Le conflit entre le Nigeria et Boko Haram crée un «climat de peur»

Écrit par Jack Phillips, Epoch Times
15.11.2012
  • Un secouriste inspecte les dégâts causés par une attaque terroriste au Nigeria en janvier 2012. (Aminu Abubakar/AFP/Getty Images)

La bataille du gouvernement nigérian pour se débarrasser du groupe radical islamiste Boko Haram n'a fait qu’aggraver la situation, générant un climat de peur, a récemment affirmé dans un rapport Amnesty International.

Boko Haram, qui dans la langue locale hausa signifie «l'éducation occidentale est immorale», a orchestré et revendiqué des attaques terroristes au Nigeria. Le groupe a ciblé des églises, des mosquées, des journaux, des tours de communication et des édifices gouvernementaux, principalement dans le Nord musulman, incitant les autorités nigérianes à adopter une ligne dure contre le groupe ces derniers mois.

Le conflit entre Boko Haram et les forces de sécurité nigérianes a causé des «conséquences dévastatrices pour les droits de la personne de ceux qui sont pris au milieu», a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty International.

«[Le soldat] a mis son pistolet sur l'oreille gauche [de mon mari] et a dit “Fais ta dernière prière”, ensuite il a mis son pistolet sur son oreille droite et a dit “Fais ta dernière prière”, ensuite il a mis son pistolet dans son nez et a dit “Fais ta dernière prière”», raconte une mère de sept enfants, âgée de 40 ans, identifiée comme F. B. de la province de Maiduguri, tel que cité par Amnesty.

Elle et ses enfants vivent maintenant dans une cabane construite avec les restes de sa maison que les forces de sécurité ont incendiée.

Le rapport mentionne que le climat de peur généré par les deux parties dissuade les gens à rapporter les crimes commis et les journalistes n'osent plus rapporter sur la situation par crainte des représailles.

«Les gens vivent dans un climat de peur et d'insécurité, ils sont vulnérables aux attaques de Boko Haram et aux violations des droits de l'homme commises par ces mêmes forces de sécurité qui devraient les protéger», ajoute M. Shetty.

Le gouvernement nigérian et Boko Haram auraient commis des crimes contre l'humanité dans le conflit.

Boko Haram affirme vouloir livrer une guerre à l'État pour imposer la charia à travers le pays.

Depuis juin 2010, le groupe a tué au moins 1000 personnes dans des attaques à la bombe et des assassinats, y compris les dizaines des personnes tuées dans des attaques contre plusieurs églises du Nigeria le jour de Noël 2011. Boko Haram a également incendié plusieurs écoles et cible fréquemment les journalistes actifs dans le pays.

«À la station, nous savons que nous sommes entre la vie et la mort», révèle un animateur radio de la ville de Kano, au nord, où Boko Haram a lancé plusieurs attaques, selon Amnesty.

L'ONG affirme que de nombreux Nigérians dans tout le pays ont été détenus par les forces de sécurité sans application régulière de la loi ou sans que des accusations criminelles soient portées.

Des présumés militants auraient été enchaînés pendant des jours, forcés de s'asseoir dans leurs propres excréments dans des cellules surpeuplées.

Amnesty accuse également les forces de sécurité de torture, de disparitions forcées, de passages à tabac, d'exécutions extrajudiciaires et d'incendies criminels.

Un autre homme a témoigné à Amnesty que son frère avait été arrêté par les forces de sécurité et qu'il avait finalement trouvé la dépouille de son frère au poste de police local.

«Il y avait [ce qui ressemblait] à des marques de câbles sur son corps, des contusions partout […] Le côté droit de sa tête était meurtri. Il y avait l'effroi sur son visage. Je ne peux oublier ça.»

«Je n'ai pas déposé de plainte», a-t-il ajouté. «J'ai peur.»

Version anglaise :

‘Climate of Fear’ in Nigeria’s Battle With Boko Haram