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Tout est joué d'avance pour le Congrès du Parti à Pékin

On préserve néanmoins un semblant de légitimité pour le «centralisme démocratique»

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
09.11.2012
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  • Des délégués arrivent au 18e Congrès du Parti communiste chinois le 7 novembre 2012 à Pékin. (Lintao Zhang/Getty Images)

Le plus grand rassemblement de ce qui constitue peut-être la plus grande société secrète de la planète a été convoqué à Pékin. Le Parti communiste chinois (PCC) appelle cet évènement le «18e Congrès national» et, d'ici sa conclusion, on s'attend à ce que les nouveaux dirigeants du régime communiste pour la prochaine décennie soient nommés.

La cérémonie d’ouverture du Congrès a eu lieu à 9 h, le 8 novembre dans le Palais du peuple. Le soir précédent, un représentant a annoncé que le Congrès se déroulerait sur sept jours, soit jusqu’au 14 novembre.

D'ici la fin de cette assemblée, un nouveau groupe de dirigeants, ayant supposément été élu durant le Congrès, sera présenté au public. Un rapport d’activités politiques sera également publié annonçant les grandes lignes idéologiques du Parti, les réalisations et la direction pour les cinq prochaines années.

En fait, les nouveaux dirigeants ont été choisis d’avance et le rapport d’activités a déjà été rédigé. Selon les experts, aucune réelle décision n'est prise durant le Congrès.

Selon Chen Kuide, rédacteur en chef de l’influent site chinois China in Perspective, l’observance du rituel soigneusement élaboré est essentielle pour le Parti communiste, compte tenu notamment du tableau qu’il dresse de lui-même depuis les réformes de Deng Xiaoping concernant l’institutionnalisation de la direction du Parti.

«Il s’agit simplement d’une cérémonie», a-t-il déclaré lors d’une entrevue téléphonique. «Ils la tiennent tous les cinq ans. Tout est mis en place à l’avance. Ça n’a aucun sens réel ni poids déterminant.»

Il reste toutefois crucial pour le Parti de doter son autorité d’un semblant de légitimité, c’est pourquoi le Congrès est pris très au sérieux.

De manière générale le Congrès présente deux aspects : d’un côté, on traitera des questions superficielles, ou techniques, sur comment le Parti communiste chinois s’organise, remanie et répartit son personnel.

L'autre aspect concerne la réalité des jeux de coulisse avant l’évènement. Cette année, les luttes politiques internes ont été particulièrement intenses après que le chef de police de Chongqing, Wang Lijun, a tenté de faire défection au consulat américain de Chengdu en février.

Cela a déclenché une tourmente politique qui se poursuit à ce jour, opposant la faction dirigée par l’ancien dirigeant Jiang Zemin – allié de Bo Xilai (patron de Wang Lijun) et de Zhou Yongkang, le chef de la sécurité – contre la faction sortante et entrante de Hu Jintao, Wen Jiabao et Xi Jinping.

Les résultats du Congrès représentent un consensus forgé en coulisse, par des tractations et des luttes secrètes entre ces factions et d'autres acteurs dans l’appareil communiste.

Les exécutants

Le 18e Congrès national est composé de 2268 «délégués», choisis pour représenter le Parti à tous les niveaux. Par exemple, il y a des délégués des provinces, des régions autonomes, de l’Armée populaire de libération, de l’Organisation du Parti, de toutes les bureaucraties, sociétés d’État, banques et forces de sécurité.

Selon Alice Miller, une spécialiste du Parti communiste de la Hoover Institution, il y a trois raisons pour lesquelles le Congrès du Parti reste important : il établit les grandes lignes du Parti dans tous les domaines politiques majeurs, il apporte des modifications dans la constitution du Parti et il permet l’élection officielle du nouveau Comité pour l'inspection de la discipline et du nouveau Comité central.

Le Comité central est le groupe des 371 fonctionnaires qui, lors de la première session plénière tenue le lendemain de la clôture du Congrès, prend une série de décisions importantes inaugurant les nouveaux dirigeants.

