La société russe Rosneft rachète les parts de British Petroleum

British Petroleum (BP) reçoit des milliards en espèce et en actions de la part du géant pétrolier russe

Écrit par Ilya Rzhevskiy, Epoch Times
30.10.2012
  • Le président russe Vladimir Poutine (à gauche), le président du conseil BP, Carl-Henric Svanberg (à l’arrière, 2ème à droite), le chef de la direction Robert Dudley BP (à droite), le PDG de Rosneft Igor Setchine (à l’avant au centre), lors d’une rencontre à la résidence du président, à la station balnéaire de la mer Noire de Sotchi, le 18 septembre 2012. Après des mois de négociations, BP a annoncé le 22 octobre avoir accepté de vendre 50% de ses parts de sa filiale russe TNK-BP à Rosneft, la première compagnie pétrolière de Russie. (Alexey Druzhinin/AFP/GettyImages)

Le 22 octobre, British Petroleum (BP) a vendu sa part de la société TNK-BP, soit 50%, à Rosneft, la compagnie pétrolière la plus importante de la Russie, qui devient maintenant l’unique actionnaire. Ce qui  marque la fin de l’aventure BP dans l’exploration et la production pétrolière russe via TNK-BP.

La compagnie pétrolière nationale russe avait offert à BP 17 milliards de dollars en espèces et cédé une part de 13% dans Rosneft. Pour BP, cet accord signifiait qu’il pouvait garder entrouverte la porte du marché de l’énergie russe, soutenu par le Kremlin.

Son investissement précédent dans TNK-BP, non cautionné par l’État, a rapporté quelques bénéfices, mais surtout beaucoup d’ennuis. L’AAR (Alfa Acces Renova), le groupe d’oligarques russes contrôlant les autres 50% de TNK-BP butait avec BP sur des désaccords essentiels concernant la stratégie de l’entreprise.

Le conflit s’est intensifié en 2008 lorsque Bob Dudley, alors le PDG de TNK-BP, a dû fuir Moscou après, selon ses propres termes,  avoir subi une «campagne de harcèlement» de la part des chefs de l’AAR.

L’AAR a aussi accepté de céder ses parts, évaluant cette transaction à un total de 55 milliards de dollars. Les oligarques ont proposé 27 milliards de dollars pour leurs parts.

Soutenu par Rosneft, au lieu des oligarques russes, BP cherche à capter une part de bénéfices plus importante sur le marché de l’énergie russe. La compagnie pourrait également prendre part à des projets d’exploration pétrolière dans l’Arctique, projets auparavant bloqués par le groupe AAR. Enfin BP espère obtenir deux sièges au conseil d’administration de Rosneft pour devenir la deuxième voix de la société après celle du gouvernement russe, qui garde une part  majoritaire.

  • Igor Sechin, le PDG de Rosneft, géant pétrolier russe sous la tutelle de l’État, face aux journalistes après sa rencontre avec Vladimir Poutine, dans sa résidence présidentielle de Novo-Ogaryovo près de Moscou, le 22 octobre. BP a accepté de vendre sa part de 50% dans la filiale russe TNK-BP à Rosneft, la compagnie pétrolière la plus importante de la Russie. (Sergey Ponomarev/AFP/Getty Images)

En termes de pur profit, l’opération pourrait ne pas être aussi lucrative pour Rosneft que pour BP, mais elle permettra d’augmenter son influence politique à l’échelle nationale et internationale.

Si l’affaire passe l’obstacle des lois antitrust, Rosneft va devenir le premier producteur mondial de pétrole. Il dépassera Exxon Mobil, dont la production s’élève à 4,5 millions de barils de pétrole par jour.

Attention, plus grand ne rime pas forcément avec mieux. Rosneft de par son ampleur va dominer le marché russe et pourrait étouffer toute concurrence, étouffer et amoindrir l’évolution du secteur privé de l’énergie.

En outre, de nombreux analystes doutent que Rosneft ait un capital suffisant pour acheter TNK-BP totalement. Les rumeurs circulent sur un éventuel renflouement du gouvernement russe, en cas de manque de fonds.

Autre effet secondaire néfaste probable pour les entrepreneurs russes: cette opération pourrait renforcer le pouvoir et le contrôle du gouvernement de Poutine, bien qu’il ait démenti cet état de faits durant sa course à la présidentielle. À cette époque, Vladimir Poutine a déclaré que la Russie avait besoin d’un secteur privé plus robuste avec des  interventions de l’État plus faibles et plus de liberté économique.

Igor Sechin, actuel PDG de Rosneft, ancien membre du cabinet russe, a orchestré la chute de la compagnie pétrolière Ioukos, l’emprisonnement de son PDG, Mikhaïl Khodorkovski – autrefois l’homme le plus riche de Russie et le n°16 sur la liste des milliardaires de Forbes. Ioukos était la société pétrolière la plus importante de la Russie avant d’être pris en charge par l’État.

Après la chute de Ioukos, Rosneft a pris le contrôle de ses actifs, devenant ainsi la plus grande compagnie pétrolière russe. Sechin est considéré comme un proche allié de Poutine, un représentant non-officiel du FSB (services secrets russes) dans le secteur énergétique russe.

Version anglaise: Russia’s Rosneft Buys British Petroleum Venture