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Enseigner à l’ennemi: les efforts d’une femme juive pour éduquer dans l’Allemagne d’après-guerre

Écrit par Tara MacIsaac, Epoch Times
31.10.2012
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  • LégendetMargot Barnard, chez elle à Hampstead Heath à Londres. Cette femme juive allemande a fait des efforts durant des décennies pour parler ouvertement de l’Holocauste avec des élèves dans des centaines d’écoles à travers l’Allemagne et l’Angleterre. (Tara MacIsaac/Epoch Times)

LONDRES – Margot Barnard a été une pionnière de l’éducation sur l’Holocauste. Dès les années 1950, cette juive allemande a discuté ouvertement de l’Holocauste avec les Allemands. Vive, âgée de 92 ans, elle a discuté avec des élèves dans des centaines d’écoles dans toute l’Allemagne et l’Angleterre, pendant des décennies.

Sa taille minuscule et son sens de l’humour sud-allemand ont mis ses élèves à l’aise, a-t-elle expliqué à Epoch Times. Une lumière blafarde illuminait son visage alors qu’elle était assise à son domicile de Hampstead Heath, un après-midi pluvieux d’août. Elle a vaincu des adolescents skinheads dans les écoles allemandes par son sourire et ses manières gentilles. Cependant la résistance de certaines communautés juives a été plus difficile à dissiper.

Certains juifs ont considéré sa campagne d’éducation comme une fraternisation avec l’ennemi. Une fois, son frère Walter lui a demandé si son pardon s’étendait aux assassins de ses parents.

«Il y a de nombreux holocaustes», a déclaré Margot Barnard. «Nous devons y mettre fin; tout du moins, nous devons essayer.»

Elle est partie en Palestine en 1933, trois ans après qu’Adolf Hitler a obtenu le pouvoir. Ses parents avaient voulu la rejoindre, mais ils n’ont pu obtenir de visa. Plus tard, elle a rejoint les forces britanniques et épousé un soldat britannique, Ted Barnard. Alors qu’ils se rendaient en bateau, d’Égypte vers l’Angleterre, Margot se rappelle avoir entendu l’annonce: «La guerre en Europe est terminée».

Margot a pu la célébrer avec les autres passagers, mais elle se demandait ce qu’il était advenu de ses parents. Lorsqu’elle avait quitté sa mère pour se rendre en Palestine, cette dernière avait imploré: «S’il te plaît, ne pars pas. Je ne te reverrai jamais!» Margot savait que ses parents avaient été emmenés dans un camp de concentration.

Lorsqu’elle est arrivée avec son mari en Angleterre en 1945, elle n’a rencontré qu’hostilité et ignorance. Londres vivait dans l’euphorie de la fin de la guerre. Lors d’une fête de rue, les gens dansaient mais Margot restait à l’écart. Son époux a expliqué sa réserve: «Malheureusement, nous avons appris, seulement ce jour-là, que [ses parents] avaient été assassinés».

Margot s’est souvenu de la réponse de son beau-frère: «Ce n’est que de la propagande, ce n’est pas arrivé».

Margot pensait que chacun savait ce que les Nazis avaient fait subir aux juifs, mais elle a découvert que la plupart des Londoniens en étaient totalement inconscients.

Sa belle-famille et d’autres étaient hostiles à son égard. Elle était Allemande – l’ennemi – mais aussi une juive, une Palestinienne et une étrangère.

Retour en Allemagne

Lorsque son époux a été nommé en Allemagne, en 1956, elle est partie avec lui vers son pays natal. Cependant, même là, elle était une étrangère. Juive et maintenant citoyenne britannique – membre de la puissance d’occupation – elle s’est sentie indésirable.

De nombreux Allemands continuaient à soutenir le nazisme, alors que d’autres niaient le génocide. Cependant, le plus difficile pour Margot était le sentiment que la vie continuait simplement, comme d’habitude. Elle se souvenait d’avoir observé une femme mangeant un gâteau à l’extérieur d’un café à Hanovre comme si des millions de juifs n’avaient jamais été envoyés dans des chambres à gaz. Le chagrin de Margot remontait à la surface.

Elle a décidé de s’exprimer dans une école allemande pour la première fois, en 1987. Les élèves étaient heureux de parler ouvertement de l’Holocauste puisque beaucoup d’entre eux ne pouvaient le faire chez eux. Ils se sentaient coupables et honteux, ils savaient que certaines personnes haïssaient les Allemands à cause de l’Holocauste.

Dans certaines écoles, elle a été mise en garde contre des adolescents skinheads. Elle se souvenait comment, à Beuel, un groupe de jeunes de 15 ans se tenait de façon menaçante alors qu’elle entrait dans la classe. Dès que Margot s’est exprimée, ils ont décidé de prendre un siège. À la fin de la classe, ils ont même participé calmement à la discussion.

Cependant, Margot ne discutait pas beaucoup de la guerre avec ses propres enfants. Son fils aîné David, a, une fois, avoué qu’il pensait qu’elle n’en parlait pas parce que ses parents avaient fait quelque chose de mauvais. Il ne pouvait comprendre pourquoi ils avaient été assassinés. Les années passant, elle a pu discuter plus ouvertement de l’Holocauste avec sa famille. Cependant, son frère qui était parti au Canada a évité le thème lorsqu’ils se sont retrouvés ensemble après la guerre.

Pour Margot, il est important de discuter, non seulement de la guerre, mais aussi des racines de l’antisémitisme. Elle a découvert que les professeurs étaient souvent ignorants de ces racines et, ainsi, incapables d’éduquer leurs élèves. Un professeur de Bonn, la ville natale de Barnard, lui a dit lors d’une rencontre: «Vous êtes notre professeur». Un hommage de l’influence éducative de Margot a été la récente appellation de l’école secondaire Medinghoven en école secondaire Margot Barnard.

 

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