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Une alliance entre les intérêts financiers et le pouvoir politique a lieu à Pékin

Le 18ème congrès du Parti Communiste facilite l’utilisation du pouvoir pour s’enrichir

Écrit par He Qinglian
20.11.2012
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  • Deux personnes à scooter passent devant un derrick à Cangzhou le 25 février 2009, dans la province de Hebei, au nord de la Chine. Des familles ayant des liens avec le pouvoir politique contrôlent les principales industries de Chine, l’industrie du pétrole est dominée par la famille du ministre de la Sécurité Zhou Yongkang (Frederic J. Bwown/AFP/Getty Images)

Les élections présidentielles et générales aux États-Unis et le 18ème congrès du Parti Communiste Chinois (PCC), qui a lieu tous les dix ans et amorce le processus d’élection des nouveaux dirigeants, ont presque eu lieu en même temps cette année.

La propagande du régime chinois prétend que le système capitaliste des EU est une politique dirigée par l’argent qui favorise la bourgeoisie et les riches, alors que la Chine est un pays socialiste dont la politique favorise la très grande majorité de sa population. La composition du 18ème congrès du PCC raconte une histoire toute différente, impliquant une alliance entre le pouvoir et d’argent.

Les élites politiques et les riches

L’agence d’État Xinhua News a récemment publié un article du journal China Economic Weekly intitulé Les Entrepreneurs Rouges. L’article rapporte que, selon des statistiques incomplètes, 145 des 2270 délégués du Parti sont des PDG d’entreprises d’État, de banques, d’institutions financières et d’entreprises privées de provinces et de municipalités.

Le journal Bloomberg News a publié un article en février intitulé Le Capitol Hill1 paraît bien pauvre à côté des membres milliardaires du congrès en Chine, disant que «La valeur nette des soixante-dix plus riches délégués du Congrès National Chinois, dont la session annuelle ouvre le 5 mars, s’élève à 565.8 milliards de yuans (89.8 milliards de US$) en 2011, soit un gain de 11.5 milliards de US$ par rapport à 2010, selon les chiffres du Hurun Report, qui suis à la trace les richesses du pays. Ceci est à comparer avec les 7.5 milliards de US$ de valeur nette de tous les 660 plus hauts officiels des trois branches du gouvernement étasunien».

18ème Congrès du Parti comprend donc des élites politiques et militaires, ainsi que de riches hommes d’affaires.

La marchandisation du pouvoir

Grâce aux messages circulant sur Weibo, l’équivalent de Twitter en Chine, les Chinois réalisent la cruelle réalité sur les élections dans les deux pays: les États-Unis ressemblent plus au socialisme que prétend être la Chine, alors que la Chine se rapproche d’un pseudo capitalisme.

Aux États-Unis, la richesse provient la plupart du temps des capacités personnelles. Bill Gates est quelqu’un de brillant dans le domaine de l’industrie des ordinateurs. George Soros, investisseur de renommée internationale, est un immigrant hongrois. Michael Bloomberg, le maire de la ville de New York qui a accepté de ne toucher qu’un salaire symbolique de 1$ par an, avait déjà construit un véritable empire médiatique avant d’assumer le poste de maire. Leur histoire démontre les avantages du système social étasunien.

En Chine cependant, la richesse est étroitement liée en arrière-plan au pouvoir et le pouvoir politique se révèle être comme une baguette magique que l’on agite pour faire apparaître de riches magnats de la finance.

La marchandisation du pouvoir en Chine a une caractéristique particulière, c’est que le pouvoir se fie au marché pour faire des profits, et les deux opèrent conjointement pour rendre le pouvoir lucratif.

La manière la plus pratique de faire cela est d’avoir une famille impliquée dans les deux systèmes, ce qui signifie par exemple que le chef de famille travaille dans une agence gouvernementale, alors que la femme, la descendance et les frères et sœurs dirigent des affaires pour tirer profit du pouvoir.

