Des prélèvements d’organes à la réforme politique contrainte

Écrit par Michael Young, Epoch Times
10.11.2012
  • L’arrivée des délégués à la session d’ouverture du Congrès quinquennale du Parti communiste chinois le 8 novembre 2012 dans le Grand Palais du Peuple à Pékin: les observateurs chinois peuvent être perplexes quant aux raisons qui poussent le groupe de Jiang Zemin à jouer avec sa vie, en causant des interférences, même après avoir accepté de coopérer avec Hu et Xi en échange de l’immunité des crimes de Bo. (Mark Ralston/AFP/Getty Images)

Il y a quelques semaines, le groupe dirigé par l’ancien dirigeant du Parti communiste chinois Jiang Zemin semblait gagner du terrain dans la lutte pour le pouvoir. Le groupe de Jiang est connu pour être notoirement violent et corrompu. Ils ont participé activement au massacre de la Place Tiananmen et sont à l’origine de la persécution du Falun Gong, une discipline spirituelle, en 1999, le nom de «Faction aux mains couvertes de sang» leur a été attribué.

Profitant de la mort scandaleuse du fils de M. Ling Jihua, le groupe de Jiang a empêché Hu Jintao de prendre une position politique plus importante. Ils avaient aussi réussi à maintenir Bo Xilai en tant que représentant du Congrès du Peuple, avec une immunité pour les poursuites pénales jusqu’à la fin du mois d’octobre, alors que le retrait de Bo était largement attendue depuis des mois.

Bo Xilai est le chef déchu du Parti de Chongqing, trahi par son bras droit, l’ancien chef de la police et maire adjoint, Wang Lijun. La campagne politique du style Mao de Bo rivalisait depuis des années avec la direction du PCC à Pékin. Il était considéré par le groupe de Jiang comme le meilleur successeur à la direction communiste, en raison de son implication active dans la persécution du Falun Gong.

Pendant ce temps, le chef de la sécurité Zhou Yongkang, qui est connu pour avoir conspiré avec Bo pour renverser Xi Jinping, avait réussi à conserver son poste et à rester l’un des neuf membres du Comité permanent du bureau politique – le petit groupe qui dirige le PCC – jusqu’à sa retraite en novembre. Zhou est le chef de «la faction aux mains couvertes de sang», il a supervisé la persécution des pratiquants de Falun Gong.

Au moment où la Chine et le Japon se disputaient la souveraineté des îles Senkaku, le groupe de Jiang profitant de l’occasion avait orchestré des manifestations à l’échelle nationale, pour manipuler le nationalisme chinois. Cependant, ils ont intégré des messages de propagande dans les slogans de la manifestation, qui appelaient à la résurgence d’une société du style Mao. Ils ont, en outre, affiché un culte zélé dédié à Bo. Les manifestations ont dégénéré dans certaines villes et ont créé une crise internationale ainsi qu’un chaos interne au moment du changement de direction du Parti.

Le pari de Jiang Zemin

Les observateurs chinois peuvent être perplexes quant aux raisons pour lesquelles le groupe de Jiang joue avec sa vie en causant des interférences, même après avoir accepté de coopérer avec Hu et Xi en échange d’une l’immunité pour les crimes de Bo.

La réponse la plus probable est que le groupe de Jiang sait qu’il ne pourra pas échapper à des poursuites pénales, si «la Faction aux mains couvertes de sang» perd le pouvoir. Les crimes de ce groupe ont violé les exigences les plus élémentaires requises pour un minimum d’humanité – le pire de leurs crimes a été les prélèvements forcés d’organes sur des pratiquants de Falun Gong pour en faire un commerce.

Le livre Prélèvements meurtriers écrit par un ancien secrétaire d’État canadien (Asie-Pacifique), David Kilgour et l’avocat des droits de l’homme canadien, David Matas, considère qu’entre 2000 et 2005, 41 500 transplantations d’organes ont été réalisées en Chine, pour lesquelles la source la plus probable est des prisonniers pratiquants de Falun Gong. David Matas a estimé que sur les 10 000 transplantations actuelles réalisées en Chine, 8 000 sont susceptibles d’être effectuées avec les organes prélevés sur des pratiquants.

