Récompensé pour la torture: la montée de Bo Xilai en Chine

Écrit par Stephen Gregory, The Epoch Times
18.03.2012
  • Ren Shujie, une pratiquante de Falun Gong de la ville de Shenyang(攝影: / 大紀元)

Les passages à tabac de pratiquants de Falun Gong le 20 juillet 1999 dans les rues de Dalian étaient brutaux, selon le site Clearwisdom.net associé au groupe.

Des milliers de pratiquants s'étaient réunis pour demander la libération des compagnons de pratique arrêtés la nuit précédente, alors qu'avait officiellement commencé à Dalian la campagne nationale d'éradication du Falun Gong déclenchée par le dirigeant du Parti communiste de l'époque, Jiang Zemin.

Les pratiquants avaient formé quatre lignes sur le trottoir près du siège du gouvernement local et se tenaient main dans la main dans un rassemblement pacifique.

Vers 7 h du matin, les policiers se sont lancés à l’assaut. Les pratiquants étaient tirés hors des lignes et encerclés par plusieurs policiers qui les frappaient avec leurs pieds, leurs mains, des matraques en caoutchouc et utilisaient des matraques électriques sur eux. La violence s'est poursuivie toute la journée, et des policiers arrivaient des banlieues pour continuer le travail.

Dans une Audi noire non loin de là, observant le spectacle, se trouvait le maire de la ville, Bo Xilai, selon le journaliste Jiang Weiping.

Après avoir publié un article accusant Bo Xilai de corruption, Jiang Weiping a été condamné en 2002 d'avoir révélé des secrets d'État et incité à la subversion. Libéré en 2009, il habite maintenant au Canada avec sa famille. Il avait reçu en 2001 le Prix international de la liberté de presse du Comité pour la protection des journalistes.

Dans un article publié en 2009, Jiang Weiping cite le chauffeur de Bo Xilai, un homme dénommé Wang, qui a entendu Bo dire à un chef de police : «Ces pratiquants de Falun Gong sont tellement unis et efficaces. Nous devons absolument les arrêter et les violenter. Vous devez commencer à les battre sans pitié. Ils le méritent s'ils sont battus à mort et le gouvernement va accepter la responsabilité.»

Les raisons de Bo

Bo Xilai était jusqu'à tout récemment le chef du Parti communiste dans la mégalopole de Chongqing. Il a été démis de ses fonctions la semaine dernière après un scandale impliquant son bras droit, Wang Lijun, qui visiblement craignant pour sa vie a tenté de fuir au consulat américain de Chengdu. On estime que Wang a livré aux États-Unis des informations très compromettantes sur Bo.

En 1999, Bo était âgé de 51 ans et, bien que maire de la deuxième plus grande ville de la province du Liaoning, il était en marge de l'élite du Parti communiste chinois (PCC).

Bo avait ses raisons d'exiger un traitement brutal envers le Falun Gong. Selon le journaliste Jiang Weiping, Jiang Zemin avait confié à Bo Xilai : «Si tu montres ta sévérité dans la gestion du Falun Gong, tout comme la sévérité démontrée par Hu Jintao [l'actuel président chinois] durant les émeutes au Tibet en 1989, ce sera ton capital politique.»

Bo savait que Jiang Zemin avait des liens solides avec son père, Bo Yibo, un des «huit immortels» du PCC. L'exemple de Hu Jintao, qui avait déjà été identifié comme le successeur de Jiang Zemin, suggérait que Bo pourrait lui aussi un jour diriger le PCC s'il jouait bien ses cartes.

Dans tous les cas, Jiang Zemin avait besoin d'alliés pour mener sa campagne contre le Falun Gong, une discipline spirituelle qui, après son introduction en Chine en 1992, avait rapidement grandi en popularité.

Dans une lettre du 25 avril 1999 adressée au Politburo, Jiang Zemin argumentait en faveur de la répression du Falun Gong, car il craignait sa popularité. Le nombre de pratiquants, estimé à 100 millions, avait dépassé le nombre de membres du Parti communiste et il avait peur que les Chinois préfèrent les enseignements du Falun Gong à l'idéologie du PCC.

La décision de Jiang de persécuter le Falun Gong n'était pas populaire. Selon un article publié en 2011 par le magazine hongkongais Frontline, le Comité permanent du Politburo et sa propre famille s'opposaient à cette décision. Il a donc dû «unifier» (dans le jargon du PCC signifie imposer sa volonté) les opinions des membres du comité afin de lancer sa campagne.

La persécution menée par Bo

Jiang Zemin a rapidement fait gravir les échelons à Bo Xilai. Alors qu'il était toujours maire de Dalian, Bo est devenu gouverneur intérimaire du Liaoning en 2000 et ensuite gouverneur en 2001. En 2002, Bo a été nommé au Comité central du PCC. En 2004, il est devenu ministre du Commerce.

