une journée mondiale pour fêter, mettre en évidence et discuter des moyens d’améliorer la vie des filles. La journée regroupait un panel d’experts qui cherchent des moyens pour mettre fin aux mariages des enfants.

Une autre étape est la création de lois qui relèveront l’âge légal pour les garçons et les filles à 18 ans. Toutefois, combattre d’anciennes traditions culturelles profondément enracinées, afin de favoriser davantage les femmes et leur égalité avec leurs homologues masculins, est un défi sans précédent.

Pour Michelle Bachelet, ex-présidente du Chili et directrice exécutive pour les Femmes à l’ONU, «l’inégalité des sexes est la racine du mariage des enfants».

Dans les pays qui pratiquent le plus le mariage infantile, les femmes et les filles sont souvent dévalorisées. Elles sont considérées comme un fardeau et, pour les familles, ces mariages sont des moyens d’avoir une bouche en moins à nourrir. À la question comment s’y prendre pour changer la pensée derrière les traditions culturelles, Mary Robinson, première femme présidente de l’Irlande (1990-1997), a expliqué : «Je crois qu’il est important de ne pas utiliser le mot “culturel” avec la tradition du mariage des enfants. C’est une création de l'homme, et j’utilise le mot “homme” plutôt qu'“humain” délibérément.»

  • Ghaicha Salamatou Agali, une jeune militante du Niger, partage ses idées pour mettre fin aux mariages infantiles le 11 octobre à l'ONU. (Amal Chen/Époque Times)

Pour Mme Robinson, montrer que les femmes sont précieuses, notamment sur le plan économique, va aider à freiner ces notions. Geeta Rao Gupta, directrice générale adjointe de l’UNICEF, reconnaît que l’argument économique est important et doit être sérieusement envisagé lors de l’élaboration des politiques. Toutefois, selon elle, il ne faut pas oublier le vrai problème.

Elle poursuit : «L’argument [économique] ne doit pas minimiser l’indignation morale que suscite cette situation – une violation flagrante des droits de ces jeunes filles.»

Pour éradiquer le problème, il faut changer non seulement les lois, mais les modes de pensée des uns et des autres, a déclaré Ghaicha Salamatou Agali, jeune militante du Niger qui a échappé au mariage infantile. En 2005, alors qu’elle avait 16 ans, Agali devait épouser un homme de 50 ans qui avait déjà une femme et cinq enfants. Elle voulait poursuivre ses études et s’est opposée à la polygamie. Avec l’aide de son frère aîné, elle a convaincu ses parents de ne pas conclure le mariage. «Nous devons sensibiliser le public et lui faire changer d’attitude, de coutumes et de croyances», croit-elle.

Changer les coutumes, les cultures et les croyances peut sembler irréaliste, mais pour l’archevêque Desmond Tutu, fondateur de Girls not Brides, il dit : «Pourquoi pas? Nous avons mis fin à des choses vicieuses comme l’apartheid. Dans le passé, on a pensé que l’on n’y arriverait jamais et on y est arrivé!»

Une solution aux multiples facettes

  • Nujood à Sanaa, au Yémen, le 2 février 2010. Elle était mariée à un homme de plus de 20 ans son aîné, alors qu’elle n’avait que 10 ans. À présent ils sont divorcés. L’histoire de Nujood a choqué tout le pays et poussé le Parlement à adopter une loi fixant un âge minimum pour le mariage. (Stephanie Sinclair/VII/Tooyoungtowed.org)

Pour mettre fin au mariage infantile, il faut adopter une approche multidimensionnelle et certains efforts ont déjà été faits. Mme Gupta affirme que l’UNICEF a fourni des incitations financières pour aider les jeunes filles à rester célibataires jusqu’à leurs 18 ans. Elle donne l’exemple du Malawi, où des recherches ont montré que donner aux parents une aide financière pour que les filles restent à l’école a été efficace.

En Inde, certains États ont mis en place des obligations d’épargne pour les naissances des filles, avec la promesse qu’elles s’échangent contre dix fois leur valeur si, à 18 ans, les filles sont célibataires. Il suffit parfois qu’une première personne se révolte. M. Osotimehin déclarait le 10 octobre qu’il avait pris connaissance du témoignage de trois jeunes filles du Niger, le pays qui détient le taux le plus élevé de mariage des enfants. Les trois adolescentes de 15 ans ont poursuivi leurs parents devant le tribunal pour éviter d’être mariées de force.

«Cela se déroule en ce moment même», indique M. Osotimehin. «Si vous mobilisez les communautés, éduquez les gens et que vous leur donnez la possibilité de s’exprimer, cela peut arriver.»  

Version anglaise: UN: Child Marriage a Gross Human Rights Violation

 

 

 

   

 

     

 

       

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.