Cloud Atlas

Une coquille épique

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
29.10.2012
  • Cloud Atlas met en scène l'histoire de Sonmi-451 (Doona Bae, gauche) qui est sur le point d'accomplir son destin grâce à l'aide de Hae-Joo Chang (Jim Sturgess, droite). (Warner Bros.)

Sans conteste le défi le plus colossal de leur carrière jusqu'à maintenant (sans forcément être le plus accompli), Cloud Atlas est le rêve commun devenu réalité des réalisateurs et scénaristes Tom Tykwer (Run Lola Run, Perfume), Andy et Lana Wachowski (The Matrix Trilogy). Derrière une Fprésentation résolument spectaculaire se trouve une complexe chaîne d'imperfections mêlées à quelques joyaux.

Une quinzaine d'individus, liés entre eux sur plusieurs générations et dans différents endroits sur le globe, vivent, meurent et poursuivent le cycle de réincarnation selon ce qu'ils ont décidé de faire avec leur vie.

Il est évident que tout ce film est d'abord un banquet royal cinématographique dans lequel les réalisateurs et les acteurs ont priorité. Beaucoup de rôles, de costumes, de maquillages, de lieux de tournage, etc. À la sortie vidéo, les probabilités sont bonnes que l'on trouve plus passionnant le making of et les bloopers que la production elle-même. Quand vient le temps pour le spectateur de voir le tout sur grand écran, il reste peu de substance proposé dans une porcelaine fine et très coûteuse.

On reconnaît d'excellents acteurs et actrices et d'autres talents moins connus, mais la dynamique atypique de Cloud Atlas donne peu d'occasions à chacun de se commettre, même s'ils possèdent plus d'un rôle. Par exemple, l'attente de retrouver l'acteur Tom Hanks ou Halle Berry sous de nouveaux visages est supérieure à celle de vivre de grands moments de jeu. Un bémol pourrait être fait pour l'acteur Jim Sturgess (One Day, Across the Universe), Ben Whishaw (Skyfall, Perfume), mais surtout Hugh Grant (Music and Lyrics, Notting Hill, About a Boy) qui scintille par sa seule présence dans cette distribution dans laquelle il était plus que surprenant de le retrouver.

  • James D'Arcy (gauche) jouant le jeune Rufus Sixsmith et Ben Wishaw (droite) en tant que Robert Frobisher font partie de la distribution du drame épique Cloud Atlas. (Warner Bros.)

Identifier les différents acteurs à travers leurs nombreuses peaux, que ce soit pendant le film ou dès que le générique est lancé, est l'une des occupations que l'on peut avoir durant les 2 heures et 52 minutes du très long métrage. Une autre serait de rire des acteurs masculins interpréter des femmes, dont l'acteur Hugo Weaving (The Matrix Trilogy, V for Vendetta, Oranges and Sunshine) en infirmière Noakes. Le fait de voir l'acteur en caricatures du personnage de l'Agent Smith qu'il a interprété dans The Matrix Trilogy fait également sourire. Cette tendance à utiliser les acteurs à tout vent n'apporte guère au film, un des nombreux caprices farfelus du trio de réalisateurs perceptibles au visionnement.

La ribambelle de personnages peu développés n'attire pas les faveurs des cinéphiles, exception faite pour le personnage de Jim Broadbent (Harry Potter and the Half-Blood Prince, Gangs of New York), Timothy Cavendish, et les acteurs l'entourant lors de ses segments.

Une trame sonore d'un calibre acceptable est servie avec Cloud Atlas mais, comme tout le reste du film, la qualité n'arrive pas à accoter l'ambition titanesque des réalisateurs.

Chacune des histoires propulsées ainsi que leur enchaînement sont inégaux et peu originaux. Au lieu d'avoir vu un film de qualité moyenne, on sort du cinéma en ayant la sensation d'avoir vu plus de cinq films de qualité moyenne. La plupart des répliques saisissantes bien intégrées aux bandes annonces sont les quelques lignes clés qui reviennent à l'occasion, sans habiter l'univers créé. Cloud Atlas transpire d'un bon vouloir, d'esprit inventif et visionnaire, mais sans pour autant absorber le spectateur.

L'élément central qu'est le karma, le retour du balancier après avoir fait une bonne ou une mauvaise chose, est exploité gauchement. Il y avait pourtant là le potentiel de pouvoir nous questionner avec une profondeur inouïe sur notre humanité, un peu comme l'avaient fait les frères Wachowski avec The Matrix Trilogy.