Exclusif: La chute de Bo Xilai et la disparition de Xi Jinping, 2ème partie

Écrit par Lin Feng, Epoch Times
31.10.2012
  • Le 29 septembre 2012 dans le Grand Palais du Peuple à Pékin rencontre du chef actuel du PCC Hu Jintao et de son successeur présumé Xi Jinping. Xi semble avoir été un successeur réticent, essayant fin août et début septembre de se soustraire de sa promotion attendue pour le 18e Congrès du Parti en novembre. (Feng Li/Getty Images)

Xi Jinping, le prochain chef présumé du PCC, aurait essayé d’éviter de devenir le dirigeant du PCC, mais ses aînés auraient réussi à le convaincre de se maintenir, craignant le désaccord des factions rivales sur un autre choix. Cet article propose d’explorer les faits.

Le 15 août un groupe de quatorze personnes se rendent de Hong Kong aux îles Diaoyu (nommées les îles Senkaku au Japon). Sept membres du groupe arborent les étendards chinois, clamant l’appartenance de ces îles à la République Populaire de Chine. Très rapidement, ils sont arrêtés par les Japonais.

Le débarquement sur ces îles a attisé un nationalisme chinois vigoureux et la haine du Japon, provoquant de nombreux mouvements dans le pays. De très nombreux militants antijaponais se sont regroupés pour protester à travers les grandes villes du pays. Parmi les slogans des manifestants il était possible de lire: «Les îles Diaoyu appartiennent à la Chine, Bo Xilai appartient au peuple».

Les médias du monde entier ont traité ces manifestations comme l’expression ultime du nationalisme chinois dans un contexte qui s’explique par les tentatives de la Chine de faire valoir ses droits sur la mer de Chine méridionale. Cependant certaines sources dans le secret des conversations au sein du PCC, à un très haut niveau, ont éclairé Epoch Times sur les réels enjeux de cette affaire.

Hu Jintao, le chef du Parti communiste chinois, va considérer ce débarquement sur les îles Diaoyu comme une déclaration de guerre de la part de Zhou Yongkang et de la faction de Jiang Zemin, mais aussi comme un mouvement cherchant directement à lui porter atteinte, ainsi qu’à son Premier ministre Wen Jiabao et à Xi Jinping, le présumé prochain dirigeant du PCC et globalement à toute son équipe.

Ainsi, une rencontre planifiée en mai à l’hôtel Jingxi à Pékin devait avoir comme objectif,  d’atténuer les rivalités. Dans ce cadre, Hu Jintao avait réussi à mettre en présence, 200 des personnalités les plus importantes du PCC pour leur proposer un compromis.

Zhou Yongkang et d’autres se voyaient offrir la possibilité de couper les ponts avec Bo Xilai sans être impliqués dans sa chute. Ainsi, jusqu’au 18ème Congrès du Parti, Zhou Yongkang pouvait continuer à s’exprimer publiquement, mais il devait néanmoins se retirer totalement après le congrès. Zhou devait également renoncer au droit de désigner son successeur à la tête du Comité des Affaires politiques et légales, un organe tout-puissant du PCC qui contrôle presque tous les aspects de l’application de la loi.

Les radicaux du Parti avaient accepté de soutenir des réformes politiques limitées, notamment «les élections libres en haut de l’échelle», en désignant la province du Guangdong comme terrain d’essai.

Les vétérans du Parti ont cautionné la réunion de Jingxi, mais des deux côtés les membres sont arrivés amenant avec eux des stratégies différentes.

Dans les mois qui ont suivi la  tentative de fuite de Wang Lijun, le 6 février, Hu Jintao et Wen Jiabao ont assiégé Zhou Yongkang, le plaçant continuellement sous surveillance, de sorte qu’il ne puisse plus tirer les ficelles du comité des Affaires politiques et légales. Ses alliés les plus proches au sein de l’organisme ont dû se retirer et des changements institutionnels ont été mis en place pour réduire son pouvoir.

Zhou avait donc de nombreuses raisons de craindre que s’il n’exprimait pas son accord, il pouvait tout comme Bo Xilai être l’objet de poursuite.

Hu Jintao comprenant que les crimes de Bo Xilai avaient impliqué de trop nombreux responsables du Parti a organisé la réunion de Jingxi pour sauver le Parti. En effet si tous les coupables se trouvaient poursuivis, le PCC se verrait réduit en poussière.

Par ailleurs, les derniers rapports économiques sont désastreux. Le chef d’état-major du Conseil d’État a annoncé lors d’une réunion que les économies de Shanghai et de la province du Zhejiang n’ont pas enregistré la croissance attendue de 7% au cours de la dernière année, s’en trouvant par-là nettement affaiblies.

