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A Late Quartet

Dernier mouvement d'une remise en question existentielle

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Époque Times
30.11.2012
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  • Le Fugue Quartet en pleine répétition : de gauche à droite : Daniel (Mark Ivanir), Robert (Philip Seymour Hoffman), Juliette (Catherine Keener) et Peter (Christopher Walken)
    (Opening Night Productions Inc)

Excellent début pour Yaron Zilberman (créateur du documentaire Watermarks) qui signe son premier film de fiction, A Late Quartet, comme producteur, réalisateur et scénariste. Son œuvre indépendante respire l'audace et la confiance, puisqu'elle réunit une brochette d'acteurs prestigieux plongée dans la réalité quotidienne de musiciens classiques, sujet somme toute très peu populaire.

L'avenir d'un quatuor de musique de chambre renommé, tout comme la vie personnelle de chacun de ses musiciens, prend une trajectoire chaotique alors que son joueur de contrebasse bien-aimé, Peter (Christopher Walken), annonce qu'il est atteint d'une maladie inconciliable avec leur profession.

L'idée de s'inspirer et de structurer le scénario de A Late Quartet à partir du Quatuor à cordes n°14 en Do dièse mineur opus 131 de Beethoven est merveilleusement inventive et livrée avec grâce par l'intensité de l'acteur Christopher Walken. L'armature tient bel et bien jusqu'à la fin et contribue à une composition cinématographique accrocheuse.

On trouve, en quantité suffisante, les scènes où les acteurs jouent de leur instrument à cordes avec retenue et recevabilité. La trame sonore comporte bon nombre de segments d'une des plus grandes pièces de Beethoven. Toutefois, A Late Quartet est beaucoup plus concentré par les émotions générées par ses acteurs que par sa musique.

Le long métrage donne beaucoup d'oxygène au jeu de sa distribution. L’interprétation attendrissante et progressivement évanescente de Christopher Walken (Catch Me If You Can, The Deer Hunter, Seven Psychopaths) afflue immédiatement au cœur. Celle de Philip Seymour Hoffman (Truman Capote, The Master, Mission : Impossible III) rend hommage au personnage du second violon, Robert, par son talent de tous les instants.

  • La fille de Robert (Philip Seymour Hoffman) et Juliette (Catherine Keener), Alexandra (Imogen Poots), fait ses classes pour devenir une violoncelliste d'envergure.
    (Opening Night Productions Inc)

Les interprètes moins connus sont ceux qui ont su apporter le plus à A Late Quartet, soit Catherine Keener (Being John Malkovich, Truman Capote), Mark Ivanir (The Human Resources Manager, The Good Shepherd) et Imogen Poots (Fright Night, 28 Weeks Later). Sans relever des particularités frappantes à leur travail, c'est l'harmonie entre les quatre musiciens du quatuor (Walken, Keener, Ivanir et Seymour Hoffman) qui apparaît clairement comme une réussite pour le cinéaste et son équipe.

Le réalisme est une des grandes forces du long métrage. L'exploration sensible du métier de musicien, la beauté abondante et frêle qui peut en surgir, l'inclusion d'une critique de leur mode de vie, de leurs obsessions et de leurs sacrifices sont toutes des directions bienvenues pour maintenir l'attention du cinéphile qui n'a pas besoin d'être un mélomane absolu pour apprécier le tout.

Pour coller un peu plus à la réalité de chacun, le réalisateur et scénariste a aussi traité avec une compréhension humaine éminente les guerres d'ego, les conséquences de certains désirs, les impacts de l'annonce d'une maladie et le riche apport des œuvres artistiques et classiques dans nos vies.

Pouvant être apparenté au film Le concert (2010) du réalisateur Radu Mihaileanu, A Late Quartet se distingue par son approche plus intimiste, focalisée sur le drame plutôt que la comédie. La perle de Yaron Zilberman ne peut tristement pas plaire au grand public, puisqu'elle est sérieuse, simple et complètement dénuée de tournures rocambolesques.

Peut-être est-ce la raison pour laquelle ce métrage étonnant n'aura même pas eu droit au traitement des sous-titres français. La version originale est seulement à l'affiche au Cineplex Odeon Forum. Comme quoi l'intérêt pour le composé de musique classique, de grands acteurs et de drame bien articulé n'est pas au goût du jour.

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