Les intellectuels en Chine appellent à l’abolition du comité extrajudiciaire

Écrit par Tang Wen, Epoch Times
29.11.2012
  • Une brigade de police accompagnée de chiens assure la sécurité lors de la clôture du 18ème congrès du Parti. Des intellectuels libéraux en Chine ont appelé à l’abolition du comité du Parti communiste qui supervise la police et l’application de la loi en Chine. (Mark Ralston/AFP/Getty Images)

Le Haut Comité qui contrôle toutes les opérations assurant l’ordre en Chine fonctionne en toute autonomie, pratiquement hors de toute loi écrite. Cela se traduit par un important abus de pouvoir que certains réformateurs en Chine tentent de signaler en ce moment critique de la politique chinoise, après qu’une nouvelle direction ait été mise en place.

Li Rui, l’ancien secrétaire de Mao Zedong, a demandé la suppression du Comité des Affaires Politiques et Législatives  (CAPL) lors d’un séminaire à l’université de Pékin  organisé pour discuter de la réforme politique deux jours après la clôture du 18ème congrès du Parti.

Le magazine politique Yanhuang Chunqiu et le Centre de Recherche sur la Législation Constitutionnelle et Administrative de l’université de Pékin ont parrainé ce forum. Les participants: des intellectuels libéraux, des réformateurs du Parti, des professeurs et des experts ont proposé un «consensus de réforme», élaboré en partie à partir des points du rapport présenté  par Hu Jintao lors du 18ème Congrès du Parti.

Li Rui, âgé de 95 ans, ancien vice-ministre exécutif du Département de l’Organisation Centrale, a pris la parole au cours de ce forum en soulignant qu’il ne suffit pas de retirer le CAPL du comité permanent du Politburo et qu’il devrait être complètement supprimé.

Il a évoqué le cas Bo Xilai, où l’abus de pouvoir de Bo était le résultat de sa position en tant que protégé de l’ancien dirigeant Jiang Zemin, ainsi que l’héritier présumé de Zhou Yongkang, l’ancien secrétaire du CAPL. Rui a également proposé la nationalisation de l’armée qui est placée sous le commandement de la Commission Militaire Centrale du Parti Communiste Chinois (PCC).

Ruan Ming, rédacteur de discours et conseiller de Hu Yaobang, l’ancien secrétaire du  PCC, s’est entretenu avec la chaîne de télévision NTD, basée à New York, de son soutien à la proposition de Li Rui.

Comme l’a souligné Ruan Ming: «Dans le passé, lorsque Zhou Yongkang,  le secrétaire du Parti au CAPL, faisait partie du Comité permanent du politburo, il a transformé le CAPL en un royaume indépendant. Il pouvait ordonner aux fonctionnaires des bureaux provinciaux du CAPL d’arrêter et de réprimer les gens au nom du maintien de la sécurité.»

Lors du 18ème Congrès du Parti, le CAPL a été enlevé du Comité permanent du Politburo et le nombre des membres du Comité permanent est passé de neuf à sept.

Ruan Ming a également dit que bien que le CAPL ne fasse plus partie du Comité permanent, il peut continuer à commettre «des mauvaises actions» aussi longtemps qu’il existe. Il est donc nécessaire de le supprimer complètement.

Le poste occupé par Zhou Yongkang reflétait le contrôle sur les parties clés du PCC que maintenait l’ancien dirigeant Jiang Zemin, même après avoir quitté ses fonctions.

Shi Zangshan, un analyste de la politique chinoise basé à Washington, affirme que les crimes les plus graves commis par la faction de Jiang, tels que la persécution des pratiquants Falun Gong, ont été commis par le CAPL.

Jiang Ping, l’ancien président de l’université chinoise des Sciences Politiques et du Droit a souligné lors du forum que le système judiciaire chinois s’était détérioré depuis le 17ème Congrès du Parti, puisqu’en restant sous le contrôle du CAPL ce système judiciaire n’était plus indépendant, tandis que l’autorité du CAPL avait augmenté.

Chen Guangzhong, un autre ancien président de cette université, estime que la Chine doit maintenir l’indépendance de son système judiciaire, puisque le CAPL a souvent «commis des erreurs pour certains cas et esquivé plus tard sa responsabilité».

Alors que le CAPL a jugé avec un manque d’équité de nombreux cas, ou en a fabriqué d’autres, le département de la propagande a encouragé les médias d’Etat à  répandre de la propagande et des rumeurs. Un exemple dans le cadre de la persécution du Falun Gong est le cas d’auto-immolation en 2001, pour lequel Luo Guan, secrétaire du CAPL,  a travaillé avec Jiang Zemin pour diffamer le Falun Gong.

Shi Zangshan a précisé que même après que Jiang ait quitté ses fonctions, l’autorité du CAPL a continué de s’étendre et l’agence exigeait un budget plus élevé que celui de l’armée afin de «maintenir la stabilité».

Ces dernières années, le CAPL a étendu sa persécution à d’autres groupes, tels que  les minorités chrétiennes, les pétitionnaires, les dissidents politiques, les militants des droits de l’homme et les avocats, en confisquant leurs biens et en les soumettant à des arrestations arbitraires, à une surveillance ainsi qu’en effectuant des perquisitions illégales à leurs domiciles.

Le gouvernement chinois a empêché de nombreux intellectuels libéraux de s’exprimer publiquement avant la fin du congrès. Certains ont même été surpris de voir que le forum  était autorisé, compte tenu de l’attention politique minutieux accordé à ce genre de discussions en Chine. Le participant Hu Xingdou, professeur d’économie à l’institut de Technologie de Pékin, à qui un journal de Hong Kong a demandé de faire part de son avis sur cette question, a tout simplement répondu: «Je ne sais pas non plus».

Note de l’éditeur: Lorsque Wang Lijun, l’ancien policier haut gradé de Chongqing a fui pour sauver sa vie au Consulat des États-Unis à Chengdu le 6 février, il a déclenché une tempête politique qui ne s’est pas calmée. La bataille dans les coulisses tourne autour de la position prise par chaque responsable concernant la persécution du Falun Gong. La faction aux «mains tachées de sang» – les fonctionnaires promus par l’ancien dirigeant du PCC Jiang Zemin afin de mener la persécution – cherche à éviter la responsabilité de ses crimes et à poursuivre la campagne. D’autres fonctionnaires refusent de continuer à participer à la persécution. Les événements qui se déroulent offrent un choix aux fonctionnaires et aux citoyens de la Chine, ainsi qu’aux gens du monde entier: soutenir ou s’opposer à la persécution du Falun Gong. L’histoire se rappellera du choix de chacun.

Version anglaise: Scholars in China Call for Abolishing Extralegal Committee