Ce «festin de richesse» a commencé dans les années 1990 en Chine et on peut retrouver maintenant des «aristocrates rouges» dans tous les secteurs, y compris l’électricité, le pétrole, les biens immobiliers, la bourse, etc. Selon des rapports sur internet, environ 200 familles politiques chinoises monopolisent l’ensemble de la richesse en Chine.

Une chaîne diplomatique crée par Wikileaks en août 2011 annonce que la famille de l’ancien Premier ministre chinois Li Peng contrôle tous les intérêts commerciaux liés à l’énergie électrique, que le membre du Politburo et ministre de la Sécurité Zhou Yongkang ainsi que ses proches contrôlent tous les intérêts pétroliers, alors que la femme du Premier ministre Wen Jiabao contrôle le secteur des pierres précieuses en Chine.

Il est dit que plus de 130 entreprises d’État appartenant à l’organisation d’État de la Supervision des Biens et Commission d’Administration du Conseil d’État opèrent ou sont dirigées par des personnes issues de familles officielles.

En fait le plus gros problème en Chine aujourd’hui n’est pas l’écart entre les riches et les pauvres, mais le fait que les personnes au sein du régime ont pris les richesses de la nation en otage depuis bien longtemps.

Il ne fait aucun doute que ces «entrepreneurs rouges» deviendront une force importante influençant les politiques économiques de la Chine dans l’avenir. Ils participeront à la législation, en particulier les dirigeants des industries monopolisées des secteurs vitaux pour l’économie nationale et les gagne-pains du peuple.

Par exemple, la volonté des délégués du Parti provenant des industries pétrolière, électrique, chimique et du charbon peut facilement devenir la politique sociale et industrielle de la nation.

Les Trois Représentations

Depuis la fin de l’ère de Mao, le PCC a cherché à expliquer la distribution des richesses qui s’effectue sous le règne dictatorial du Parti Unique. La réalité de l’alliance entre l’argent et le pouvoir place le PCC dans une situation embarrassante.

Cependant, la contribution apportée par l’ancien chef du parti Jiang Zemin à l’idéologie communiste, appelée les «Trois représentations», a aidé le PCC à se libérer de ce dilemme théorique. Elle a changé le PCC afin qu’il ne représente plus les trois classes révolutionnaires travailleurs/paysans/soldats mais pour qu’il représente à la place trois intérêts-clés: le développement de forces de production avancées (dirigées vers les élites économiques, les classes moyennes urbaines, les intellectuels, les experts en haute technologies), l’orientation vers une culture chinoise avancée, et les intérêts de la vaste majorité du peuple chinois.

L’introduction des «Trois Représentations» a procuré au PCC la légitimité de construire une nouvelle fondation sociale. Depuis lors le PCC a appliqué de nouvelles stratégies pour recruter des élites économiques (ou capitalistes) dans le parti. Cette stratégie établit des liens par le biais d’associations industrielles et commerciales qui représentent les intérêts des élites économiques, et qui par conséquent éliminent les forces politiques potentiellement gênantes.

Le politologue étasunien Samuel Huntington considère que la menace principale d’un régime autoritaire est «la diversification de l’élite qui résulte de la montée de nouveaux groupes contrôlant des sources autonomes de pouvoir économiques, c’est-à-dire du développement d’un business riche et indépendant et d’une classe moyenne industrielle».

Le haut degré de monopolisation des ressources nationales combiné avec la markétisation du pouvoir a transformé les officiels chinois en personnes capables de «créer des rois».

Aujourd’hui le PCC a transformé son congrès, les sessions annuelles de l’Assemblée Nationale Populaire et le Comité National de la Conférence consultative politique du peuple chinois en opportunités institutionnelles permettant aux élites de rencontrer les riches, ainsi le PCC élimine la menace potentielle des ces élites économiques et atteint un «républicanisme d’élite»

Vivant actuellement aux États-Unis, He Qinglian est un éminent auteur et économiste chinois

1Capitol Hill est le quartier de Washington où se situe le capitole qui héberge le congrès américain, c’est aussi un surnom désignant le congrès américain

Version anglaise: Open Alliance of Power and Money Meets in Beijing

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.