Initialement prévu le 31 octobre 2012, Jean-Marc Ayrault présentera le 7 novembre au conseil des ministres, le projet de loi ouvrant le droit au mariage homosexuel. Dominique Bertinotti, ministre de la Famille, déclarait récemment à ce sujet que «rien n’était encore ficelé». Certains signes d’hésitation de la part du gouvernement  renseignent sur la difficulté du cadre à donner à cette réforme, dont l’aide à la procréation médicale, promesse de campagne de François Hollande, n’est plus à l’ordre du jour.

Historiquement, le gouvernement français a toujours voulu légiférer pour donner plus de libertés au peuple français. En 1792, le divorce fait son apparition dans le code civil. Son application ne concernait que des cas particuliers comme l’adultère, les violences et les injures graves. En 1968, des générations d’après guerre demandent le droit des femmes, la libération sexuelle et remettent en question les valeurs de l’éducation. L’université est réformée et un an plus tard la mère devient, devant la loi française, l'égale du père en matière d'autorité parentale. En 1975, le code civil est réécrit par le président Valéry Giscard d’Estaing, facilitant le divorce par consentement mutuel. En 1999, le pacs est voté pour répondre à la demande des couples de même sexe de voir leur union reconnue par le droit français. Assouplir la loi, donner plus de libertés individuelles, tel a été le sens de la marche en même temps qu’autant de pierres  propices à remettre en question le modèle familial dans la société.

Au fur et à mesure de la libéralisation de la société – conférant plus de libertés à l’individu au détriment de règles du vivre ensemble – le modèle familial est devenu de plus en plus instable. En 1968, le pourcentage de mères célibataires s’occupant seules de leurs enfants était de 9% pour atteindre 40% en 2004. Selon l'Institut national de la statistique, 3,3 millions d'enfants ne vivent plus avec leurs deux parents, et seulement 14% des familles monoparentales ont à leur tête le père biologique. En 2006, on comptait en France 580.000 familles recomposées et 30.000 à 50.000 enfants élevés dans une famille homoparentale (dont le couple est de même sexe), le modèle familial d’un père et d’une mère non divorcés restant encore majoritaire dans la société.

Le mariage en occident vient historiquement d’un héritage chrétien et prévoit que deux époux, un homme et une femme, s’en remettent au sacrement de Dieu pour sceller leur union. Dans d’autres cultures, comme la culture orientale, le mariage est une relation prédestinée et un arrangement des cieux (de la nature) entre les vertus yang de l’homme et celles yin de la femme.

Dans ce contexte, le projet de loi qui sera proposé par Jean-Marc Ayrault en novembre et voté à l’Assemblée nationale début 2013, s’armera pour prendre en compte tous les aspects et les implications de leur décision. Le Premier ministre a d’ailleurs trouvé légitime le 19 octobre 2012 de donner plus de temps à la réflexion tant le débat soulève une question cruciale sur les fondements de la famille et de la société.