Leclerc toujours sans regret

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
13.11.2012
  • Luc Leclerc, ingénieur retraité de la Ville de Montréal, devant la Commission Charbonneau le 12 novembre 2012. (Mathieu Côté-Desjardins/Époque Times)

«Vous n'avez pas fait sentir avoir beaucoup de regret jusqu'à ce jour à comparer à M. Surprenant», a tiré comme constat ce matin Me Daniel Rochefort, représentant l'Association de la construction du Québec, lors du contre-interrogatoire de Luc Leclerc qu'il menait devant la Commission. Après un long regard posé sur l'ingénieur retraité de la Ville de Montréal, l'avocat a su prouver sa quasi totale absence de honte à accepter les pots-de-vin des entrepreneurs de la construction.

«Si j'avais cru qu'avoir la larme à l'œil, le trémolo dans la gorge ou la tête entre les deux jambes lors de mon témoignage avait pu [sic] changer quoi que ce soit au passé, vous pouvez être sûr que j'aurais les genoux par terre», livre l'ex-fonctionnaire, qui témoignait pour la dernière fois aujourd'hui. La juge Charbonneau voulait en savoir davantage de sa part. «On peut exprimer des regrets à la population mais, au fond, ça ne donne rien. La population ne pardonne pas», raconte-t-il, terre-à-terre. Un autre silence radio a régné pendant quelques secondes.

M. Leclerc n'aurait jamais eu peur de se faire congédier, même si son ordre professionnel lui interdisait d'accepter les «cadeaux» des entrepreneurs. En revanche, il ne se sentait pas protégé par ses fonctions de président du syndicat des ingénieurs de la Ville de Montréal, fonctions qu'il a exercées pendant environ sept ans avec peu de conviction. «Après une vingtaine d'années à travailler d'une manière, l'éthique et la déontologie, on passe plus vite par-dessus», a-t-il lancé.

Malgré le code d'éthique de la Ville, en vigueur depuis 2009, l'ex-fonctionnaire est demeuré réceptif aux pots-de-vin, bien qu’il en acceptait moins que dans ses bonnes années.

Son geste de remettre 90 000 $ à la Commission le 29 octobre dernier a été remis en question un peu plus tard par Me Martin St-Jean, avocat de la Ville de Montréal. On lui avait conseillé, semble-t-il, de ne pas mentionner aux policiers qu’il était en possession de cette somme. «J'avais rencontré un avocat qui m'avait conseillé d'être prudent face aux policiers. Quand j'ai été convaincu de témoigner à la Commission, j’ai changé d’idée», déballa M. Leclerc.