007 Skyfall

Résurrection de Bond

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
13.11.2012
  • Sur les traces de son passé, James Bond (Daniel Craig) voyage à l'aide de différentes voitures, dont la Aston Martin DB5. (Sony Pictures)

Qualifié d'échec par la critique, par beaucoup de fans et même par son acteur principal, Daniel Craig, le dernier film de l'agent 007, Quantum of Solace, n'était pas représentatif de l'ensemble de la franchise et surtout pas à ce que les producteurs ont en tête pour le futur. Le réalisateur Sam Mendes (American Beauty, Road of Perdition, Revolutionary Road) a su dénouer l'impasse et rallumer de manière magistrale la série qui laisse porte ouverte à des standards de qualité élevée.

Le MI6, quartier général des services secrets britanniques, est la cible d'un attentat terroriste. Un de ses agents légendaires, James Bond (Daniel Craig), devra d'abord ressusciter des morts pour venir en aide à son pays. Pour ce faire, il devra emprunter les sentiers de son propre passé et celui de M, la tête du MI6.

Si l'on se fie aux premières scènes d'action et à son introduction qu'on croirait en plein chantier, il serait compréhensible de sombrer dans le désespoir par rapport à ce nouvel opus de James Bond. Heureusement que la chanson d'Adele annonce, dès sa première note, que le film a beaucoup plus à offrir aux spectateurs.

 

C'est tout juste si le genre d'action que l'on connaît à la saga 007 n'a pas donné sa place au drame. C'est le tournant que les scénaristes ont pris lorsqu'ils ont décidé d'inclure le retour aux origines de Bond, l'exploration du passé de M (Judi Dench), la redéfinition de différents personnages dont Q (le jeune Ben Whishaw qui a joué récemment dans Cloud Atlas) et Miss Moneypenny.

Il est une chose tout à fait noble de jeter de nouvelles bases sur d'anciennes, mais il importe de laisser s'épanouir ses personnages afin qu'ils soutiennent les nouveautés. Skyfall a manqué cette dernière marche juste avant ce qui aurait pu être le couronnement de la série culte.

L'émotion y est poussée plus que jamais. Au lieu de retrouver une catastrophe internationale générée par l'esprit d'un mégalomane délirant voulant s'emparer du monde, elle vient plutôt d'un règlement de compte bien personnel qui pourra susciter la sympathie des cinéphiles. L'idée de voir M risquer la vie de son agent fétiche et que le gouvernement britannique remette en question l'espionnage classique propulsent la nouvelle expérience de Bond à un niveau de fébrilité maximale.

Rares sont les scènes d'action, en plus qu'elles n'innovent en rien. On peut y retrouver de nombreuses inspirations cinématographiques, notamment The Bourne Identity, Straw Dogs, Mission Impossible : Ghost Protocol et même Home Alone (ce qui est un peu décevant).

  • Javier Bardem joue Silva, un adversaire singulièrement déluré et obstiné dans 007 Skyfall. (Sony Pictures)

L'acteur espagnol Javier Bardem (Biutiful, No Country for Old Men, The Sea Inside), figurant dans bon nombre de films de répertoire, devait incarner un antagoniste de même amplitude que Bond, Silva. Si Casino Royal avait été un canevas parfait pour remodeler, entre autres choses, la Bond Girl, Eva Green, Skyfall en profite pour redéfinir le «méchant» de Bond.

Les liens entre l'agent, icône de la masculinité et de l'aventure, et son antagoniste sont plus étroits que jamais. L’imprévisibilité et l’ambition de dominer du personnage de Silva ne sont pas sans rappeler le Joker de Heath Ledger dans The Dark Knight.

Bérénice Marlohe joue une des Bond Girls. Elle ébranle avec un savoir-faire renversant, que ce soit du point de vue du regard chargé ou de ses mimiques, et ce, malgré de courtes apparitions à l’écran sur l'ensemble du long métrage de 143 minutes. Mentionnons qu'elle fera partie de la distribution du prochain film de Terrence Malick, qui n'a pas encore de titre officiel.

L'autre Bond Girl, Naomie Harris (28 Days Later, Pirates of the Caribbean), se distingue seulement par le fait qu'elle est très présente dans le film. Elle assure une présence décente, sans pour autant être au milieu de scènes lui permettant de fournir une performance hors du commun.

L'acteur à la gueule canine, Daniel Craig, assure la même prestance, le même charisme et le même aplomb que dans les deux derniers films où il tenait la vedette de l'espion britannique. On ne peut parler ici de jeu exceptionnel, puisque les scénaristes ne lui en ont pas donné l’occasion.

Voir apparaître Ralph Fiennes dans un James Bond est un autre indicateur de qualité. Malheureusement, peu de temps lui est accordé. Albert Finney est une surprise, autant au niveau de l'humour qui se dégage de son personnage que dans sa prestation inattendue et juste.

Skyfall n'arrive pas à détrôner Casino Royal, mais nous fait complètement oublier sa suite manquée Quantum of Solace tout en faisant espérer beaucoup mieux pour l'avenir de la franchise. Est-ce que le réalisateur de grand renom, Christopher Nolan, sera le réalisateur du prochain James Bond? C'est la rumeur qui a couru durant toute l'année...