En substance, la croisade de Jiang contre le Falun Gong était une autre Révolution culturelle. Il a fondé sa décision uniquement sur le dogme des pensées du léninisme et du maoïste. Recourir à la violence contre le Falun Gong serait considéré comme tout à fait logique selon les théories révolutionnaires. Ainsi tuer ces personnes, considérées comme des ennemis politiques, pour réaliser d’énormes gains financiers allait être le vrai «progrès des temps» de Jiang.

Afin de justifier et de maintenir la persécution du Falun Gong, le Parti devait garder en vie la théorie révolutionnaire de Mao.

Les réformes de Xi Jinping

Alors qu’est-ce que cela signifie pour le nouveau dirigeant, Xi Jinping?

Il va devoir continuer le système politique dont lui et sa famille ont souffert sous la Grande Révolution Culturelle. Il va devoir hériter des crimes contre l’humanité commis par ce régime politique, y compris le prélèvement forcé d’organes sur des pratiquants de Falun Gong. Et par ailleurs, il sera toujours la cible de «la faction aux mains couvertes de sang» extrêmement violente dans une lutte brutale pour le pouvoir. Ils avaient de toute façon planifié de le remplacer par Bo.

Xi Jinping et ses conseillers ont commencé à se rendre compte que son destin ainsi que le sort de la Chine ne devaient pas seulement se négocier entre Hu Jintao et Jiang Zemin. Xi devait être plus proactif dans le choix futur de la Chine. S’il ne prenait pas position, il pourrait se faire écraser.

Des informations privilégiées en provenance de Pékin ont indiqué que Xi avait tenté de démissionner de la direction: un mouvement qui expose le conflit interne au sein du Parti et par conséquent compromet sa stabilité. Après avoir fait cette demande, il avait mystérieusement disparu pendant deux semaines.

Pendant cette période, il a rencontré Hu Deping, le fils de l’ancien chef du Parti, Hu Yaobang, qui avait été l’objet d’une purge à l’époque de Deng Xiaoping, pour avoir demandé des réformes politiques. Xi avait précisé à Hu qu’il souhaitait davantage de réformes politiques en Chine et méprisait la politique de l’ère maoïste de Bo. Les aînés à la direction du Parti sont alors intervenus et l’ont persuadé de rester, en lui promettant de pouvoir décider de l’avenir du Parti.

Comme Xi est réapparu avec un état d’esprit renouvelé, le Parti a annoncé que Bo serait exclu et aurait à faire face aux accusations criminelles. Le congrès du peuple s’est réuni à nouveau spécifiquement pour évincer Bo du congrès. Bo est maintenant formellement inculpé et incarcéré en attendant le procès public.

En outre, les officiers supérieurs qui avaient sympathisé avec Bo et espéré des promotions au comité militaire centrale ont été privés de leurs promotions.

Un autre élément à signaler est que dans le communiqué de presse des officiels du congrès, les pensées marxistes, léninistes et maoïstes ne sont plus inclues dans les principes directeurs du Parti. Au cours des deux dernières semaines, plusieurs articles et éditoriaux du porte-parole du Parti ont préconisé une réforme politique et précisé que si la Chine ne se réformait pas politiquement, le Parti allait bientôt perdre le contrôle de la nation.

Personne ne sait jusqu’où peut aller Xi Jinping dans sa version de la réforme politique, ni combien de temps il lui reste avant que le peuple chinois ne manifeste son refus du Parti. C’est donc la réforme sous la contrainte.

Si une réforme qui implique que le PCC doit renoncer au communisme est possible cela reste à voir. Le test clé pour Xi Jinping, en adoptant la réforme politique, sera la fin de la persécution du Falun Gong et des prélèvements forcés d’organes.

Michael Young, est un écrivain sino-américain basé à Washington DC. Il écrit sur la Chine et les relations sino-américaines.

Version anglaise: From Forced Organ Harvesting to Forced Political Reform

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