Les élections parlementaires tenues ce week-end en Ukraine, qui ont vu la victoire du parti du  président Victor Ianoukovitch, ont été fortement critiquées par les observateurs internationaux. Ceux-ci ont déclaré, après le vote, que le «progrès démocratique semble s’être inversé en Ukraine».

Les sondages à la sortie des urnes montrent que le parti dominant obtiendra probablement la majorité au parlement malgré les rapports de dimanche, révélant de nombreuses violations, notamment certains bureaux de vote qui auraient utilisé de l’encre invisible.

Selon un communiqué, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), organisme de l’ONU  pour surveiller les élections, a décrit les urnes ukrainiennes comme «un terrain de jeu en pente.»

L’organisation a relevé un manque de transparence, une couverture partiale des médias, une mauvaise utilisation des ressources de l’État par le parti au pouvoir dont l’unique but est d’assurer sa victoire. Le groupe a toutefois indiqué que les irrégularités le jour du scrutin étaient faibles, contrairement aux déclarations des chefs de l’opposition.

L’OSCE rappelle cependant que la totalisation des votes est problématique parce que le processus manque de transparence.

«Compte tenu de l’abus de pouvoir et du rôle excessif de l’argent dans cette élection, le progrès démocratique semble avoir reculé en Ukraine», a déclaré Walburga Habsburg Douglas, un membre suédois du Parlement, en charge de la mission de l’OSCE en Ukraine. Le ministre Suédois des Affaires étrangères Carl Bildt, via son compte Twitter a affirmé en accord avec Douglas que ces élections représentaient  «un pas en arrière» et a qualifié le tout d’«inquiétant».

«On ne devrait pas avoir à visiter une prison pour entendre s’exprimer les personnalités politiques d’un pays», a précisé Douglas dans un communiqué, se référant à l’ancien Premier ministre Ioulia Timochenko, condamnée l’année dernière. L’incarcération de Mme Timochenko, qui était le chef du parti d’opposition Batkivshchyna, a été décriée par l’Union européenne et le Département d’Etat américain comme politiquement motivée et susceptible d’avoir été orchestrée par Ianoukovitch. De leur côté les autorités ukrainiennes affirment que l’ancien ministre aurait abusé de son pouvoir durant son mandat.

Selon l’agence de presse Interfax-Ukraine le parti Batkivshchyna a obtenu environ 23,03% des voix, contre le Parti des régions dominant avec 33,41%.

Selon son avocat pour RIA Novosti, Mme Timochenko a annoncé une grève de la faim suite aux résultats pour protester contre la fraude électorale présumée en Ukraine.

L’avocat Serhiy Vlasenko a cité le chef de l’opposition déclarant: «Les élections ont été truquées du premier au dernier jour, dissimuler cet état de fait signifie la mort d’un avenir quelconque en Ukraine». Timochenko ne consomme plus de nourriture ni d’eau – c’est la deuxième grève de la faim en six mois.

«Les Ukrainiens méritaient mieux. L’«oligarchisation» de l’ensemble du processus signifie que les citoyens ont perdu leur droit de voter, ainsi que leur confiance en des élections quelconques», selon Andreas Gross, chef de l’Assemblée parlementaire de l’UE du Conseil de l’Europe. «Malheureusement, l’immense potentiel démocratique de la société ukrainienne n’a pas été réalisé dans le vote d’hier.»

L’OSCE a noté qu’il y avait un taux de participation relativement élevé dans les urnes et le processus a été bien fait dans l’ensemble, ce qui signifie que beaucoup d’Ukrainiens aimeraient pouvoir construire le processus démocratique du pays.

Le Premier ministre ukrainiens Mykola Azarov, du Parti des régions, a déclaré que si les observateurs internationaux n’en venaient pas à une conclusion positive sur ces élections, leur évaluation serait inexacte et leur propos mensongers.

«Nous espérons globalement que l’ensemble des observateurs internationaux puisse achever leurs travaux par des conclusions positives. Toutefois, si leurs rapports sont négatifs, affirmer que le blanc est noir ne changera rien», a-t-il déclaré lundi, selon le Kyiv Post.

Version anglaise: Ukraine Elections ‘A Step Backward,’ Observers Say