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Une loi française peut-elle réglementer la fin de vie?

Écrit par Ivo Paulovic, Epoch Times
01.11.2012
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  • Le député-maire d’Antibes, Jean Leonetti, président du rapport de la mission d’information sur l’accompagnement de la fin de vie. (Valery Hache/AFP)

Cette fin d’année sera marquée par les débats autour de l’euthanasie et des résultats de la commission de réflexion sur la fin de vie dirigée par le professeur Didier Sicard sur demande de François Hollande. Depuis la loi Léonetti relative aux droits des patients en fin de vie adoptée en 2005, la question de la fin de vie assistée est restée polémique, notamment avec la médiatisation des maladies modernes nécessitant des traitements médicaux lourds. Pour comprendre le contexte de la législation du droit des patients en fin de vie, il faut considérer à la fois les données culturelles, religieuses et philosophiques, ainsi que les résultats scientifiques récents sur des expériences de mort imminente.

«Ne pas provoquer délibérément la mort»

Les médecins en France sont tenus de respecter le serment d’Hippocrate. Ce serment est à l’origine de la médecine en Occident au IVe siècle avant J.-C., lorsqu’Hippocrate décompose la santé alors du domaine philosophique, en une médecine du corps basée sur la médicamentation et les conditions de soin du patient. La clause «Je ne provoquerai jamais la mort délibérément» de ce serment a été préservée dans la loi Leonetti de 2005. Durant sa campagne présidentielle, François Hollande abordait la question d’une «assistance médicalisée pour mourir», c’est pourquoi il a confié en juillet une mission de réflexion sur ce sujet au professeur Didier Sicard, avec date limite de rendu des copies le 22 décembre 2012.

La loi Leonetti complète les dispositifs déjà établis de soins palliatifs et du droit des malades en fin de vie tout en éclairant les zones d’ombres qui pourraient prêter à confusion. Elle se penche sur le maintien en vie artificiel de personnes atteintes de maladies graves et introduit le cadre d’«obstination déraisonnable» des traitements médicaux qui peut «ne pas être entrepris» à la demande du patient ou sur décision du médecin traitant si le patient est inconscient. L’arrêt du traitement (la nutrition et  la respiration artificielle étant considérés comme tels) peut se traduire alors par un accompagnement vers la fin de vie.

Avec la recrudescence des maladies dites modernes telles que le cancer, la question de l’euthanasie est un sujet brûlant. D’après le docteur Rima E. Laibaw, entre 1950 et 2008, le nombre de cancers a augmenté de 300%. Un grand nombre de patients se trouvent en phase terminale ou sont atteints d’handicaps lourds. Cette situation place le patient, les proches ainsi que les médecins devant un dilemme d’une durée indéterminée.

La société française est en train de se pencher sur cette question de la liberté de mourir qui peut s’apparenter à un droit de se suicider, impliquant un renoncement de la mort par l’individu. La tendance générale serait en effet de considérer la mort comme une fin en soi, vision culturelle acquise par la société bien qu’erronée au regard des expériences scientifiques en rapport avec la fin de vie.

À la frontière entre la vie et la mort

Loin de la culture macabre des nouvelles générations prenant comme modèle des morts vivants, des démons ou des vampires, la question de la vie après la mort implique d’autres éléments que la mort du corps physique.

Certains faits scientifiques nous apprennent en effet davantage sur la mort. C’est le cas notamment de l’état entre la vie et la mort, appelé EMI (expériences de mort imminente). Bien que la communauté scientifique doive en nier l’existence, les expériences et les récits de vie après la mort démontrent la présence d’un univers de connaissances non encore compris par l’homme avec les moyens technologiques actuels. Le psychiatre Michael Schroter-Kunhardt propose une définition psychiatrique de l’EMI qui consiste selon lui en une expérience d’images complexes, composées cependant d’éléments de bases communs à tous types de culture : une sortie du corps, la vision d’un tunnel et d’une lumière, des rencontres avec des personnes décédées et un paysage céleste. Certaines études tendent à montrer qu’au seuil de la mort, la glande pinéale sécrète dans le cerveau de puissantes endorphines naturelles telle que la diméthyltryptamine - un hallucinogène, ainsi que des substances proches de la morphine, substances responsables au niveau physiologique des visions et des sensations d’apaisement.