De nombreuses entreprises dans la ville, jadis prospère, de Dongguan font faillites. Les autorités locales sont en difficulté pour trouver les fonds nécessaires pour payer leurs employés. Les économistes évoquent «l’atterrissage brutal» d’une économie qui ira désormais en chute libre.

Les deux camps s’accordant sur les conséquences et les menaces économiques, pour le Parti lui-même, vont convenir donc de collaborer.

La loi martiale

Cependant cette entente ne modifie pas véritablement la position inconfortable de la faction de Jiang. Zhou Yongkang, Li Changchun, le ministre de la Propagande, ainsi que d’autres ne voulant pas se résoudre à perdre le pouvoir.

Si le Parti se voit dirigé par Xi, qui n’est pas réellement impliqué dans la persécution du Falun Gong, celui-ci pourra y mettre fin, or, une fois la persécution terminée, la pression due au fait d’avoir des comptes à rendre pour ces crimes sera immense.

Des millions de Chinois ont été torturés et soumis au lavage de cerveau. Le Centre d’information du Falun Dafa peut confirmer l’exécution injuste de plus de 3500 pratiquants de Falun Gong, il affirme toutefois que le nombre réel de victimes se chiffre en dizaines de milliers. Nombreux aussi sont ceux qui ont été meurtris.

Selon les recherches effectuées par David Kilgour, l’ancien secrétaire d’État canadien en charge de la région Asie-Pacifique, et David Matas, l’avocat spécialisé dans les droits de l’homme, dans les années 2000 à 2005, 41 000 pratiquants ont probablement été assassinés par le biais du prélèvement forcé d’organes. Selon les estimations de l’avocat, chaque année environ 8000 pratiquants auraient été tués de cette manière, de sorte que le nombre total de victimes avoisine désormais les 100 000. Une génération d’orphelins a été créée; à travers toute la Chine, des familles ont été réduites à néant, des carrières ont été piétinées, des moyens de subsistance ont été anéantis, des foyers ont été dévastés.

Afin d’éviter d’être tenus pour responsable de ces atrocités, la faction de Jiang a conscience de devoir garder le pouvoir coûte que coûte. Après la réunion à Jingxi, la faction s’est réunie à plusieurs reprises pour discuter du problème... et attendre son heure.

La controverse concernant les îles Diaoyu a représenté une opportunité à saisir.

De nombreux bateaux destinés à transporter des militants chinois sur les îles Diaoyu, cet été, ont été soigneusement éconduits par le régime.

Jusqu’au 15 août, jour où l’une de ces embarcations a enfin obtenu l’autorisation de la part du chef de l’exécutif de Hong Kong, Leung Chung-ying, pour aller de l’avant et accoster sur l’archipel. Celui-ci, en collaboration avec le Département de Travail du Front uni (DTFU), arrange toute l’excursion de ces bateaux de pêche.

Or Leung est un protégé de Zeng Qinghong, l’un des alliés de longue date de Jiang Zemin. Zeng est un ancien membre du Comité permanent du Politburo et l’actuel chef de l’Assemblée populaire nationale, il avait, bien des années auparavant, détenu le portefeuille de Hong Kong.

Le Département de Travail du Front uni est un Service de renseignements chinois en charge des alliances avec des organisations qui ne sont pas officiellement affiliées au PCC, afin de collaborer pour mettre en déroute tout adversaire du Parti.

Dirigé par Du Qinglin, le DTFU est la dernière institution du Parti que contrôle encore la faction de Jiang.

Le Front uni a utilisé les médias chinois à l’extérieur de la Chine pour faire monter la température, attiser les controverses autour des îles Diaoyu, l’effervescence nationaliste et l’action.

La faction espérait pouvoir exploiter ces manifestations de masse pour faire pression sur Hu Jintao et Xi Jinping. Amenant la Chine au bord d’un conflit avec le Japon, elle pouvait alors hâter les préparatifs d’une guerre, notamment [et surtout] l’instauration de la loi martiale: avec pour conséquence un retard du 18ème Congrès du Parti, l’ajournement de l’élection des nouveaux dirigeants, avec Zhou Yongkang, ainsi que d’autres se maintenant au pouvoir pour une période de temps reconduite.

Une guerre de l’information s’ajoute alors aux évènements. Fin août, la faction a utilisé ses contacts au DTFU pour répandre, à l’échelle internationale, la rumeur selon laquelle Hu Jintao abandonnerait le contrôle de l’armée après le 18ème Congrès du Parti, augmentant le sentiment que les événements sont incontrôlables.

Zeng Qinghong, en personne, a circulé parmi les fonctionnaires du PCC, affirmant qu’il est temps pour le Parti de se tourner vers la loi martiale pour gérer le problème de l’archipel Diaoyu et la crise économique.