Cela comprend la nomination du nouveau Politburo (22 à 25 représentants) et du Comité permanent du Politburo (7 à 9 responsables) qui détiennent le pouvoir suprême; de la nouvelle Commission centrale militaire, qui contrôle les forces armées; et du nouveau Secrétariat, qui met en œuvre les décisions du Politburo. Le comité désigne également le nouveau secrétaire général du Parti communiste chinois, qui devrait être Xi Jinping.

Ainsi, comme le Parti le décrit, 2268 représentants éliront un comité d'environ 370 personnes qui, à son tour, choisira les membres du Politburo (22 à 25 membres), qui choisira en dernier lieu le Comité permanent des sept chefs (qui pourrait être réduit cette année par rapport aux neuf actuels). C’est ce qu’on appelle la démocratie intra-Parti.

La réalité

Dans la réalité, le processus va du haut vers le bas, nullement de bas en haut, selon Cheng Xiaonong, un économiste qui vit maintenant aux États-Unis, ancien assistant de Zhao Ziyang. Zhao est l’ex-chef du Parti évincé après le massacre de la place Tiananmen en 1989.

«C’est ce qu’on appelle le centralisme démocratique», explique-t-il. «Tous les membres du Parti suivent le centre du Parti. Nul ne peut avoir son propre avis : vous faites ce que vous êtes censé faire et ce que les dirigeants vous demandent de faire. Cela n’a rien à voir avec la démocratie.»

Selon M. Cheng, l’«élection» du Comité central par les quelque 2000 délégués a, dans les faits, déjà été décidée.

«Vous votez pour la personne qu’on veut que vous choisissiez. Si vous dites “non” ou écrivez le mauvais nom, cela pose problème. Quelqu’un va vous parler et vous avertir que si vous voulez survivre vous feriez mieux de faire le bon choix. Vous n’avez pas d’alternative. Vous faites de l'approbation automatique.»

Dans les années 1980, M. Cheng a obtenu la responsabilité d’être le moniteur d’une délégation du Congrès et a pu voir, aux premières loges, les opérations secrètes et la façon dont les «votes» sont décidés à l’avance par les responsables de haut niveau.

«Cette année a été particulièrement importante dans l’histoire du PCC», affirme-t-il. «C’est la première fois depuis 1949, lorsque le Parti a pris le pouvoir, qu’il y a eu une réelle lutte pour le pouvoir entre deux groupes au sommet, qui se battent depuis un an ou plus.»

Il ajoute : «Il y a eu beaucoup de scandales et beaucoup de disputes, une foule de renseignements communiqués aux médias étrangers pour attaquer l’autre partie. Nous avons vu toutes ces choses au cours de la dernière année.»

La lutte a surtout concerné le contrôle du pouvoir suprême, exercé par le Comité permanent, et la taille du Comité.

«Cette fois, les fonctionnaires veulent un Comité permanent plus petit, de sorte qu’il sera plus facile à contrôler. Le Parti communiste soviétique l’avait fait à l’époque de Staline. Le Parti communiste chinois a copié ce modèle. Le véritable maître est encore Staline.»

Note de l’éditeur: L’ancien policier d’élite de Chongqing, Wang Lijun, a fui pour sauver sa vie au consulat américain à Chengdu, le 6 février, et a provoqué une tempête politique qui ne s’est toujours pas éteinte. La bataille bat son plein dans les coulisses pour savoir qui devra assumer la persécution du Falun Gong. La «faction aux mains pleines de sang», comprenant les anciens responsables du PCC promus par Jiang Zemin n’ont eu de cesse d’encourager cette persécution. Ils cherchent désormais à éviter d’avoir à rendre des comptes pour ces crimes, et espèrent pouvoir poursuivre leurs campagnes. Désormais cependant, de nombreux responsables refusent de participer au martyr. Les événements présentent un choix évident pour les fonctionnaires et les citoyens chinois, ainsi que pour les gens du monde entier: appuyer ou s’opposer à la persécution du Falun Gong. L’histoire retiendra le choix de chacun.

Version anglaise: Party Congress Opens in Beijing, Business Already Done

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