Entre-temps, la ville de Dalian et le Liaoning se sont transformés en enfer pour les pratiquants de Falun Gong.

En octobre 2004, la mort de 121 pratiquants des suites de la persécution avait été confirmée, soit le quatrième plus grand nombre parmi les provinces. Selon le Centre d'information du Falun Dafa, le nombre de décès réel serait beaucoup plus élevé que le nombre de décès confirmé.

Selon le journaliste Jiang Weiping, Bo inspectait les prisons, les centres de détention et les camps de travail forcé à la fin de chaque mois.

Jiang Weiping a rapporté que Bo avait affirmé à des policiers que même si les pratiquants de Falun Gong pratiquent l'authenticité, la compassion et la tolérance, lorsqu'ils auront le pouvoir ils vont nous tuer et ce sera nous qui serons emprisonnés ici. Alors ne soyez jamais gentils envers eux, avait-il dit.

Les installations sous l'autorité de Bo Xilai, notamment les camps de travail forcé de Masanjia, Dalian, Zhangshi et Longshan, étaient reconnues pour leur brutalité et leur innovation en matière de torture.

Masanjia et Dalian étaient également reconnus pour les violences sexuelles qui y étaient commises.

En 2001, le rapporteur spécial de l'ONU sur la violence contre les femmes a rapporté l'allégation qu'en octobre 2000, 18 pratiquantes du Falun Gong incarcérées à Masanjia ont été dénudées et envoyées dans les cellules de criminels masculins, où elles ont été violées. Le rapporteur a aussi indiqué que les femmes à Masanjia recevaient des décharges électriques sur leurs poitrines et leurs parties génitales.

Ceux qui étaient responsables de la torture des pratiquants étaient récompensés. Selon la World Organization for the Investigation of the Persecution of Falun Gong (WOIPFG), le fonctionnaire responsable de l'aile pour femmes de Masanjia a reçu une prime de 6000 $ et son adjoint 3000 $. D'autres responsables de Masanjia ont également obtenu des primes, de même que le personnel dans les camps de Zhangshi et Longshan.

En plus des primes en argent, les camps étaient également louangés officiellement. Le camp de travail forcé de Dalian a été qualifié par le PCC d'être parmi une des «institutions les plus progressives» pour ses «fameux accomplissements en matière de réforme». Le service de police de Dalian a reçu un prix pour le «plus grand accomplissement» dans sa répression du Falun Gong.

Bo Xilai n'a pas regardé les dépenses pour développer ces installations pour intensifier la persécution.

Selon la WOIPFG, la province du Liaoning a investi 112 millions de dollars en trois ans, débutant en 2002, pour développer le système carcéral dans toute la province. Plus de 60 millions de dollars ont été dépensés sur Masanjia, transformant le camp en première ville-prison en Chine, occupant 329 acres. La capacité de Masanjia a été augmentée afin de pouvoir détenir 10 000 prisonniers.

Prélèvements d'organes

Le chercheur Ethan Gutmann a décrit la province du Liaoning comme «l'épicentre» des prélèvements forcés d’organes réalisés sur des pratiquants de Falun Gong en vie.

Wang Lijun, qui avant de devenir le chef de police de Chongqing sous Bo Xilai, occupait les mêmes fonctions dans la ville de Jinzhou, au Liaoning. Il s'est vanté d'avoir supervisé des milliers de transplantations lorsqu'il a reçu un prix pour avoir fait des percées dans le domaine. Sa contribution consistait probablement à développer une drogue qui paralyse au lieu de tuer la victime, produisant ainsi des organes de meilleure qualité.

Bo Xilai fait face à 14 poursuites dans 13 pays pour torture, meurtre, génocide et crimes contre l'humanité. En 2007, ce fardeau a stoppé sa montée dans la hiérarchie du Parti.

Lorsque la faction de Jiang Zemin a voulu placer Bo Xilai comme vice-premier ministre, pour ainsi succéder à l'actuel premier ministre Wen Jiabao, ce dernier s'est opposé en soulignant les poursuites internationales contre Bo, selon un câble diplomatique américain révélé par WikiLeaks. Bo Xilai a donc été envoyé à Chongqing pour y diriger la branche du PCC.

Loin d'avoir été démotivé par cette rétrogradation, Bo a redoublé d'ardeur dans la persécution du Falun Gong à Chongqing. Il a fait venir l'expert des prélèvements meurtriers, Wang Lijun, pour être chef de police et il a annoncé qu'il atteindrait l'objectif de «transformer» les pratiquants de Falun Gong en deux ans, plutôt que les trois ans stipulés par le PCC. «Transformer» signifie ici faire abandonner les croyances par des méthodes comme le lavage de cerveau, les travaux forcés et la torture.

Recherche effectuée par Jane Lin.

Version originale : Rewarded for Torture: The Rise of Bo Xilai in China