La migration des oiseaux et des papillons face au réchauffement climatique

Écrit par Héloïse Roc, The Epoch Times
11.02.2012

  • Des oies sauvages survolent le Vieux Lac de Tata en Hongrie. Les oies reviennent chaque année pour passer l'hiver sur le lac qui entoure la ville. Au printemps, elles repartent vers leurs aires de reproduction.(攝影: ATTILA KISBENEDEK / AFP ImageForum)

Les oiseaux et les papillons sont des indicateurs des changements climatiques en cours. Ils migrent et pondent parfois plus tôt que dans le passé et leurs aires de répartition se modifient. La plupart des spécialistes considèrent désormais que la concentration accrue de gaz à effet de serre dans l’atmosphère du fait des activités humaines est responsable d’une élévation rapide de la température moyenne de la terre. Ce réchauffement a de multiples impacts sur les oiseaux, leurs aires de distribution, leurs habitats et leurs migrations. Même si les conséquences exactes de ces changements du climat sont encore difficiles à évaluer du fait d'un manque de recul, les premiers résultats des recherches semblent inquiétants et demandent confirmation.

Les oiseaux et les papillons répondent au climat de façon décalée

Ainsi des scientifiques européens ont rassemblé leurs études pour évaluer l’impact du réchauffement climatique sur les oiseaux. Ils concluent que les oiseaux ont du mal à s’adapter aux climats plus chauds de l’Europe. Cette étude a été publiée récemment dans la revue Nature Climate Change. Le groupe d’études a été dirigé par Vincent Devictor du CNRS de Montpellier, avec la coordination de Frédéric Jiguet du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris pour les oiseaux. Cette étude montre pour la première fois que les oiseaux et les papillons répondent rapidement au changement climatique mais de façon retardée et décalée.

Les chercheurs ont remarqué qu’en vingt ans, les températures ont augmenté en Europe de 1°C, déplaçant les températures de 249 kilomètres vers le Nord. Les papillons ont également grimpé vers le Nord mais en affichant un décalage de près de 135 kilomètres sur les températures. Cependant cet intervalle est encore plus grand pour les oiseaux, avec 212 kilomètres d’écart. Cette étude s’appuie sur l’observation de 9.490 communautés d’oiseaux et 2.130 communautés de papillons. Cela démontre comment les changements climatiques réaménagent clairement et profondément la composition de la faune en Europe. Il est cependant observé que les espèces ne réagissent pas uniformément.

La durée de vie des papillons plus courte facilite l’adaptation

Par commodité, les oiseaux ont été divisés en deux groupes, selon leur tolérance aux climats plus chauds ou plus frais. Par exemple, le pinson des arbres et le bruant des roseaux sont des espèces préférant le froid, tandis que la fauvette à tête noire et le chardonneret élégant sont des espèces préférant les températures plus chaudes.

Après l’analyse de données recueillies sur les oiseaux et les papillons, l’équipe a conclu que certains oiseaux et certains papillons ont du mal à s’adapter rapidement à un climat plus chaud. Ainsi pour de nombreuses espèces, les tentatives de migration vers le Nord sont impossibles. Åke Lindström de l’université de Lund, en Suède, commente: «Les papillons et les oiseaux réagissent au changement climatique, mais pas assez rapidement pour s’accommoder au climat plus chaud. Nous ignorons encore les effets écologiques sur le long terme».

Les papillons en moyenne semblent s’adapter plus rapidement aux températures plus élevées. Les chercheurs pensent que cette différence serait due à la durée de vie plus courte des papillons ce qui leur donne une plus grande rapidité d’adaptation. Par contre, les oiseaux ont un instinct grégaire, ils aiment retourner sur les mêmes sites de reproduction chaque année. Ainsi, ils présentent une plus grande résistance aux changements.

Les insectes, source importance de nourriture pour les oiseaux

Toutefois, cela soulève un problème nutritionnel pour les oiseaux comme l’explique le professeur Lindström: «L’aspect inquiétant de ce phénomène est que les oiseaux perdent du terrain sur les papillons, car les chenilles et les insectes en général représentent une source importance de nourriture pour de nombreux oiseaux». Pour quantifier les données de cette étude, les chercheurs ont bénéficié de renseignements récoltés par des milliers de naturalistes bénévoles, ce qui totalise plus d’un million et demi d’heures passées sur le terrain depuis plus de vingt ans pour comptabiliser les papillons et les oiseaux. Cette étude a permis en outre de valider un indicateur d’impact du changement climatique sur la biodiversité, utilisable au niveau national et international.

L’équipe a pu mesurer les lieux de migration des oiseaux en observant les endroits où apparaissent les oiseaux «chauds» et «froids» en fonction des régions. Ils ont quantifié le changement annuel dans la composition communautaire en réponse au changement climatique.

«Pendant plus de cinquante ans, les principaux facteurs affectant les nombres d’oiseaux et de papillons et leur distribution ont été l’agriculture, la sylviculture et l’urbanisation. Le changement climatique apparaît ici en tant que facteur principal dans le développement de la biodiversité», commente le professeur Lindström.