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Chronique

Sentiment de pouvoir

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, La Grande Époque
08.02.2012
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  • Gratte-ciel à Seattle(攝影: Courtesy of FOX Film Corporation / TM and © 2012 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved. Not for sale or duplication.)

Chronique

 

Chronique, version française de Chronicle, ne peut pas être classé parmi les films de superhéros, bien qu'il raconte l'histoire de trois jeunes possédant des super pouvoirs. Il ne se résume pas non plus à un «métrage retrouvé» (found footage) ou un docu-fiction, puisque la direction photo est tout de même bien étudiée. Le réalisateur Josh Trank a su combiner deux genres très connus et souvent surexploités pour les faire reluire à sa façon. Plusieurs centaines de milliers de personnes sur Facebook attendaient impatiemment Chronique, film qui a emprunté le trajet de la publicité virale, un peu comme le film The Blair Witch Project en 1999, alors que les médias sociaux n’existaient pas comme tel.

Le film d’une heure et vingt-quatre minutes raconte l’histoire de trois adolescents qui, après avoir fait une découverte inexplicable, doivent apprendre à vivre et à gérer de redoutables pouvoirs qu’ils ont développés.

Bien que les trois personnages principaux soient des adolescents, le scénariste de Chronique, Max Landis, n'est pas tombé dans les clichés des films destinés au public de cette tranche d’âge. Il s'agit, en quelque sorte, d'une prouesse d'écriture. La psychologie du personnage d'Andrew (Dane DeHaan) est méticuleusement et vivement illustrée dès les premières séquences du film, ce qui contribue au réalisme de Chronique.

La colère et l'envie sont les deux émotions ardentes au cœur de Chronique. Le personnage hardi d'Andrew est celui qui les incarne en les faisant progresser à différents degrés, sous diverses formes. Il est rafraîchissant d'entendre Andrew vouloir aller, grâce à ses nouvelles habiletés, au Tibet où les moines atteignent une paix qu'il désire plus que tout. Quelques parcelles philosophiques, des esquisses de questionnement sur les pouvoirs surhumains et des débuts de réflexion sur les rapports de domination constituent ce dont Chronique avait besoin pour ne pas être qu'une expression de fantasmes violents.

Dane DeHaan reprend le rôle de l'adolescent perturbé très près de celui qu'il a joué dans la saison 3 de l'excellente série télévisuelle d'HBO In Treatment. DeHaan remplit son mandat avec le même naturel. Chronique l'amène aussi à aller plus loin dans l'expression de sa douleur, fort compréhensible vu la souffrance qu'il endure à travers tout le film. La carrière de DeHaan semble partie pour la gloire. Il jouera notamment dans des productions de choix dont The Place Beyond the Pines (2012), Jack and Dane (2012), Wettest County (2012) et Kill Your Darlings (2013).

  • À l'intérieur d'une caverne, Matt (Alex Russell, à gauche), Steve (Michael B. Jordan) et Andrew (Dane DeHaan) vont faire une découverte qui changera leur vie.(攝影: Photo: Alan Markfield / TM and © 2012 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved. Not for sale or duplication.)

Les deux autres personnages, Steve (Michael B. Jordan : Wallace, The Wire) et Matt (Alex Russell : Wasted on the Young), sont présents plutôt pour appuyer la performance de DeHaan. Aucun acteur très connu ne figure dans Chronique. Le réalisateur crée ainsi une ambiance jeune et anonyme. La brève apparition de l'actrice Lynita Crofford (Flood), jouant la mère d'Andrew, apporte un beau voile de sensibilité à la trame expéditive de Chronique.

La marginalité de la direction photo en fait un élément à souligner. Plusieurs jeux de caméra sont au programme puisque plusieurs des personnages la contrôlent à leur manière, pour des raisons qui leur sont propres. Elle bouge capricieusement, tantôt flottant dans les airs, tantôt revenant sous les contraintes de la gravité. La caméra change aussi de style et de source : l'image peut passer du point de vue des jeunes à celle d'une caméra de sécurité ou celle d'un hélicoptère de police en vision de nuit.

L'effet «documenteur», accompagné de coupures d'amateur et de glitchs, est crédible et fait que l'on est davantage rivé sur le siège du cinéma. Les effets spéciaux de lévitation et les éléments à caractère volatile sont les plus travaillés comme les séquences se situant dans les nuages. Des carences flagrantes apparaissent à l'occasion lorsqu'il s'agit d'animer des objets plus petits, contrôlés par la télékinésie. Les scènes de combats titanesques, à la X-Men, comptent de gros moyens et un visuel irréprochable. Comme quoi il est plus facile de créer d'imposants effets visuels que des plus subtils.

 

Chronique ne fait pas dans l’esprit de survie comme a su le faire Cloverfield (2008) ou encore The Blair Witch Project, puisqu'il repose sur le drame d'un adolescent sans cesse intimidé et violenté, drame en première partie justifiant bien la seconde. Il carbure certes au mystère, mais devient rapidement un portrait dantesque sans retenue d'un individu en pleine crise. Crescendo sensationnel au niveau de la montée du suspense et de l'action. On retrouve certains moments angoissants que l'on pourrait apparenter au genre de David Lynch.

 

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