Pression sur Hu, Wen et Xi: les événements d’Hong Kong

Leung Chun-ying, lors de son entrée en fonction le 30 juin 2012, a immédiatement commencé à promouvoir le plan de l’Éducation nationale; programme considéré à Hong Kong comme une tentative pour manipuler les enfants de la ville, soulevant des semaines d’énormes protestations.

La promotion de l’Éducation nationale avait pour but d’irriter les citoyens de Hong Kong, provoquer des troubles et embarrasser Hu Jintao et Wen Jiabao durant le Congrès du Parti.

De même, lorsque Gu Kailai se voit condamnée avec sursis, le 20 août, pour l’assassinat de l’homme d’affaires britannique Neil Heywood, les espions du Front uni commencent à semer les germes du doute afin de délégitimer son procès et toute mesure disciplinaire visant Bo.

L’information va circuler comme quoi, Gu Kailai n’a pas pu personnellement se rendre au procès, mais son sosie. En effet, lors de ce jugement, elle aurait été «capturée» par les rivaux de Bo voulant le piéger à mort.

On a également entendu que Zhou Yongkang aiderait Bo à inverser le verdict afin d’obtenir un nouveau procès pour Gu.

Les sites de langue chinoise basés hors du pays ont évoqué alors l’un des hommes de confiance de Zhou, expliquant le 3 septembre que celui-ci aurait déclaré en privé, à plusieurs reprises, que Gu Kailai n’avait nullement assassiné Heywood.

L’homme de confiance aurait également dit que Zhou Yongkang avait plusieurs fois visité Bo Xilai et Gu Kailai durant ces derniers mois. Zhou Yongkang aurait déclaré que Bo Xilai estimait que l’obscurité allait vite passer, laissant à nouveau pénétrer le soleil.

Contre-attaque

Le 29 août 2012, le vol Air China CA981 est contraint, après 7 heures de vol, de revenir d’urgence à son lieu de décollage, à savoir Pékin, alors qu’il se dirigeait vers New York.

Une source déclare à Epoch Times qu’une espionne du DTFU nommée Mme Ding a été arrêtée, une fois l’avion revenu dans la capitale. Hu Jintao aurait personnellement ordonné le retour du vol.

Le 1er septembre, voit se réaliser un événement des plus singuliers, le PCC annonce trois grands changements de personnel en une seule journée.

Du Qinglin démissionne soudainement de son poste de directeur du Front uni, remplacé par Ling Jihua, un homme de confiance de Hu Jintao ayant sans cesse œuvré à démonter la clique de Bo Xilai. Par ailleurs, Li Zhanshu, un pilier de la Ligue de la jeunesse communiste du côté de Hu et, dit-on, proche de Xi Jinping, obtient l’ancien poste de Ling en tant que chef de l’état-major général du PCC.

Le 5 septembre, Xinhua annonce que Wang Lijun devrait être traduit en justice.

Ce même jour, le 5 septembre, Hu Jintao interdit à Leung Chun-ying de se rendre en Russie pour participer à la réunion de l’APEC. À nouveau le chef de l’exécutif de Hong Kong se voit contrarié à un niveau international, car à l’évidence son propre gouvernement se méfie de lui. Cette interdiction devient aussi un indicateur pour les citoyens de Hong Kong, comprenant de quel côté se situe véritablement Leung.

Le 9 septembre, Leung annonce le retrait du plan de l’Éducation nationale d’Hong Kong.

Toutes ces mesures de la faction de Jiang poussent finalement Xi Jinping au pied du mur, celui-ci n’ayant d’autre choix que celui d’admettre la menace que représentent les événements pouvant le mener, lui et les siens à être discrédité à l’intérieur comme à l’extérieur du PCC. Ne pouvant plus reculer, Hu Jintao et Xi Jinping se joignent pour attaquer.

Retour féroce de Xi

Alors que Hu Jintao et Xi Jinping doivent à nouveau empoigner la faction de Jiang, Xi déclare inopinément ne pas souhaiter devenir le prochain chef du PCC.

Lors d’une réunion du Politburo fin août, celui-ci explique qu’il souhaite seulement devenir membre du Comité central du PCC pour participer au renforcement et au développement du groupe. Cette annonce choque tout Zhongnanhai et tous ceux qui sont mis au parfum.

Le 4 septembre, Xi annule une réunion avec Hillary Clinton et disparaît publiquement soulevant maintes spéculations.

Xi a initialement été choisi parce qu’il était accepté des deux côtés. Avec personne pour le remplacer, la chute de Xi représenterait le déclin assuré du PCC.

Les aînés du Parti entrent alors en scène pour tenter la médiation. Qiao Shi, Li Ruihuai, Zhu Rongji et la famille très puissante de Ye Xuanning concluent un accord exprimant leur soutien à Xi.

Durant les quatorze jours de sa disparition publique, un nouveau consensus se développe au sein du Parti: le 18ème Congrès se réunira le 8 novembre et la vie politique de Bo Xilai est définitivement enterrée; le Parti éliminera systématiquement les influences résiduelles de la Révolution culturelle et réduira progressivement la pensée de Mao Zedong, le marxisme-léninisme et autres.

