Écrit par Ilya Rzhevskiy, The Epoch Times

Après la vague de dégradation des notations de neuf pays de l’Union européenne, de nombreux politiciens allemands et français, ainsi que des dirigeants d'entreprises ont ouvertement critiqué l’agence Standard and Poor's (S&P) pour sa méthode de notation en affirmant qu’elle est biaisée.

Michel Barnier, le commissaire européen chargé du marché intérieur, a affirmé que les raisons de ces dégradations ne sont pas solides et s’est montré «étonné» sur le moment choisi par S&P pour annoncer la nouvelle, affirmant que «son évaluation ne prenait pas en compte les progrès actuels».  Suite à l’abaissement des notations, l’Europe a le sentiment d’être mal représentée et manipulée, et plus particulièrement, sans réaction face aux marchés financiers. Pour résoudre ce problème, l'UE a proposé d'établir sa propre agence de notation. À l’origine de cette idée, Roland Berger, fondateur d’un cabinet de conseil en stratégie basé à Munich. L’objectif est de créer les premières notations vers la fin 2012.

Une des idées de base de l'agence de notation européenne est son indépendance de la politique. Elle prendrait la forme d’une organisation à but non lucratif.  «Nous sommes heureux que les politiciens européens soutiennent l'idée, mais nous ne voulons pas être financés par leur recettes fiscales», a dit Markus Krall, senior partner chez Roland Berger Strategy Consultant. «La participation de l'État ne pourra pas garantir l'indépendance. Nous sommes très déterminés à créer une structure indépendante», a-t-il affirmé.

Le besoin de capital de 300 millions d’euros

La nouvelle agence de notation européenne aura besoin d'environ 300 millions d'euros pour mettre en place ses opérations et devenir une agence de notation du même calibre que les trois plus grandes agences internationales: S&P, Moody's et Fitch Ratings. Le capital de départ proviendra des établissements financiers et du secteur de l’informatique, selon Roland Berger. Beaucoup de sociétés allemandes et françaises sont ravies de cette idée et prêtes à contribuer au capital de départ. «Nous faisons maintenant le deuxième tour pour recueillir des signatures en garantie des 300 millions du capital de départ. Nous prévoyons que cette opération prendra fin au début du deuxième trimestre», a annoncé Markus Krall. «Je suppose que nous aurons environ 30 participants». Environ un tiers d'entre eux viendra de l'Allemagne et le deuxième plus grand contributeur viendra de France. D'autres pays de l'Union européenne participeront aussi. «À la fin de l'année l'agence de notation européenne sortira ses premières notations», a dit Markus Krall. La nouvelle agence de notation aura besoin d'environ 25 à 30 analystes fortement qualifiés.

L'agence de notation européenne sera localisée à Francfort, centre des activités financières de l’UE et siège social de la Banque centrale européenne. «Je suis enchanté que l'initiative d'établir une agence de notation européenne ait commencé dans le centre financier de Francfort et que des pas concrets vers sa réalisation aient été entamés», a déclaré Lutz Raettig, le président du conseil de la Bourse de Francfort. «La complète et véritable indépendance de l'agence sera cruciale et Francfort est l'endroit pour commencer, vu sa proximité géographique avec la Banque centrale européenne et le Conseil européen du risque systémique», a-t-il ajouté.

Roland Berger à l’origine de l’initiative

La personne à l’origine de cette initiative est Roland Berger. Très actif, c’est un homme d'affaires engagé. Il a fondé Roland Berger Strategy Consultant en 1967 à Munich, puis a été proche conseiller de Gerhard Schröder, le prédécesseur de la chancelière allemande Angela Merkel. Il a refusé de devenir ministre de l’Économie en 1998, quand Schröder était alors chancelier allemand. Roland Berger est aussi le fondateur de la Fondation Roland Berger pour la Dignité Humaine, un partisan actif et un protecteur de droits de l'homme dans le monde entier. Il est membre fondateur de BLM Partners, une société d’investissement située à Londres. Il assume également la présidence allemande du Comité international consultatif du groupe Blackstone et est membre du Conseil d’administration du groupe Fiat, de l’INSEAD, et du Conseil de surveillance de la société pharmaceutique Fresenius SE.