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Les candidats à l’Élection Présidentielle 2012 et leur philosophie

Écrit par Laurent GEY, The Epoch Times
16.03.2012
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  • François Gauvin, lors de la conférence de presse le 6 mars au Centre d’Accueil de la Presse Etrangère.(攝影: / 大紀元)

A t’on le droit de mentir? L’homme est-il bon? Qu’est ce que la liberté? Ces questions chacun se les ai posées, mais peuvent-elles entrer dans le débat politique des élections présidentielles de 2012? C’est le pari qu’a voulu tenir François Gauvin, journaliste au Point et docteur en philosophie en faisant paraitre la semaine dernière le livre: «Bayrou, Hollande, Joly, Mélenchon, Le Pen, Sarkozy... Leur philosophie». A partir d’une liste de questions sur la liberté individuelle, la religion, le peuple, etc. l’auteur est allé à la rencontre des candidats et à ce jeu philosophique tous ou presque s’y sont prêtés avec intérêt. Des entretiens exclusifs, une enquête vivante et pleine de rebondissements.

Philosophie et la politique

Rappelons que la politique est née du ventre de la philosophie lorsque Platon dans la République pose les bases de l’organisation de la cité. Pourtant, le niveau du débat politique actuel laisse la place à une bataille de petites phrases et de statistiques au détriment du débat d’idée. Les candidats à l’élection présidentielle ne peuvent néanmoins pas se séparer de la philosophie qui est l’élément fondateur de la pensée et du discours, et dont l’étymologie, (philos) «amour», (sophía) «sagesse, savoir» nous fait revenir en un temps où les valeurs et la réflexion l’emportent sur l’agitation.

L’auteur, François Gauvin, canadien émigré en France, adresse ce livre à l’honnête homme et non au philosophe aguerri, abordant les sujets de la philosophie par la porte la plus accessible à tous. Il veut donner aux lecteurs matière à réflexion sur le rôle de la politique, et matière, dans le climat électrique de la campagne, à se poser des questions essentielles sur l’existence de l’homme et le sens de la vie.

Le livre est construit sous la forme d’un récit accompagnant le lecteur au fil des entretiens, laissant parler les silences et décrivant le comportement des candidats face aux questions sur la justice, le pouvoir, la religion, etc. Exercice délicat mais semble t’il maîtrisé que celui de cet observateur définissant son travail comme neutre et bienveillant.

 

La philosophie peut elle élever le débat des idées?

Le pouvoir d’achat, le chômage, la crise de la dette, l’immigration, ces expressions peuvent paraitre bien barbares par rapport à celles du libre arbitre, de la dignité humaine ou de la conscience. Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière, François Bayrou du Modem, Christine Boutin du Parti Chrétien-Démocrate (les entretiens ont eu lieu de novembre 2011 à janvier 2012 avant le retrait de certains candidats), Jean Pierre Chevènement du Mouvement républicain et citoyen, Corinne Lepage de Cap21, Nicolas Dupont-Aignan de Debout la République, François Hollande du Parti Socialiste, Eva Joly d’Europe Écologie les Verts, Marine Le Pen du Front National, Jean-Luc Mélenchon du Front de Gauche, Hervé Morin du Nouveau Centre, Fréderic Nihous de Chasse, pêche, nature, traditions, Philippe Poutou du Nouveau Parti Anticapitaliste, Nicolas Sarkozy de l’Union pour un Mouvement Populaire et Dominique de Villepin de République Solidaire, tous ou presque se sont prêtés avec enthousiasme à des questions de philosophie générale - à l’exception de François Hollande et Eva Joly, dont l’auteur avoue la grande difficulté à les rencontrer pour finalement avoir d’eux un retour par mail - et leurs réponses sont parfois étonnantes. Des règles strictes devaient être respectées par les candidats qui ne devaient pas répondre en utilisant leur programme politique et ne devaient pas porter de coups bas à leurs concurrents. L’auteur lui même s’est positionné dans une «neutralité bienveillante» pour ne pas laisser la politique prendre le pas sur la philosophie.

  • u00abBayrou, Hollande, Joly, Mélenchon, Le Pen, Sarkozy... Leur philosophie» paru le 7 mars 2012 aux Éditions Germina.(攝影: / 大紀元)

L’entreprise est sans précédent et permet d’obtenir un éclairage sur chaque candidat, leurs rapports à la politique et leurs réflexions philosophiques. Selon l’auteur, la France est politiquement unique avec le nombre impressionnant de partis politiques différents allant de l’extrême droite à l’extrême gauche. En faisant la comparaison avec le Canada, les français ont une tradition philosophique plus ancrée dans la société et une plus grande sensibilité philosophique, à l’image des principes fondateurs de la nation, Liberté, Egalité, Fraternité. On sera étonné de découvrir les références de Jean Luc Mélanchon et de Dominique de Villepin, le discours sur la dignité de François Bayrou et la question épidermique de la liberté individuelle pour la Droite, question d’apparence secondaire pour la Gauche au détriment du social.

Quelques extraits

Sans pouvoir en faire une liste exhaustive, voici un échantillon de citations piochées dans les réponses des candidats. Il est quand même intéressant de voir les idées philosophiques se rejoindre entre des partis de bords politiques opposés. Pour Jean Luc Mélanchon, «la Gauche est fondamentalement, radicalement identifiée à la souveraineté populaire. Sans Dieu, ni maître» en ajoutant avec ironie plus loin «la pub, c’est l’opium du peuple». Sur la question du bien et du mal, Nicolas Dupont-Aignan répond que «le bien et le mal sont strictement différents et qu’à force de tout relativiser, on en arrive à la victoire du mal». En parlant de l’argent sale et de la corruption Eva Joly dit «c’est le combat de ma vie». Nathalie Arthaud définit l’identité d’un homme comme n’étant que sociale alors qu’Hervé Morin - toujours candidat au moment de l’interview - trouve «cette idée de l’individu, de la liberté individuelle» essentielle.

Pour Marine Le Pen, la nation est «la structure la plus performante que les hommes se sont donnée pour assurer leur sécurité, leur identité et leur prospérité». Selon François Bayrou «ce qui nous rend dignes est au fond la liberté, entendue comme la capacité dont chacun dispose de décider de ce qu’il sera». Dominique De Villepin répond que «la philosophie donne des repères à l’homme politique» en ajoutant que «même si l’homme politique est toujours ramené au concret par les médias et les citoyens, il ne peut se dégager du ciel des idées». François Hollande, qui n’a cependant pas répondu à la question sur le bien et le mal,  dit au sujet de la dignité qu’elle est «le respect de l’identité de chacun et l’appartenance à un destin commun». Pour Christine Boutin, le sens de la vie c’est «participer à la longue marche de l’humanité», quant à Nicolas Sarkozy, l’auteur a voulu le mystère entier, sur cette rencontre avec le Président qui n’était pas encore candidat, en laissant au lecteur la curiosité de le découvrir dans son livre.

Dans l’ensemble un ouvrage à lire pour mieux comprendre nos candidats et leur philosophie, et également comprendre comment nous même, lecteurs et citoyens, nous nous plaçons par rapport à ce débat d’idée et à ces questions philosophiques.

«Bayrou, Hollande, Joly, Mélenchon, Le Pen, Sarkozy... Leur philosophie» aux Éditions Germina. Propos recueillis le 6 mars au Centre d’Accueil de la Presse Etrangère (CAPE)

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