Le 19 septembre, Tung Chee-hwa, l’ancien chef de la direction de Hong Kong donne une interview inattendue à CNN.

Tung déclare que Xi Jinping aurait été blessé au dos en nageant, ce qui explique sa disparition de deux semaines. Au passage, Tung rappelle subtilement que Xi deviendra probablement le nouveau chef du Parti.

L’Ombre de Bo Xilai

Depuis que Wang Lijun, chef de la police et  homme de main de Bo Xilai, ancien député et maire, a fui vers le consulat américain à Chengdu, le 6 février 2012, la direction du PCC a dû faire face à un ensemble de plus en plus restreint d’options.

Exposer les atrocités commises par la faction de Jiang Zemin mènerait le Parti droit vers un  discrédit définitif auprès du peuple chinois, donc vers sa perte.

Ne pas exposer les atrocités de la faction de Jiang, c’est lui permettre de rester politiquement viable. La faction de Jiang sait que si elle perd le pouvoir, elle se retrouvera d’emblée sur le banc des accusés. Elle ne peut se protéger qu’en gardant le pouvoir.

Mais si elle reste, tous les espoirs de réforme en Chine prendront fin. Or le mécontentement populaire grandissant chaque jour face à l’échec de la réforme, entérine aussi la fin probable du Parti.

La réunion à l’hôtel de Jinxi en mai représentait une tentative de la part de Hu Jintao pour ménager la situation: la faction de Jiang pouvant ne pas avoir à payer pour ses crimes, laissant de côté néanmoins, les luttes intestines, pour qu’enfin puisse s’amorcer l’ère de la réforme politique.

Mais finalement durant cet été la faction aura tout essayé pour s’accrocher au pouvoir, discréditer Hu et Xi.

Au cours des deux premières semaines de septembre, à la suite de la tentative de démission de  Xi, le Parti a choisi d’aller de l’avant concernant Bo Xilai. La problématique, encore une fois, étant de sauver le parti.

La réaction à l’annonce de l’agence Xinhua du 28 septembre, que Bo devra assumer l’essentiel des charges, montre toutefois la fragilité réelle du Parti et de son consensus.

Les fonctionnaires provinciaux n’ont nullement, comme ils l’ont fait lors de l’exclusion de Bo du Comité du Parti de Chongqing le 15 mars ou du Politburo le 10 avril, montré leur «soutien enthousiaste au Comité central du PCC».

Car, en réalité, les crimes dont Bo est accusé sont fréquents chez tous les fonctionnaires du PCC. Beaucoup pourraient facilement être démis comme il l’a été. En outre ces accusations de corruption ne mettent pas réellement fin à la carrière politique de Bo, elles laissent la porte entrouverte pour un retour éventuel.

Ruiner Bo sans éliminer la faction qui le soutient rend possible un retournement qui mènerait Hu Jintao, Wen Jiabao, et Xi Jinping à devenir à leur tour accusés de «gestion inefficace».

Après le 18ème Congrès national, si Xi Jinping semble toujours être dans le camp de la minorité du Parti sans s’être débarrassé de ses puissants opposants politiques, les fonctionnaires locaux cherchant à se protéger hésiteront peut-être à lui exprimer leur allégeance.

Quant aux maoïstes du Parti, ils n’ont nullement disparu. Durant les nombreuses manifestations antijaponaises de la mi-septembre, le slogan «Bo Xilai appartient au peuple» est apparu plus d’une fois.

De même que la faction de Jiang est obligée de garder le pouvoir pour sa survie, de même Xi Jiping doit réussir, pour la sienne, à lui faire payer ses crimes.

Note de l’éditeur: L’ancien policier d’élite de Chongqing, Wang Lijun, a fui pour sauver sa vie au consulat américain à Chengdu, le 6 février, et voilà qu’il a provoqué une tempête politique qui ne s’est toujours pas éteinte. La bataille bat son plein dans les coulisses pour savoir qui devra assumer la persécution du Falun Gong. La «faction aux mains pleines de sang», comprenant les anciens responsables du PCC promus par Jiang Zemin n’ont eu de cesse d’encourager cette persécution. Elle cherche désormais à éviter d’avoir à rendre des comptes pour ces crimes, et espère pouvoir poursuivre ses campagnes. Désormais cependant, de nombreux responsables refusent de participer au martyr. Les  événements présentent un choix évident pour les fonctionnaires et les citoyens chinois, ainsi que pour les gens du monde entier: appuyer ou s’opposer à la persécution du Falun Gong. L’histoire retiendra le choix de chacun.

Version anglaise: Exclusive Part II: The Truth Behind Xi Jinping’s Back Injury