En pénétrant le musée Rath de Genève pour voir l’exposition «l’horlogerie à Genève», une émotion vous monte à la tête devant tant de beauté. En premier lieu, des émaux miniatures s’offrent aux yeux qui ne peuvent qu’être éblouis par tant de finesse, de précision et d’harmonie.

On imagine facilement ces artisans travaillant sans relâche à leur établi avec un amour du travail bien fait. Au sous-sol de l’exposition, sont présentés ces fameux établis et les outils utilisés dont certains le sont encore de nos jours. À titre anecdotique, prenons l’exemple de la boule réflecteur. Il s’agit d’une boule en verre remplie d’eau et posée sur un pied en bois. Placée devant la fenêtre ou une source lumineuse, elle amplifie la lumière pour permettre à l’artisan de travailler avec une luminosité suffisante. 

Pourquoi l’horlogerie est-elle reliée à l’orfèvrerie et aux émaux ?

Au XVIe siècle, les Huguenots s’installent à Genève pour trouver la paix et amènent leur art qui enrichit celui déjà présent. Si Genève est une terre d’accueil, c’est aussi la terre qui voit naître la Réforme et son austérité. Les bijoux et autres bibelots ne sont plus d’actualité et les artisans se rapprochent des horlogers qui sont toujours en activité. De l’union de ces différents corps de métiers va naître l’horlogerie genevoise qui connaîtra une renommée internationale aux XVIIIe et XIXe siècles.

La qualité et les couleurs utilisées pour les émaux sont particulières. La précision des peintures sur émaux est telle qu’en les agrandissant cent fois, elles ne perdent pas de leur netteté. Certaines sont si réalistes que l’on dirait que le sujet est en relief et va sortir du cadre. Quant aux travaux d’orfèvrerie, la finesse et l’incrustation de pierres précieuses sont un vrai régal pour les yeux. 

Au chapitre des miniatures, de nombreux exemples sur ivoire ou sur vélin soulignent la dextérité d’artistes genevois célèbres dont l’école est parallèle à celle des peintres sur émail. La majorité des pièces sont raffinées et délicieuses, un vrai plaisir qui fait rêver au temps où on avait le temps. 

À cela s’ajoute la technologie horlogère. On voit l’évolution de la montre, du cadran solaire aux dernières technologies comme les montres Audemars Piguet que laissent apparaître leur squelette serti de diamants et de rubis. De toute beauté! 

On peut aussi admirer des pièces rares comme une horloge d’Allemagne ou de Bohême, du milieu du XVIe siècle. Elle affiche les heures, les  minutes, la durée relative du jour et de la nuit, du quantième, les jours de la semaine et les mois, de l’équation du temps, des âges, des phases et éclipses de la lune, du zodiaque et de l’état du ciel pour l’année calculé pour une ville donnée. 

Les émaux connaissent leur apogée aux XVIIe et XIXe siècles avec le romantisme, puis l’art nouveau et l’art déco. Les touristes ne manquaient pas de ramener des paysages miniatures en souvenir. Mais les bijoux, les objets usuels comme la tabatière, le carnet de bal ou la trousse à manucure, pour n’en citer que quelques-uns, sont un mélange d’émaux, d’or, de pierres précieuses, de vrais petits trésors. 

Petite pointe d’ironie... si la majorité de ces objets étaient offerts aux dames, ce n’est qu’en 1843 que la première école d’horlogerie pour les femmes a été inaugurée. Eh oui, il n’y avait pas que le droit de vote que les femmes n’avaient pas…

Un ouvrage est dédié à l’exposition: L’Horlogerie à Genève. Magie des métiers, trésors d’or et d’émail, d’Estelle Fallet. Coédition Musée d’art et d’histoire, Genève. Éditions Hazan - Hachette Livre, Vanves. En vente dans les librairies du Rath et du Musée d’art et d’histoire

Vente par correspondance: Tél. +41(0)22 310 64 50. Fax +41(0)22 310 64 51. librart@bluewin.ch