Eutelsat, troisième opérateur mondial de satellites et premier opérateur européen, qui a cessé de porter les diffusions d’une chaîne de télévision kurde, Roj TV, basée à Copenhague, a soulevé des inquiétudes sur les questions de la liberté d’information.

Un tribunal danois a récemment accusé les dirigeants de Roj TV de soutenir le Parti des travailleurs Kurdes (PKK), considéré par la Turquie et les États-Unis comme une organisation terroriste.

Cependant, comme l’a noté Reporters sans frontières (RSF), le tribunal danois n’a pas ordonné à Eutelsat de se séparer de Roj TV. «Nous sommes choqués par cette décision unilatérale et scandaleuse, prise au mépris de la liberté d’expression».

«En suspendant la diffusion de Roj TV, Eutelsat prend une initiative dont s’est bien gardée la justice danoise. La cour n’a jamais ordonné la fermeture de la chaîne, qui a d’ailleurs fait appel de sa condamnation à une peine d’amende», a affirmé RSF.

Eutelsat, basé à Paris, a aussi cessé depuis plusieurs années de diffuser la chaîne libre NTD en Chine, à la suite de pressions du régime chinois sur le dirigeant du satellite.

«De la Chine à l’Iran, en passant par l’Arabie saoudite, Eutelsat s’est déjà illustrée par son peu de considération pour la liberté de l’information», affirme RSF. «L’entreprise contribue désormais à promouvoir une rhétorique ‘antiterroriste’ à la portée politique majeure. Faut-il rappeler qu’il s’agit là de l’argument de choix des régimes répressifs pour justifier leurs atteintes à la liberté de la presse?»

Les diffusions de Roj TV, accusé de façon répétée d’entretenir des liens avec le PKK, ont été relayées dans 68 pays. Le PKK, séparatiste, basé dans la région autonome du Kurdistan-Irak, a été engagé dans un conflit armé avec le gouvernement turc au cours des trois dernières décennies, avec un accroissement récent des tensions entre eux.