Pour décrire un cas clinique célèbre, une opération de neurochirurgie a eu lieu en 1991 pour enlever un anévrisme dans le cerveau de Pamela Reynolds à l’hôpital Saint-Joseph à Phœnix en Arizona. Cette intervention très compliquée requiert l’absence du sang dans le cerveau pendant une demi-heure, la mort clinique du patient ainsi que le maintien du corps à 15,5 °C - l’activité électrique du cerveau et du tronc cérébral étant surveillée ainsi que toutes les données physiologiques. Quatre heures après le début de l’intervention la patiente était dans un état de mort clinique provoqué artificiellement, les ondes cérébrales de son cerveau étaient nulles et le tronc cérébral était complètement inactif. Au même moment, la patiente a vécu une expérience de sortie corporelle et elle a pu rapporter les dialogues qui ont eu lieu entre les médecins ainsi que l’apparence des outils et les techniques utilisées pour sa propre opération, alors qu’elle était cliniquement morte. Certains médecins ont comparé son témoignage avec l’enregistrement de l’opération et se sont rendu compte que les dialogues qu’elle décrivait ainsi que tous les autres faits étaient exacts. Pamela Reynolds a par ailleurs rapporté les visions du tunnel, le flottement dans l’air et la rencontre avec ses proches décédés.

Les études sur les EMI du docteur Pim van Lommel, éminent cardiologue, décrivent les récits et les interrogations de nombreux patients ayant vécu un état de mort clinique. Elles amènent à la conclusion que la conscience se trouverait en dehors du cerveau et que le cerveau ne serait principalement qu’un transmetteur. Les conclusions auxquelles sont arrivés d’autres scientifiques, Simon Berkovich, chercheur américain en intelligence artificielle et Herms Romijn, chercheur néerlandais en neurosciences, aboutissent au même résultat: la dissociation indispensable entre le cerveau et l’esprit pour pouvoir expliquer les capacités subjectives et créatives de l’être humain. Ces résultats fournis par des scientifiques dans les domaines les plus avancés de la connaissance expérimentale, se rapprochent de la croyance chrétienne qu’une âme, un corps conscient se détacherait du corps d’un défunt au moment de la mort.

La mort, pas une fin en soi

La société moderne souligne l’importance de la préservation de la vie et de nombreux pays européens ont aboli la peine de mort dans ce sens. Supprimer une vie humaine est considérée comme un acte grave du point de vue législatif et moral. Jean Leonetti et les parlementaires en 2005 avaient rejeté l’idée de l’ultime liberté, le droit de demander une assistance pour mourir en justifiant que la société n’avait pas à assumer ce geste pour la personne.

Dans la culture chrétienne, fondatrice des valeurs de l’occident, commettre un suicide ou un meurtre ne permet pas d’accéder au paradis et au repos éternel. La mort y est considérée comme le début d’une nouvelle vie dans le royaume des cieux. Les croyants considèrent très sérieusement la question de la vie après la mort et s’y préparent avec une bonne conduite pendant leur vie.

Le bouddhisme, à la base de la culture orientale en Asie, considère que la conscience passe par un cycle de réincarnations sur terre, la naissance et la mort n’étant que des étapes. D’après la philosophie orientale, la moralité et la capacité d’une personne à vivre dans la souffrance déterminent sa position de vie dans le futur. Cette croyance se traduit dans certaines traditions d’Inde et du Tibet par une célébration de la mort comme un événement libérant l’homme de sa vie terrestre.

La mort n’est donc pas synonyme d’une fin en soi au regard des différentes cultures et au regard, dans l’histoire, de la culture européenne. C’est bien là toute la difficulté de la commission de réflexion sur la fin de vie dirigée par le professeur Didier Sicard, à même de déterminer quelle valeur sera attribuée à cet évènement de la fin de vie d’une personne.

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