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La lutte des commerçants ukrainiens contre la corruption

Écrit par Andrey Volkov, The Epoch Times
28.02.2012
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  • Manifestation de commerçants à Kiev. (Staff: SERGEI SUPINSKY / 2011 AFP)

Kiev – Igor Zaprudskiy, la cinquantaine, propriétaire d'un petit magasin de luminaires dans l'est de l'Ukraine, s’est attiré les foudres des autorités depuis qu’il a décidé de participer aux manifestations contre la corruption qui détruit son commerce et celui d'autres petits commerçants.

Voilà dix ans que Zaprudskiy tient son commerce et dirige un syndicat d'entrepreneurs dans la ville orientale de Lugansk. Son chiffre d'affaires annuel qui avoisine les 35.000 euros, ne lui permet pas de faire de bénéfice, explique t-il. Car avec l'augmentation des prix des produits, les clients n’achètent plus comme avant.

 Mais le vrai problème pour Zaprudskiy c'est surtout la corruption. Les petits commerçants sont minés par «des impôts corrompus» et les pots de vin. Pour lui, la nouvelle réglementation imposée par le président Viktor Ianoukovitch n'a pas réglé ces problèmes et les représentants du fisc profitent de cette lacune pour extorquer à souhait.

C'est devenu une pratique banale pour les autorités, d'extorquer les petits commerces à l'aide de taxes «gonflées», trois fois plus élevées que la normale. De nombreux commerçants n'ont d'autre choix par conséquent que d'augmenter leurs prix.

Il y a deux ans lorsque la réglementation sur les taxes a changé, Zaprudskiy est descendu dans la rue pour la première fois et il n'a pas cessé depuis. Mais cela lui a coûté cher. Il a commencé à être harcelé par les autorités. Les pompiers viennent scruter son magasin, suivis par les agents des impôts et enfin par la police qui confisque ses produits même si ses documents sont en règle.

Il a fallu que les médias locaux attirent l'attention du public sur son cas et que ses homologues commerçants manifestent en sa faveur, pour que les autorités cessent les harcèlements et lui rendent sa marchandise. Au final, le procureur a malgré tout condamné Zaprudskiy à payer une amende pour une utilisation incorrecte de son installation, ce qu'il rejette fermement.

«Les autorités locales, le procureur, le juge et la police font partie du même système corrompu» lâche t-il, amer. «Le système est tellement corrompu que même si vous êtes 100%  droit, vous ne pouvez pas les en convaincre devant un tribunal».

«Ici, il n'y a pas de loi, ni de justice dans les tribunaux. C'est très difficile pour un entrepreneur de protéger ses droits», analyse Zaprudskiy.

Il a depuis fait appel à la Cour  européenne des Droits de l'Homme. «Nous devons protéger nos droits, les obliger [à répondre de leurs actes]».

L’Ukraine chute depuis deux ans dans les classements internationaux de respect des droits commerciaux: le rapport 2011 de la Banque Mondiale, qui analyse la réglementation du commerce international, classe le pays 152e sur les 183 participants, soit une dégradation de trois places en un an. Pour l’équité du paiement des impôts, l'Ukraine est 181e sur les 183.

Si, en 2010, de nouvelles lois anti-corruption ont été votées, pour que les fonctionnaires déclarent leurs revenus, rien n'a encore changé. Pour Transparency International, qui calcule l'indice de perception de la corruption, l'Ukraine chute de la 134e  place mondiale à la 152e. Le pays se trouve à présent au même niveau que la Russie, l'Azerbaïdjan, la  Biélorussie et de nombreux pays africains.

Début février, Zaprudskiy est revenu à Kiev en compagnie d'entrepreneurs d'autres régions pour protester contre «la tyrannie bureaucratique» et la corruption des bureaux de douanes du pays.

Galina Vdovina, membre du syndicat des douanes, explique avoir participé à la lettre récemment envoyée au président Viktor Ianoukovitch, au nom de 5.000 expéditeurs de fret et de courtiers en douanes travaillant dans les ports du sud.

«Nous avons envoyé une lettre assez honnête... dans laquelle nous expliquons clairement que les dessous-de-table et la corruption ont atteint un seuil intolérable».

Elle explique que si un camion ou un conteneur passe des heures supplémentaires aux douanes, l’affréteur se retrouve condamné à payer une amende, ce qui pousse ces derniers à verser des pots de vin afin de sortir rapidement leurs marchandises des douanes.

La lettre continue: «Aucun conteneur n'arrive à sortir des douanes sans dessous-de-table. Les douaniers refusent de regarder les documents de fret, sans fournir aucune justification».

Les expéditeurs de fret doivent payer entre 380 et 1.500 euros par conteneur, assure Vdovina. Même si l'an dernier plusieurs douaniers qui recevaient des pots de vin ont été pris sur le fait, la situation ne s'est pas améliorée. Et jusqu'ici, leurs protestations sont restées lettre morte.  

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