Le journaliste grec d’investigation et éditeur du magazine Hot Doc, Costas Vaxevanis, sera jugé pour avoir violé les lois de protection des données privées. Le 20 octobre, il a fait publier une liste d’environ 2000 noms de Grecs fortunés qui possèderaient des comptes en banque à Genève.

Dans une vidéo enregistrée dans sa maison par un ami avant son arrestation, Vaxevanis a nié avoir enfreint la loi.

«Il n’y a que les noms liés à des comptes bancaires, nous n’avons jamais dit si ses comptes étaient remplis ou non», a déclaré Vaxevanis. «Ces transactions sont rendues publiques au comptoir des banques, avoir un compte en banque n’est pas un renseignement personnel.»

Hot Doc a clairement déclaré que les membres de cette liste ne pouvaient aucunement être accusés de fraude fiscale tant que cela n’était prouvé. Cependant, le magazine a noté que l’argent dans la plupart des comptes ne concordait pas aux revenus des titulaires. Après la publication, la plupart des comptes bancaires ont été fermés.

Vaxevanis a affirmé que ceux qui devaient être tenus responsables n’étaient autres que l’ex-ministre des Finances Evangelos Venizoulos et son prédécesseur George Papaconstantinou, qui, dit-il, étaient au fait de la situation sans essayer de sauver l’impôt sur le revenu.

Une foule s’est rassemblée devant le bâtiment où se tenait le journaliste. Parmi les militants, des membres du parlement grec, des défenseurs des droits de l’homme et des avocats.

Selon le site grec Reporter GR, le député indépendant Nikos Nikopoulos aurait déclaré: «En Grèce, la loi s’applique à l’encontre de ceux qui mettent à jour des listes de comptes bancaires. Alors que ceux qui gardent des listes «oubliées» dans leurs tiroirs restent tranquilles.»

Selon Reporters GR, Dimitris Trimis, le président de l’Union des journalistes des quotidiens d’Athènes, a décrit cette cabale contre l’investigation journalistique comme une «hypocrisie absolue».

Vaxevanis dit avoir reçu le fichier sur une clé USB de quelqu’un qui a écrit à Hot Doc. La liste contient les noms de politiciens, d’acteurs, de médecins, d’avocats et d’architectes, également les noms de femmes au foyer et de scientifiques.

Selon les médias, certains des ces comptes contiendraient jusqu’à 650 millions de dollars (environ 500 millions d’euros), tandis que le montant total d’argent dans les comptes atteindrait 1,95 milliard de dollars.

Selon Hot Doc, ces noms appartiennent à la «liste Lagarde», un document  remis aux autorités grecques en 2010 par le ministre des Finances français de l’époque, Christine Lagarde, aujourd’hui à la tête du Fonds monétaire international, examinant d’éventuelles évasions fiscales.

Selon le quotidien grec Kathimerini, l’ancien ministre Giorgos Voulgarakis a qualifié son apparition dans la liste de «désinformation» et de «calomnie». Sur Twitter, il explique: «Ni ma femme ni moi n’avons de sociétés offshore, ou de comptes bancaires à l’étranger».

La semaine dernière, la Grèce négociait la prolongation du délai de mise en oeuvre du programme d’austérité, qui vise une réduction des dépenses de 17,5 milliards de dollars, dans le cadre d’un système de sauvetage avec l’Union européenne et le FMI (les créanciers de la Grèce). Mais rien n’a été encore finalisé.

Version anglaise: Greek Journalist Goes on Trial for Leaked Swiss Bank Account Names